Doux serments sur la montagne
LA MONTAGNE ENTRE NOUS (V.F. THE MOUNTAIN BETWEEN US) ★★1/2 Drame de Hany Abu-Assad. Avec Idris Elba, Kate Winslet, Dermot Mulroney, Beau Bridges. États-Unis, 2017, 103 minutes.
The Mountain Between Us pourrait facilement donner l’illusion d’une comédie romantique : deux purs inconnus que tout sépare, incarnés par des acteurs charismatiques et séduisants pris dans une situation rocambolesque faisant obstacle à une attirance qu’ils refusent d’admettre. À cela s’ajouteraient un peu plus d’humour et quelques personnages secondaires pour commenter l’absurdité de leur aveuglement volontaire.
Le réalisateur palestinien Hany Abu-Assad (Paradise Now, Omar) n’a pas tout à fait le profil pour ce type de cinéma, même s’il est auréolé de deux nominations pour l’Oscar du meilleur film étranger. Avec The Mountain Between Us, il illustre surtout le récit d’une survie sur fond de romance à la conclusion inévitable, avec des embûches dignes de Cast Away ou The Revenant. Et en nettement moins spectaculaires.
Tout cela démarre, ou s’embrouille, parce qu’une photojournaliste téméraire, Alex (Kate Winslet), refuse d’être coincée par le mauvais temps à l’aéroport de Salt Lake City, et ainsi rater son mariage. À ses côtés, Ben (Idris Elba), un neurochirurgien de Baltimore que le devoir appelle, apparaît tout aussi frustré, mais son flegme britannique l’empêche de provoquer un esclandre. Elle lui propose de louer un avion privé, et les voilà qu’ils survolent les montagnes de l’Utah (celles de Colombie-Britannique ont fait l’affaire) avant que leur pilote (Beau Bridges en passant), victime d’un malaise cardiaque, les précipite dans le vide, et surtout dans un cauchemar blanc, isolés de tout et de tous.
Le scénario signé Chris Weitz, inspiré du roman de Martin Smith, affiche un calibrage méthodique entre les périls de la nature et les dangers de l’amour extraconjugal (le statut de Ben, malgré la bague au doigt, sera longtemps entouré de mystères, tout comme l’identité du futur époux d’Alex). D’où cette persistante et agaçante impression de compromis: les catastrophes y sont rarement spectaculaires, par ailleurs toujours suivies d’une commode solution miracle qui en atténue le caractère implacable, et la passion s’y fait aussi brûlante que les modestes feux de camp que le tandem allume tout au long du parcours.
Cette cavalcade hivernale affichait au départ un défi de taille: passer un long moment avec deux acteurs dont il faut croire à la fois à la fragilité et au charisme. À ce chapitre, Kate Winslet et Idris Elba remplissent parfaitement la commande, duo magnétique où, oh bonheur, la question raciale ne se pose jamais — ils ont bien d’autres soucis pendant plus d’une heure…
Leur charme et leur aura de star devraient sans doute faire le reste, mais Hany Abu-Assad apparaît aussi consciencieux à ne jamais trahir leur image de marque qu’à saisir dans toute sa beauté carte postale un environnement qui devrait être impitoyable à chaque instant. Un peu plus et on pourrait les croire inscrits malgré eux à une classe de neige.