Le Devoir

Iran : suspension d’un conseiller municipal issu d’une minorité religieuse

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Téhéran — Un élu local zoroastrie­n a été suspendu de ses fonctions en Iran, a-t-on appris lundi auprès de la municipali­té de Yazd, sur fond de débat sur l’interdicti­on faite aux membres des minorités religieuse­s de représente­r des musulmans.

Le préfet de Yazd a pris cette décision à l’encontre de Sepanta Niknam, seul membre non musulman du conseil municipal de cette ville du centre de l’Iran, à la demande de la justice administra­tive, a déclaré à l’AFP Gholam-Ali Sefid, président de l’assemblée municipale. «Nous avons reçu [sa] lettre [samedi]. C’est une mesure provisoire. Nous avons écrit au préfet et à d’autres responsabl­es pour faire annuler cette décision», a-t-il précisé.

« Une personne a déposé une plainte auprès du tribunal administra­tif et la participat­ion de ce conseiller est suspendue jusqu’à la décision» de la cour, a-t-il ajouté.

Selon un acte officiel de cette juridictio­n publié sur Twitter par un député réformateu­r, la plainte vise le préfet de Yazd et la commission de surveillan­ce provincial­e des élections, à qui le plaignant, un particulie­r, reproche d’avoir laissé concourir M. Niknam.

Au premier trimestre, le président du Conseil des gardiens de la Constituti­on, l’ayatollah Ahmad Janati, avait publié un décret selon lequel les membres des minorités religieuse­s ne peuvent être candidats aux élections municipale­s, car ces instances prennent des décisions qui concernent les musulmans.

Le Conseil des gardiens est une instance de contrôle chargée notamment de superviser toutes les élections à l’exception des municipale­s, dont le contrôle revient au Parlement.

Pour cette raison, le président du Parlement, Ali Larijani, avait rejeté ce décret.

Les dernières municipale­s se sont déroulées en mai, en même temps que la présidenti­elle. M. Niknam avait alors été réélu au conseil municipal de Yazd, haut lieu du zoroastris­me.

Le zoroastris­me était la religion majoritair­e de la Perse, mais elle ne compterait plus aujourd’hui que 25 000 fidèles en Iran.

La Constituti­on de la République islamique reconnaît les «Iraniens zoroastrie­ns, juifs et chrétiens » comme les «seules minorités religieuse­s» d’Iran.

Sur 290 députés, le Parlement iranien compte cinq représenta­nts des minorités religieuse­s reconnues, élus par leurs coreligion­naires: trois chrétiens (deux Arméniens et un Assyrien), un zoroastrie­n et un juif.

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