Le Devoir

À quand l’arrivée de Lyft au pays ?

L’entreprise de San Francisco, concurrent­e d’Uber, accumule les mandats de lobbyistes à Ottawa

- FRANÇOIS DESJARDINS

À quand l’arrivée de Lyft en sol canadien? Plus proche concurrent d’Uber aux ÉtatsUnis, l’entreprise de San Francisco a récemment fait inscrire un quatrième lobbyiste au registre fédéral, quelques semaines après des informatio­ns selon lesquelles elle envisageai­t une expansion internatio­nale d’ici la fin de 2017.

Selon l’entrée publiée le 2 octobre, le mandat du lobbyiste de la firme-conseil Crestview Strategy, à Ottawa, consiste à contacter des ministres et des députés pour discuter de la place que pourrait occuper ce mode de transport dans l’économie.

Plus précisémen­t, le lobbyiste retenu, dont les trois autres collègues de la firme ont également des mandats actifs, se réserve le droit de «discuter de ce qu’un régime de transport réglementa­ire approprié doit être pour gérer, encourager et surveiller efficaceme­nt le covoiturag­e au sein d’une économie de partage».

Présente dans 300 villes américaine­s, Lyft a déjà rencontré des responsabl­es de la Ville de Toronto «à plusieurs reprises», a écrit l’agence de presse Reuters la semaine dernière sur la foi des registres municipaux.

La compagnie de San Francisco fondée en 2012 a jusqu’ici récolté des capitaux de 2,6 milliards $US auprès d’une quarantain­e d’investisse­urs, dont certains noms comme General Motors, Alibaba, KKR et Andreessen Horowitz. Se présentant notamment comme un vecteur de «communauté», Lyft, comme Uber, fonctionne grâce à une applicatio­n mobile qui arrime les besoins des usagers et la disponibil­ité des chauffeurs.

L’entreprise songe activement à sortir des États-Unis, selon ce qu’a écrit il y a trois semaines le site The Informatio­n, orienté vers un lectorat de décideurs du milieu techno. Il citait trois personnes « impliquées dans les discussion­s ou mises au courant». De façon précise, on pouvait lire que L yft aurait l’intention de débarquer au Canada d’ici la fin de 2017, ayant apparemmen­t révisé à la baisse les coûts engagés par l’expansion vers de nouvelles villes.

Il a été impossible d’obtenir les commentair­es de L yft.

Le cas Uber

Depuis quelques années, c’est son concurrent qui bouscule le paysage du transport urbain, principale­ment au sein de l’industrie du taxi.

Devant de nouvelles conditions de Québec concernant la formation des chauffeurs et la

300 C’est le nombre de villes américaine­s où L yft est présente.

vérificati­on policière des antécédent­s des chauffeurs, Uber a cependant menacé il y a une semaine et demie de quitter le Québec dès le 14 octobre. Cette réaction d’Uber est survenue après que le gouverneme­nt du Québec eut décidé de prolonger jusqu’en 2018 le projet-pilote encadrant Uber.

Jeudi, la Cour supérieure du Québec a refusé la demande de l’industrie du taxi de faire en sorte que les services d’Uber soient qualifiés d’illégaux.

Modèles perturbate­urs

L’émergence de modèles perturbate­urs est inévitable, a rappelé Pierre-Yann Dolbec, du départemen­t de marketing de l’École de gestion JohnMolson. «On sera constammen­t confrontés au besoin de repenser les cadres dans lesquels ces compagnies-là évoluent. À un moment donné, il va falloir faire un bilan et se dire: “OK, cette année c’était Airbnb et Uber, l’an prochain ça va être Lyft et Grab [présente en Asie] qui vont entrer dans le marché canadien.” Ou c’est notre médecin qui va nous proposer une technologi­e d’intelligen­ce artificiel­le pour poser un diagnostic. »

Le nom de Lyft apparaît d’ailleurs dans le rapport sur la modernisat­ion de l’industrie du taxi remis il y a deux semaines au ministre des Transports du Québec. On y mentionne notamment, parmi les options à étudier, que l’on pourrait « compenser la perte de la valeur des permis par le prélèvemen­t d’un montant par course». Selon l’industrie, « ce montant devrait être prélevé sur les courses effectuées par les nouveaux joueurs (Uber, Lyft)».

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KELLY SULLIVAN AGENCE FRANCE-PRESSE Lyft songe activement à sortir des États-Unis.
 ?? MIKE COPPOLA AGENCE FRANCE-PRESSE ?? «On sera constammen­t confrontés au besoin de repenser les cadres dans lesquels ces compagnies-là évoluent», croit PierreYann Dolbec, du départemen­t de marketing de l’École de gestion John-Molson.
MIKE COPPOLA AGENCE FRANCE-PRESSE «On sera constammen­t confrontés au besoin de repenser les cadres dans lesquels ces compagnies-là évoluent», croit PierreYann Dolbec, du départemen­t de marketing de l’École de gestion John-Molson.

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