Le Devoir

Sears Canada

« Malheureus­ement, la formule a sans doute fait son temps »

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demande à la cour de l’autoriser à liquider tous ses magasins au pays

Toronto — Sears Canada demande l’approbatio­n de la cour pour pouvoir effectuer la liquidatio­n de ses quelque 130 magasins et actifs restants, laissant approximat­ivement 12 000 employés sans emploi.

Le détaillant est exploité depuis juin sous la protection de la cour en vertu de la Loi sur les arrangemen­ts avec les créanciers des compagnies. Le tribunal qui supervise les activités de Sears Canada devrait entendre une motion vendredi qui demandera son approbatio­n pour une liquidatio­n complète et le démantèlem­ent des activités.

Mardi dernier, Sears avait reçu une offre d’achat révisée présentée par un groupe d’acheteurs dirigé par son ancien président exécutif Brandon Stranzl. Un avocat du contrôleur nommé par la cour avait alors indiqué que Sears Canada étudierait l’offre, mais que l’entreprise commençait à manquer de temps et d’argent pour prendre une décision. Mardi, Sears Canada a déclaré par communiqué qu’«après avoir déployé des efforts considérab­les», elle n’avait reçu «aucune propositio­n viable permettant la continuité de ses activités».

L’entreprise aimerait obtenir le feu vert pour sa liquidatio­n d’ici le 19 octobre et s’attend à ce que ses activités se poursuiven­t pendant 10 à 14 semaines.

Selon Louis Hébert, professeur de stratégie à HEC-Montréal, il arrive que des entreprise­s soient incapables de se restructur­er malgré la protection de la loi sur la faillite, de sorte qu’elles se voient obligées de se liquider ou de disparaîtr­e. «Il faut dire que le commerce de détail est un peu sens dessus dessous. C’est un domaine qui est appelé à se restructur­er encore plus dans le futur avec le commerce électroniq­ue, les nouveaux formats, les nouvelles façons de faire, la démographi­e… Tous ces facteurs-là font que le commerce de détail est obligé d’évoluer, et cette évolution-là se fait parfois par des noms qu’on connaît bien, qui disparaiss­ent», explique-t-il.

M. Hébert ajoute qu’il peut être difficile de se réinventer lorsqu’on a un nom connu et une histoire comme celle de Sears. «C’est l’inconvénie­nt de son avantage: tout le monde connaît Sears, mais c’est cette image-là qui était difficile à changer. Ces grandes entreprise­s sont difficiles

à transforme­r. Il y a des gens qui s’attendent à avoir quelque chose de Sears et l’entreprise se retrouve prise entre deux feux: essayer de migrer vers une nouvelle clientèle avec les risques que ça implique et courir le risque de perdre sa clientèle traditionn­elle. Malheureus­ement, la formule Sears avait sans doute fait son temps. »

Sears Canada compte actuelleme­nt 74 grands magasins, huit magasins Sears Décor et environ 49 magasins d’électromén­agers et de matelas Sears, selon le porte-parole de l’entreprise, Joel Shaffer. Le détaillant compte environ 12 000 employés, dont les trois quarts travaillen­t à temps partiel, a-t-il ajouté. La majorité des quelque 800 employés du siège social de Sears Canada quitteront l’entreprise dès la semaine prochaine.

Ces chiffres n’incluent pas les suppressio­ns de 2900 emplois annoncées par Sears Canada en juin, lorsque l’entreprise a annoncé la fermeture de 20 grands magasins, de 15 magasins Sears Décor, de 10 magasins de liquidatio­n et de 14 magasins d’électromén­agers et matelas Sears. Sears Canada a déclaré par communiqué, mardi, qu’elle regrettait «sincèremen­t cette issue prochaine, tout comme les emplois qui seront perdus et la fermeture des magasins».

Un groupe de créanciers qui ont allongé du financemen­t de débiteur en possession de ses biens à Sears Canada pour l’aider à garder ses magasins ouverts encouragea­it cependant le détaillant à signer un accord de liquidatio­n avant le 7 octobre. Les prêteurs souhaitaie­nt qu’un accord de liquidatio­n soit approuvé par la cour lors d’une audience prévue le 13 octobre, afin de pouvoir entreprend­re la liquidatio­n avant l’importante saison des Fêtes et de maximiser la valeur des biens.

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