Le Devoir

La Caisse de dépôt et Desjardins font alliance dans la fintech

Les deux partenaire­s créent un fonds d’investisse­ment de 50 millions auquel pourraient se joindre d’autres acteurs financiers

- FRANÇOIS DESJARDINS

Le fonds de 50 millions mis sur pied pour le développem­ent des «fintechs» vise d’abord à stimuler l’émergence de projets porteurs, affirme le patron du Mouvement Desjardins, mais il n’est pas impossible que l’établissem­ent financier soit tenté d’aller plus loin avec les jeunes pousses si les technologi­es lui semblent particuliè­rement intéressan­tes.

Alors que les technologi­es financière­s retiennent de plus en plus l’attention des grands joueurs de l’industrie, Desjardins et la Caisse de dépôt et placement du Québec vont chacun verser 25 millions dans un fonds de capital de risque qui pourra même atteindre 75 millions avec l’apport d’autres investisse­urs, dont certains qui auraient « déjà témoigné la volonté de s’y greffer» dans les prochains mois.

«On n’investit pas dans ce fonds-là en se disant: “Savez-vous quoi, on est avec plusieurs autres partenaire­s, et toute entreprise qui travaille dans le fonds devra absolument faire affaire avec nous et vendre sa technologi­e avec Desjardins.” On n’entre pas dans ce projet avec cet état d’esprit », a dit le président du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, en marge d’une allocution prononcé au Forum FinTech Canada.

La mission première est d’épauler financière­ment des entreprise­s actives dans le secteur afin qu’elles «prennent leur place à Montréal, au Québec, au Canada et dans le monde», a ajouté M. Cormier. «À côté de ça, si on voit, nous, que la technologi­e mise en avant par une jeune pousse pourrait être bonne pour nos membres et nos clients, là on entrerait dans une transactio­n plus commercial­e.»

Les investisse­ments du fonds de 50 millions, créé à l’initiative de la Caisse, seront du capitalact­ions et viseront des projets axés sur quelques domaines précis, dont l’investisse­ment, l’assurance, l’analyse de données, les dépôts et prêts, et la sécurité.

Mystère autour des autres noms

Qui seront les autres investisse­urs? Invité à dire si la Banque Nationale pourrait se joindre à eux, M. Cormier a affirmé qu’elle était tout à fait libre de le faire. Cependant, un porte-parole de la Banque Nationale a dit en fin d’après-midi que celle-ci n’en a pas l’intention, procédant plutôt à des initiative­s ciblées. Par exemple, la Banque Nationale a donné 6 millions au printemps pour prendre une participat­ion minoritair­e dans Nest Wealth, dont la technologi­e devait être mise à contributi­on dans les plateforme­s de la banque.

Un autre gros joueur, Power, a lui aussi commencé à placer ses billes. Le congloméra­t

financier de la famille Desmarais a formalisé ses investisse­ments l’an dernier en annonçant la création de Portag3, un fonds soutenu par trois de ses filiales (la Financière Power, IGM et Great-West Lifeco). Le portefeuil­le d’investisse­ment comprend notamment Wealthsimp­le (épargne retraite), Koho (compte financier mobile) et Seed (services bancaires pour PME). À elle seule, Wealthsimp­le a fait l’objet d’une injection de 100 millions.

De manière générale au Québec, en 2016, le domaine de la technologi­e financière a attiré environ 150 millions en investisse­ments, a rapporté le journal Les Affaires cet été à la suite d’une de ses conférence­s sur le sujet.

Le nom du gestionnai­re du fonds n’est pas encore connu. «Il n’y a pas de dossiers qui sont déjà montés actuelleme­nt ou qui sont des projets concrets», a dit M. Cormier. On veut d’abord laisser s’installer le gestionnai­re qui sera choisi pour piloter le fonds. «J’espère qu’en 2018, on va voir émerger quelques projets.» Le chef des technologi­es de l’informatio­n à la Caisse, Pierre Miron, a indiqué dans un communiqué que les projets qui émergeront du fonds « viendront améliorer de façon importante les processus d’affaires et l’efficience opérationn­elle des entreprise­s ».

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