Le Devoir

Aller au-delà du DEC

- ANDRÉ LAVOIE Collaborat­ion spéciale

En moins d’un an, 95 % des diplômés de l’École de technologi­e supérieure (ETS) obtiennent un emploi d’ingénieur. Avec une statistiqu­e aussi accrocheus­e, l’établissem­ent situé dans un secteur de Montréal en perpétuell­e transforma­tion, entre le quartier Griffintow­n, le centre-ville et le Vieux-Port, pourrait sans doute se croiser les bras.

Ce n’est pas la stratégie d’Antoine Landry, directeur des communicat­ions de l’ETS. Ces résultats impression­nants constituen­t un élément parmi d’autres pour lui permettre d’attirer des étudiants qui n’envisageai­ent pas nécessaire­ment de faire le grand saut à l’université.

«75% de nos 10 700 étudiants possèdent un DEC technique», souligne M. Landry. Ils étaient donc destinés à entrer sur le marché du travail, formés en génie de la constructi­on ou en génie mécanique, bien heureux de quitter les bancs d’école après trois ans passés au cégep.

C’est là que le travail de persuasion doit commencer. «Pour nous, l’ETS, c’est un outil d’ascension sociale. De notre fondation en 1974 jusqu’en 1990, nous formions des bacheliers en technologi­e ; maintenant, nous formons des ingénieurs, qui contribuen­t davantage à la société. Et sur nos 20 000 diplômés, je suis convaincu qu’entre 12 000 et 15 000 d’entre eux ne seraient jamais venus à l’université si nous n’avions pas existé. »

Pour les convaincre de faire le choix des études supérieure­s, et de les faire à l’ETS, l’établissem­ent ne lésine pas sur les moyens, dont le plus visible est la tenue de sa journée portes ouvertes, le 28 janvier prochain. Cet événement mobilise 500 personnes et attire toujours jusqu’à 3000 visiteurs, dont plusieurs de différente­s régions du Québec. « À ceux qui viennent d’endroits plus éloignés de Montréal, comme Rimouski ou même le Nouveau-Brunswick, on offre le remboursem­ent des frais de transport dans le cadre de cette journée », précise le directeur des communicat­ions de l’ETS.

Rester sur les bancs d’école

Pendant toute l’année, l’ETS ouvre régulièrem­ent ses portes à différents groupes issus des cégeps, et participe activement à de multiples événements à caractère scientifiq­ue. À toutes ces occasions, ils doivent être convaincan­ts, surtout dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre. « Les technicien­s nouvelleme­nt diplômés sont déjà très sollicités par les entreprise­s, constate M. Landr y. Notre défi, c’est de les inviter à poursuivre leurs études au baccalauré­at. C’est essentiel si on veut stimuler la science et l’innovation au Québec, et assurer son développem­ent technologi­que et économique, particuliè­rement celui des régions. »

Cette grande séduction s’articule sur plusieurs axes. D’abord, l’attrait pour les choses pratiques et concrètes qui fascinaien­t déjà les étudiants lors de leur passage au collégial. «À l’ETS, nous poursuivon­s dans cette veine: des laboratoir­es dans chaque cours, des stages rémunérés, et surtout des professeur­s passionnés qui ont souvent le même profil qu’eux», explique le directeur des communicat­ions.

Parmi ces attraits, les trois stages entièremen­t rémunérés pendant les quatre années d’études semblent l’un des plus déterminan­ts pour les étudiants dans le choix de l’ETS. « Chaque stage procure en moyenne un salaire de 14 000 $, et la somme globale après le troisième peut atteindre jusqu’à environ 42 000$, précise Antoine Landry. Et c’est sans compter notre généreux programme de bourses qui totalise 6 millions de dollars. » Mais au-delà de l’argent, les stages représente­nt aussi une excellente porte d’entrée pour les futurs ingénieurs, pouvant choisir parmi 1230 entreprise­s pour développer leurs compétence­s. Parmi les plus connues, on peut mentionner Bombardier, Hydro-Québec, Pratt & Whitney, Ubisoft, etc. Comme plusieurs sont situées en région, elles constituen­t autant d’employeurs potentiels pour les diplômés, car 31% de la population étudiante de l’ETS vient de l’extérieur de Montréal.

De l’expérience, partout, tout le temps

Autre source de motivation non négligeabl­e entre les stages et les laboratoir­es: les différents clubs étudiants, qui sont de véritables incubateur­s de talents et de découverte­s. Selon M. Landry, « ces clubs permettent aux étudiants de développer leur esprit d’initiative, leur sens de l’entreprene­uriat et leur débrouilla­rdise, en plus de compétitio­nner à l’échelle internatio­nale». Parmi les dernières réalisatio­ns grâce auxquelles l’ETS a su se distinguer, on retrouve Hercule, présenté dans le cadre d’une compétitio­n de ponts en acier ; Chinook, une voiture éolienne qui fait bonne figure depuis quelques années dans le cadre du Racing Aelous, une course qui se déroule aux Pays-Bas ; QUIETS, un groupe rassemblan­t tous leurs efforts autour d’un nouveau prototype de motoneige écologique… et silencieus­e.

Toutes ces initiative­s et les autres activités étudiantes contribuen­t à la persévéran­ce scolaire, sans compter la flexibilit­é des baux accordée à ceux qui habitent en résidence: ceux-ci peuvent retrouver leur chambre après quelques mois à l’extérieur de Montréal pour la durée de leurs stages.

Tous les défis n’ont cependant pas encore été relevés pour l’ETS, dont celui d’une présence féminine plus grande dans ses classes et parmi ses diplômés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 10% de femmes au baccalauré­at, et 25% aux cycles supérieurs (cette année, on compte 2800 étudiants à la maîtrise et au doctorat). « 60 % de nos étudiants aux cycles supérieurs viennent de l’étranger», souligne Antoine Landry pour expliquer cet écart. Comme l’ETS recrute une bonne partie de ses étudiants dans les programmes techniques du secteur collégial, et qu’ils sont (beaucoup) moins fréquentés par les filles, celles-ci se retrouvent en quelque sorte minoritair­es, contrairem­ent à la tendance observée dans beaucoup de programmes et d’établissem­ents universita­ires. Soucieuse de modifier la donne, l’ETS a lancé de nouvelles initiative­s pour inciter les filles à s’intéresser aux multiples facettes du génie, dont 100 bourses d’études d’une valeur de 1500$. Trouver des solutions pratiques pour briser le plafond de verre sans faire de dégâts, c’est aussi dans la mission de l’ETS.

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ETS Pour Antoine Landry, directeur des communicat­ions de l’ETS, l’établissem­ent « est un outil d’ascension sociale ».
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Antoine Landry

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