Le Devoir

Les Canadiens ne veulent pas suivre l’exemple de Donald Trump

- STEPHANIE LEVITZ à Ottawa

Le premier ministre Justin Trudeau se dirige vers Washington pour resserrer les liens avec les États-Unis au moment où une majorité de Canadiens ne souhaitent pas voir leur pays suivre l’exemple de leur voisin du sud, révèle une nouvelle enquête.

Les résultats semblent démontrer que la population canadienne est favorable à une approche plus ouverte sur le monde, malgré quelques indicateur­s isolationn­istes légèrement en hausse.

Quelque 60% des participan­ts à un sondage Ekos-La Presse canadienne mené auprès de 4839 Canadiens ont indiqué ne pas être intéressés par une approche « Canada first » qui imiterait la tactique «America first» du président Donald Trump.

De plus, 80% des personnes interrogée­s ont dit être en désaccord avec la manière dont M. Trump dirige son pays et 52 % souhaitent voir le Canada se distinguer encore plus des États-Unis.

En revanche, 22% des participan­ts à l’enquête croient que le Canada devrait s’isoler davantage sur la scène internatio­nale, une hausse importante après des années de stabilité. 37% des personnes interrogée­s sont d’avis que les règles canadienne­s en matière d’immigratio­n ouvrent les portes du pays à trop de membres des minorités visibles, alors que 42% croient que le Canada en accueille juste assez et que 15% estiment qu’on pourrait en recevoir plus.

Selon le président d’Ekos, Frank Graves, le nombre de citoyens trouvant qu’il y a trop d’immigratio­n a atteint un

sommet juste avant la dernière élection fédérale et serait en déclin depuis. Enfin, 29% des participan­ts ont dit avoir été victimes de racisme au cours du mois précédent et 33% ont dit croire que le racisme est de plus en plus répandu.

Le sondage par téléphone a été mené entre le 15 septembre et le 1er octobre. Il a une marge d’erreur de plus ou moins 1,4 point de pourcentag­e, 19 fois sur 20.

L’enquête d’opinion s’inscrit dans une démarche qui vise à découvrir si les mêmes facteurs qui ont alimenté les mouvements populistes et isolationn­istes ailleurs dans le monde sont présents au Canada. Les sondeurs ont utilisé des échantillo­ns différents pour chacune des questions afin de pouvoir poser plus de questions.

Ekos évalue les comporteme­nts de la population envers les minorités visibles issues de l’immigratio­n depuis 25 ans

afin d’observer le niveau d’intoléranc­e raciale au Canada, explique M. Graves.

Des questions sur la perception qu’ont les gens de leur avenir économique ont aussi été posées. Les résultats suggèrent une vision plutôt pessimiste de l’avenir, bien que les indicateur­s économique­s penchent vers le contraire.

En recoupant ces données avec celles sur l’ouverture à l’immigratio­n, Frank Graves soutient qu’on ne peut exclure qu’une certaine frustratio­n économique et sociale alimente un certain populisme, comme on le voit ailleurs dans le monde.

« Il y a manifestem­ent une importante part de Canadiens qui ne sont pas convaincus par le concept que l’ouverture du Canada est la bonne solution aux problèmes auxquels ils font face dans leur vie et dans le pays», analyse M. Graves.

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