Kim Jong-un remanie son parti et vante son arsenal
Kim Jong-un a promu sa soeur cadette et des responsables des programmes balistiques et nucléaires au moment où il se préparerait à un nouvel essai de missile longue portée capable de frapper les États-Unis.
La Corée du Nord a procédé ce week-end à un grand jeu de chaises musicales quelques heures après que Donald Trump a tweeté, sans plus d’explication, qu’une «seule chose marchera» avec le régime de Pyongyang. Avant l’anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs, mardi, Kim Jong-un a promu sa soeur cadette, Kim Yo-jong, au bureau politique du comité central du Parti des travailleurs. La jeune femme, qui serait âgée de 30 ans, apparaît régulièrement, tout de noir vêtu, aux côtés de Kim Jong-un quand il effectue des visites de terrain.
Au sein du département propagande du Parti, elle a notamment contribué à construire un culte de la personnalité autour de son frère, devenu depuis décembre 2011 le troisième rejeton de la dynastie des Kim. Tous deux sont les enfants de Kim Jong-il et de Ko Yong-hee, morte en 2004. En janvier, Kim Yo-jong a été mise sur la liste noire par les États-Unis pour « graves atteintes aux droits de l’homme ». En février 2011, une télévision sud-coréenne l’avait filmée à Singapour en compagnie de son autre frère, Kim Jong-chol, à un concert d’Eric Clapton.
Le leader nord-coréen a également fait monter en grade plusieurs dirigeants, responsables des derniers faits d’armes du régime. Deux des trois hommes responsables du programme balistique, Kim Jong-sik et Ri Pyong-chol, ont été promus, ainsi que Ri Yong-ho, le ministre des Affaires étrangères. «Je pense qu’il pourrait y avoir un essai de bombe H d’un niveau sans précédent, peut-être au-dessus du Pacifique », avait menacé ce dernier, le mois dernier, en marge de l’assemblée générale des Nations unies. «Il y a un proverbe qui dit que les chiens aboient, la caravane passe, avait déclaré
le chef de la diplomatie à New
York. S’ils [les Américains] essaient de nous faire peur avec des aboiements, ils sont de toute évidence en plein rêve. »
« Une épée chérie »
Samedi, lors de la réunion du Parti des travailleurs, Kim Jongun en a profité pour défendre ses programmes militaires, garants de la souveraineté de la Corée du Nord. Évoquant une «situation internationale compliquée», il a promis de poursuivre ses activités balistiques et nucléaires, «une épée chérie». Ces armes sont un outil «dissuasif puissant qui protège fermement la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne et l’Asie du Nord-Est», a déclaré Kim en se référant aux «menaces nucléaires prolongées des impérialistes américains». Ces trois derniers mois, Pyongyang a procédé à des tirs de missiles balistiques intercontinentaux, a lancé deux engins qui ont survolé le Japon et testé une sixième bombe atomique.
Plusieurs experts avancent que Kim Jong-un, lancé dans une course avec Donald Trump, devrait procéder dans les prochaines semaines à de nouveaux tests pour s’assurer une plus grande maîtrise de la technologie balistique. C’est le message qu’ont délivré des députés russes de retour d’une mission à Pyongyang la semaine dernière. Selon Anton Morozov, membre de la commission parlementaire russe des affaires internationales, cité par l’agence RIA, la Corée du Nord se préparerait à un nouveau tir de missile longue portée. «Ils [les Nord-coréens] nous ont même fourni des calculs mathématiques qui, d’après eux, prouvent que leur missile peut frapper la côte ouest des ÉtatsUnis. […] D’après ce que nous avons compris, ils ont l’intention de le faire dans un avenir proche. » Depuis le début de l’année, la Corée du Nord a montré qu’elle avait la maîtrise du calendrier. Et toujours un temps d’avance.