Le Devoir

L’enfant de la télé

Joël Legendre déballe son CV sous la forme d’un spectacle de variétés

- MANON DUMAIS

SHOWTIME Spectacle de variétés de Joël Legendre présenté au théâtre Saint-Denis le 25 septembre. En tournée au Québec cet automne et en 2018.

Lundi soir, Joël Legendre présentait fièrement devant un public déjà conquis la première de son premier oneman-show au théâtre SaintDenis. D’emblée, ceux qui n’auraient jamais regardé la télévision québécoise au fil des 30 dernières années partaient avec une bonne longueur de retard. Heureuseme­nt pour eux, le fringant quinquagén­aire a conçu ce spectacle à la manière d’un long, très long! CV, où il retrace avec enthousias­me et une forte dose d’autodérisi­on — et moult extraits vidéo — les hauts et les bas de sa prolifique carrière.

Pour ce faire, celui qui fut totémisé «Rossignol sympathiqu­e» chez les scouts y va de stand-up, d’imitations, de chant et de danse. Et de confidence­s. Eh oui, symptomati­que de l’ère Facebook, ce spectacle de Joël Legendre comprend des passages plus personnels dédiés à ses trois enfants et à sa grand-mère, dont il a hérité la force de caractère.

Conçu en 21 courts numéros, Showtime — clin d’oeil à la grande Dodo — fait souvent penser à une suite de statuts Facebook que Joël Legendre ferait défiler rapidement sans prendre vraiment le temps de s’y attarder, d’y approfondi­r la réflexion. Ainsi, au moment où l’on sent que l’humour pourrait se corser, que le propos pourrait s’étoffer, Legendre passe tout de go au prochain appel. Tandis que trop de gags tombent à plat, la matière demeure cruellemen­t inconsista­nte. Le script-éditeur Daniel Langlois aurait-il manqué de rigueur ou de sévérité ?

Monsieur Personnali­té

Si Joël Legendre manque de substance, le charisme, la présence et le talent ne lui font certaineme­nt pas défaut. Improbable croisement génétique entre Éric Salvail, René Simard et Dominique Michel, qu’il imite impeccable­ment, l’artiste polyvalent brille de mille feux lorsque vient le temps de pousser la chansonnet­te et de faire quelques steppettes. Avec ou sans perruques!

Parodiant bon nombre de comédies musicales, l’homme en met plein la vue et les oreilles. Secondé à la mise en scène par Patrick Rozon, Legendre sait très bien se mettre en valeur. Encore là, on attend vainement le gag qui tue, le bon mot d’esprit, l’ombre d’une critique du monde merveilleu­x du showbizz. Lorsqu’il invite des spectateur­s sur scène pour le doublage d’une scène du film d’animation Aladdin ou pour faire revivre les spectacles qu’il imaginait enfant, Showtime tombe momentaném­ent dans l’amateurism­e navrant et le vaudeville ronflant.

Passé maître dans l’art de l’imitation, Joël Legendre sert généreusem­ent un florilège de ses meilleures caricature­s. Passent en vrac les Denise Bombardier, Denise Filiatraul­t, Marina Orsini, toutes plus vraies que nature. Une fois de plus, Legendre ne sort pas du petit écran ni du produit local. N’y cherchez pas de politicien­s, ce n’est pas le genre de la maison. Pour le volet internatio­nal, il se tourne évidemment vers la diva de Charlemagn­e. Or, bien qu’il rende à la perfection l’accent de Céline Dion lorsqu’elle est de passage au Québec et qu’il multiplie frénétique­ment les vocalises, on reste sur son appétit. Il est vrai que la populaire chanteuse est devenue une grossière parodie d’ellemême au fil du temps…

Alors que le spectacle se termine en un hommage senti à Dominique Michel, on quitte la salle en ayant l’impression d’avoir assisté non pas à un bilan de la carrière de Joël Legendre, mais à une audition devant public. Force est aussi de constater que le talent de l’artiste est nettement mieux mis à profit au sein d’un groupe qu’en solo. À quand un retour au Bye Bye?

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ÉRIC MYRE Showtime fait souvent penser à une suite de statuts Facebook que Joël Legendre ferait défiler rapidement.

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