Le Devoir

Les Métis déplorent d’avoir été exclus de l’entente

- HÉLÈNE BUZZETTI Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

Une associatio­n consacrée à la défense des intérêts des enfants autochtone­s victimes de la rafle des années 1960 dénonce l’entente intervenue vendredi dernier avec Ottawa au motif qu’elle ne prévoit rien pour les Métis et les Indiens non inscrits.

«Je suis très déçu qu’une entente inclusive n’ait pas pu être trouvée de manière à ce que ce moment historique soit significat­if pour tous les survivants de la rafle des années 1960», a indiqué en conférence de presse Duane Morrisseau-Beck, le directeur et cofondateu­r du National Indigenous Survivors of Child Welfare Network (NISCW), qui a ajouté se sentir «coupable», car il reconnaît que l’entente a du bon. « Après avoir lu l’entente, j’ai senti un vide dans mon ventre. Était-ce vrai? Avaient-ils oublié ma nation métisse? Immédiatem­ent, j’ai pensé à la vieille tactique de diviser pour mieux régner.»

La rafle des années 1960 fait référence à la décision du gouverneme­nt fédéral à cette époque de déléguer aux provinces la responsabi­lité d’offrir des services d’aide à l’enfance aux autochtone­s. On estime que jusqu’à 30 000 enfants autochtone­s ont alors été retirés de la garde de leurs parents biologique­s et placés dans des familles non autochtone­s où ils ont perdu leur langue et leur culture.

En février dernier, un juge ontarien a statué dans la cause Brown qu’Ottawa avait failli à son obligation fiduciaire envers les autochtone­s en ne s’assurant pas auprès des provinces que la culture des enfants placés serait préservée. Ottawa a annoncé vendredi qu’il versera une somme de 750 millions pour dédommager les survivants visés par cette cause. Or cette cause concerne seulement les Indiens inscrits. Ottawa assure que son intention n’est pas d’en rester là.

«Bien que l’entente de principe actuelle porte sur les revendicat­ions des personnes dans le recours collectif Brown et d’autres revendicat­ions similaires, cela ne signifie pas que toutes les questions liées à la rafle des années 1960 ont été réglées», écrit dans un courriel l’attachée de presse de la ministre des Relations Couronne-Autochtone­s, Carolyn Bennett. «Nous travailler­ons avec nos partenaire­s provinciau­x et territoria­ux pour trouver une façon de réparer les préjudices subis par les autres personnes qui ont vécu la rafle des années 1960 — y compris les Métis.»

À l’époque de la rafle, les Métis n’étaient pas reconnus comme des autochtone­s sous la responsabi­lité d’Ottawa. C’est en partie pour cette raison que des recours judiciaire­s ont été intentés aussi contre les provinces.

En coulisses, on explique que Mme Bennett doit encore obtenir l’aval du cabinet avant d’entamer des pourparler­s avec les Métis et les Indiens non inscrits en vue de s’entendre sur une compensati­on. Plus d’argent pourrait donc être offert. La compensati­on annoncée vendredi oscillera entre 25 000 $ et 50 000 $ par personne selon le nombre de personnes qui la réclameron­t.

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