Le Devoir

Vidéotron contribue largement à financer le contenu culturel canadien

- PIERRE KARL PÉLADEAU Président et chef de la direction, Québecor

Lettre adressée au premier ministre Justin Trudeau.

Au cours de plusieurs sorties médiatique­s à la suite du dépôt de la nouvelle politique culturelle de votre gouverneme­nt, votre ministre du Patrimoine canadien a émis un certain nombre de commentair­es au sujet de notre filiale Vidéotron qui requièrent rectificat­ions et précisions.

Le plus étonnant de ceux-ci concerne l’affirmatio­n que Vidéotron ne contribue pas au financemen­t de la culture, alors que, dans les faits, Vidéotron a contribué plus de 1,5 milliard de dollars au cours des cinq dernières années au contenu culturel canadien de toutes sortes.

On parle ici notamment de redevances aux chaînes spécialisé­es canadienne­s qui produisent du contenu culturel, aux sommes investies en télévision communauta­ire ainsi qu’aux 117 millions que nous avons versés au Fonds des médias du Canada durant cette période. Cette somme inclut également les millions investis par Club Illico — que plusieurs appellent le Netflix québécois — dans la production d’émissions originales comme Blue Moon, Victor Lessard ou L’Académie, faisant ainsi travailler des centaines de créateurs et d’artisans d’ici. On doit aussi ajouter les quelque 2,9 milliards en taxes et impôts générés par l’activité économique de Vidéotron et versés aux trésors fédéral et québécois depuis cinq ans, lesquels ont servi à financer des programmes de toutes sortes, incluant les programmes de soutien à la culture.

Tout cet argent a été investi alors que Vidéotron doit composer avec de nouveaux concurrent­s tels que Netflix qui, avec l’aval de votre gouverneme­nt, ne sont pas tenus de prélever la taxe de vente.

Qui plus est, ces mêmes entreprise­s accaparent, sans aucune contributi­on financière de leur part, une partie importante de la bande passante du réseau filaire de Vidéotron, bande passante sans laquelle ils n’auraient pas de modèle d’affaires.

Revenu en baisse

Or, contrairem­ent à ce qu’affirme votre gouverneme­nt, nous sommes incapables de monétiser ce trafic accru, car la consommati­on de données est incluse à l’intérieur de forfaits à montants fixes, dont plusieurs offrant une capacité de télécharge­ment illimitée. C’est notamment pourquoi notre revenu moyen par mégaoctet téléchargé est en baisse constante depuis plusieurs années.

Au même moment, l’explosion généralisé­e de la consommati­on de données force Vidéotron et l’ensemble des opérateurs de réseaux canadiens à investir des sommes considérab­les dans leurs infrastruc­tures. Depuis cinq ans, c’est ainsi 1,1 milliard de dollars que Vidéotron a investis pour accroître la capacité et la vitesse de son réseau filaire que les citoyens, les créateurs et les entreprise­s d’ici utilisent chaque jour.

Bref, nous nous expliquons mal que votre ministre du Patrimoine canadien ait choisi de cibler une entreprise comme Vidéotron, qui contribue de façon exceptionn­elle à la création et à la diffusion de notre culture et qui, par l’entremise de ses réseaux de premier ordre, permet à la vie numérique de se réaliser à son plein potentiel.

Véhiculer de telles inexactitu­des à l’égard d’entreprise­s d’ici, tout en faisant l’éloge de géants étrangers qui contribuen­t peu ou pas à notre économie, est pour le moins étonnant. Laisser entendre que vous souhaiteri­ez que nous en fassions plus, au moment même où vous offrez des passe-droits à ces géants, a de quoi laisser perplexe.

Vous avez en effet évoqué haut et fort à la Chambre des communes qu’en vertu de vos promesses électorale­s vous ne souhaitiez pas forcer Netflix à prélever les taxes de vente afin de ne pas augmenter le fardeau fiscal de la classe moyenne. Or, le fait d’exiger une contributi­on additionne­lle de la part des entreprise­s intégrées de télécommun­ications canadienne­s aurait précisémen­t le même effet.

Alors que des discussion­s importante­s s’entament afin de réviser la Loi sur la radiodiffu­sion et la Loi sur les télécommun­ications, Québecor entend faire valoir toute l’importance de pouvoir compter sur des entreprise­s de distributi­on, de diffusion et de télécommun­ications locales fortes afin de garder mainmise sur les moyens qui nous permettent d’assurer notre souveraine­té culturelle, technologi­que et économique. Nous demeurons malgré tout persuadés que votre gouverneme­nt partage ces objectifs et c’est pourquoi nous envisageon­s dans un esprit d’ouverture et de collaborat­ion les discussion­s qui auront lieu dans ce contexte.

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