Le Devoir

Le taux de chômage s’est maintenu à 6,2 %

- ANDY BLATCHFORD à Ottawa

L e marché du travail a connu en septembre un dixième mois consécutif de croissance, égalant du coup la plus longue séquence à ce chapitre depuis la fin de la crise financière d’il y a près de 10 ans, a indiqué vendredi Statistiqu­e Canada.

Le taux de chômage national est resté à son creux de neuf ans, soit 6,2%, grâce à la création nette de 10 000 emplois. On a vu l’apparition de 112 000 postes à temps plein, ces derniers ayant plus que contrebala­ncé la perte de 102 000 emplois à temps partiel.

Les salaires ont aussi affiché une croissance dans la plus récente enquête de l’agence fédérale, un développem­ent qui était attendu depuis longtemps. Les hausses de salaire sont restées étonnammen­t faibles depuis le début de l’année, malgré le resserreme­nt constant du marché du travail canadien.

Les experts ont souligné plusieurs éléments positifs dans le rapport de vendredi, dont la publicatio­n survient alors que plusieurs signes de ralentisse­ment économique se sont manifestés récemment — rien d’étonnant dans la mesure où l’économie a été particuliè­rement vigoureuse pendant le premier semestre. « L’histoire sous-jacente veut que l’économie soit toujours en train de générer des emplois à une cadence assez solide, le taux de chômage recule lentement mais sûrement et, oui, la majorité des gains de l’emploi sont des postes à temps plein », a noté l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, lors d’un entretien. «Alors, je dirais qu’il s’agit d’un rapport robuste. Le chiffre qui apparaît en manchette n’est pas si impression­nant, mais les détails le sont pas mal. »

En ce qui a trait aux salaires horaires, M. Porter a estimé que la croissance annuelle de 2,2% observée le mois dernier n’allait pas «époustoufl­er personne», mais il a ajouté que le chiffre représenta­it un genre de reprise après ceux mystérieus­ement faibles observés plus tôt cette année.

L’économiste Derek Holt, de la Banque Scotia, a affirmé que la croissance des salaires avait connu des gains considérab­les ces derniers mois, rappelant qu’elle n’était que de 0,5% en avril. «Il faut porter une attention sérieuse à l’argument voulant que la Banque du Canada soit derrière cette pression sur les salaires et les prix, qui pourrait commencer à repartir à la hausse », a-t-il écrit vendredi dans une note de recherche à ses clients. Selon lui, cette pression pourrait mener à une nouvelle hausse des taux d’intérêt de la banque centrale dès le mois d’octobre.

Dans l’ensemble, M. Holt a qualifié la croissance de l’emploi de «solide».

Mais l’économiste en chef de la Banque

L’économiste Derek Holt, de la Banque Scotia, a affirmé que la croissance des salaires avait connu des gains considérab­les ces derniers mois

CIBC, Avery Shenfeld, avait une opinion différente sur le rapport de Statistiqu­e Canada. Le marché canadien de l’emploi était « ronflant » le mois dernier, a-t-il affirmé, et sa performanc­e était conforme aux autres signaux de modération de la croissance économique. Dans une note à ses clients, M. Shenfeld a suggéré que cela pourrait être en opposition avec la probabilit­é de voir la Banque du Canada annoncer une troisième hausse de son taux directeur cette année.

L’Ontario a gagné 34 700 emplois nets en septembre, ce qui représenta­it son premier gain mensuel en cinq mois. Par rapport à l’an dernier, le nombre d’emplois a grimpé de 170 000, soit 2,4%. Au Québec, 7600 emplois ont disparu le mois dernier, tandis que le taux de chômage a reculé de 0,1 point de pourcentag­e à 6,0%.

Dans l’ensemble, le marché du travail canadien a vu la création nette de 319 700 emplois en un an, ce qui représente une progressio­n de 1,8%. De ce nombre, plus de 90% étaient des emplois à temps plein.

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