L’Allemagne limitera l’entrée de réfugiés
Angela Merkel accepte de plafonner à 200 000 les migrants accueillis chaque année
Les partis conservateurs d’Allemagne ont annoncé lundi être parvenus à une entente sur le nombre de migrants qui pourront entrer au pays chaque année — plafond que le gouvernement et le Parlement seront toutefois libres de modifier.
La formation de la chancelière Angela Merkel et son parti frère en Bavière, l’Union chrétiennesociale (CSU), se sont entendus sur une limite annuelle de 200 000 migrants. Ce nombre pourrait toutefois être abaissé ou relevé dans l’éventualité d’une crise migratoire, tant par le gouvernement que par le Parlement.
Cet enjeu constituait la pierre d’achoppement entre les deux partis, qui s’apprêtent à négocier avec les verts et le Parti libéral-démocrate pour former une coalition.
La chancelière s’est dite «contente d’avoir trouvé un compromis» et s’est félicitée d’avoir défendu le droit fondamental à l’asile, à l’issue des pourparlers qui se sont étirés jusqu’à tard dans la nuit.
Après deux ans de débats, l’Union chrétiennesociale pourra finalement brandir un chiffre devant sa base électorale, et Mme Merkel pourra souligner que celui-ci est tout à fait flexible.
En 2015 et 2016, l’Allemagne a ouvert ses frontières à plus d’un million de migrants, mais le nombre d’entrées au pays a dégringolé depuis la fermeture de la route des Balkans.
Au cours des huit premiers mois de l’année, moins de 124 000 demandeurs d’asile ont cogné aux portes de l’Allemagne.
Une entente avec la Turquie a également empêché bon nombre de migrants de traverser la Méditerranée et d’entrer en Europe.
L’accord entre les deux partis conservateurs prévoit également la construction de centres où les demandeurs d’asile seront tenus de rester pendant le traitement de leur dossier.
Les lois sur l’immigration seraient également adaptées aux nouveaux arrivants qualifiés, en plus d’ajouter le Maroc, l’Algérie et la Tunisie à la liste de pays jugés sûrs.
Entente saluée
Les lois allemandes sur l’asile font bonne figure en Europe : elles ont été enchâssées dans la Constitution dans la foulée du Troisième Reich, alors que bon nombre de gens fuyant le régime nazi n’ont survécu qu’en trouvant refuge dans d’autres pays.
La Commission européenne a qualifié lundi de «positive» la perspective que l’Allemagne accueille 200 000 réfugiés par an, sans se prononcer sur la légalité d’un chiffre présenté comme un plafonnement au sein de la famille politique d’Angela Merkel.
«D’une façon générale, nous pouvons dire que la Commission considère comme extrêmement positif qu’un pays qui a déjà recueilli plus d’un million de réfugiés se montre prêt à en accueillir encore 200 000 de plus par an», a réagi lundi le porte-parole de l’exécutif européen, Margaritis Schinas, interrogé par la presse sur ce projet.
Interrogée sur la légalité d’une telle limite chiffrée, la Commission ne s’est pas prononcée.
«Ceci n’est pas encore une décision gouvernementale », a avancé M. Schinas, refusant «d’aller plus loin à ce stade».
«Comme cela fait partie des préparations en vue de la formation d’une coalition en Allemagne, et qu’il ne s’agit pas encore d’une politique gouvernementale, nous ne pouvons pas offrir beaucoup en termes de commentaires »,a ajouté le porte-parole.
La chancelière allemande est en pleine discussion pour former une coalition. La CSU bavaroise, qui dénonce depuis deux ans sa décision de laisser entrer plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015 et 2016, exigeait une inflexion de la chancelière pour participer au futur gouvernement.
M. Schinas a rappelé lundi que la Commission et son président, Jean-Claude Juncker, avaient salué à plusieurs reprises «le rôle de premier plan joué par l’Allemagne dans la gestion de la crise des réfugiés et dans la conception d’une approche européenne commune sur la migration ».