Une Norma esthétisante et policée
NORMA Opéra en 2 actes de Bellini. Avec Sondra Radvanovsky (Norma), Joyce DiDonato (Adalgisa), Joseph Calleja (Pollione), Matthew Rose (Oroveso). Direction: Carlo Rizzi. Mise en scène : David McVicar. Mise en images: Gary Halvorson. Samedi 7 octobre 2017. Rediffusions les 4, 6 ou 8 novembre selon les cinémas participants.
Les cinémas étaient bien garnis pour la première représentation de la saison du Metropolitan Opera «Live in HD». Le produit répond assurément à une demande et lorsque l’offre rencontre l’intérêt du public pour l’opéra italien, les salles font le plein. L’ange exterminateur de Thomas Adès en novembre présentera un autre défi de fréquentation. Peter Gelb, interrogé avant le spectacle, a eu raison de glisser ce rendez-vous comme une priorité de sa saison.
La nouvelle Norma du Met, imaginée par David McVicar, se déroule dans les sombres forêts de la Gaule et dans la yourte de Norma. Les décors sont installés à deux niveau et un système d’élévateur de plateau, utilisé dans la légendaire production de La Traviata de Zeffirelli, permet de passer de l’un à l’autre.
Le spectacle très littéral fait tout pour caresser le public du Met dans le sens du poil. Son esthétique léchée, jusque dans les crânes d’animaux de l’autel des sacrifices au dieu Irminsul, rappelle l’ancienne Rusalka décorée par Günther Schneider-Siemssen. Les couleurs sont ocres ou grises, le vert profond. Aucune expression des acteurs n’est outrée.
Une dimension sur deux
Cette sobriété s’accorde avec le profil des chanteurs et notamment de la Norma de Sondra Radvanovsky, beaucoup plus à l’aise dans le rôle de la femme abandonnée que dans celle de la prêtresse imprécatrice. La tension dramatique (on est dans un moment de conflit guerrier crucial) est vaguement donnée par la direction de Carlo Rizzi et le profil vocal de Joseph Calleja, mais pour le reste, c’est surtout à un suspense psychologique auquel on assiste.
Initialement, le rôle de Norma devait être chanté par Anna Netrebko. Il est évident que le spectacle aurait été radicalement différent. Sondra Radvanovsky est émouvante dans ses face-à-face avec l’Adalgisa parfaite de Joyce DiDonato. Elle est glorieuse dans ses aigus filés et remarquable dans toute la fin de l’opéra. Je n’ai pas été convaincu du tout par sa première scène, pas plus que par son Casta Diva, souvent à la limite inférieure de la note. Joseph Calleja en Pollione est aussi monté en puissance après une première intervention qui faisait nourrir bien des craintes par quelques approximations.
Le rôle de Norma est effectivement un des plus complexes du répertoire. Pour trouver la dramaturge qui, comme Callas, incarne à la fois la grande prêtresse et la femme trahie, tout un chacun aurait effectivement misé sur Netrebko. Ne faisons pas semblant de croire que Radvanovski était une prêtresse. Mais en la circonstance, vu le poids dans l’oeuvre des duos de l’héroïne avec Adalgisa et Pollione, il était capital que Radvanovsky fut un si un touchant oiseau blessé.
Pour mettre le spectacle en valeur, la mise en image de Gar y Halvorson s’est faite plus sobre qu’à l’habitude, avec l’ajout, très utile, de quelques plans larges en plongée.
Le spectacle très littéral fait tout pour caresser le public du Met dans le sens du poil