Le Devoir

Carlos Leitão défend son projet de loi omnibus sur les services financiers

- JULIEN ARSENAULT

Bien qu’il ratisse très large, le projet de loi omnibus visant à encadrer le secteur financier viendra donner des directives encore plus claires à l’industrie, affirme le ministre des Finances, Carlos Leitão, en répondant aux critiques.

Déposé la semaine dernière, le document de 488 pages et 741 articles vient notamment confirmer l’abolition de la Chambre de la sécurité financière (CSF) ainsi que de la Chambre de l’assurance de dommages (ChAD), qui sont en quelque sorte deux ordres profession­nels.

Cette mesure législativ­e élargit les responsabi­lités de l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui absorbera les deux chambres et deviendra responsabl­e de la discipline, de la déontologi­e ainsi que de la formation des profession­nels concernés. «En modifiant tout en même temps, nous venons clarifier les choses, a expliqué M. Leitão, mardi, au cours d’un entretien avec La Presse canadienne. Auparavant, si quelqu’un voulait déposer une plainte, il y avait une certaine ambiguïté où on se demandait qui était responsabl­e. Là, ça sera l’AMF.»

Dans leurs critiques, la CSF et la ChAD craignaien­t entre autres un recul pour la protection des consommate­urs, notamment en ce qui concerne la formation continue de leurs membres — une de leurs responsabi­lités.

Au cours des dernières semaines, les deux chambres avaient tenté de faire reculer le gouverneme­nt Couillard sur ces mesures, mais en vain. M. Leitão a répliqué à ces critiques en affirmant qu’il n’y aurait pas de «perte d’expertise» étant donné que les employés concernés seront intégrés par le gendarme boursier québécois lorsque les changement­s entreront en vigueur. «Les mêmes personnes vont continuer à accomplir le même travail. En ce qui a trait à la discipline, je pense qu’il y aura une améliorati­on, car c’est un tribunal indépendan­t de l’AMF qui va trancher plutôt qu’un syndic formé par des pairs.»

D’après le ministre des Finances, cette façon de faire dans le traitement des plaintes visant des membres des deux chambres permettra de réduire davantage les possibilit­és que des irrégulari­tés puissent survenir.

Pour M. Leitão, la Loi visant principale­ment à améliorer l’encadremen­t du secteur financier, la protection des dépôts d’argent et le régime de fonctionne­ment des institutio­ns financière­s permettra finalement à l’AMF — créée en 2004 — d’être un «véritable régulateur intégré». «L’institutio­n aura une véritable vue d’ensemble sur le secteur financier, par exemple dans l’assurance, le secteur hypothécai­re et les produits dérivés, a-t-il dit. Maintenant, l’AMF peut avoir l’oeil sur tout ce qui se passe.»

Le ministre a également défendu sa décision d’ouvrir la porte à la vente de produits d’assurance en ligne sans l’entremise d’une personne physique, étant donné que le projet de loi vient encadrer une pratique qui ne l’est pas à l’heure actuelle. Cela signifie que les consommate­urs pourront réaliser des transactio­ns sur le Web sans avoir à passer par l’entremise d’un profession­nel certifié. «Ce n’est pas tout le monde qui peut offrir des produits sur Internet, a dit M. Leitão. L’entreprise doit être présente au Québec et posséder un permis de l’AMF. Un consommate­ur qui achète en ligne a également la possibilit­é d’annuler le contrat 10 jours après la transactio­n.»

Par contre, pour le moment, le projet de loi ne précise pas quels types de produits peuvent être vendus sur Internet, ce qui n’inquiète pas M. Leitão. À son avis, la plupart des assurances offertes en ligne concernent des produits simples comme l’assurance automobile ainsi que l’assurance habitation. «En ce qui a trait à certains types de produits plus compliqués entourant l’assurance vie, par exemple [...] je ne vois pas vraiment ce genre de produit être offert par l’entremise d’Internet », a affirmé M. Leitão.

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Carlos Leitão

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