Énergies fossiles: les villes se dressent déjà devant Moreau et Melançon.
Le controversé dossier des énergies fossiles devrait s’imposer rapidement au nouveau ministre des Ressources naturelles, Pierre Moreau, mais aussi à sa collègue de l’Environnement, Isabelle Melançon.
Peu après l’assermentation des ministres dans leurs nouvelles fonctions mercredi, les municipalités ont en effet promis de revenir à la charge pour forcer le gouvernement Couillard à retirer les projets de règlement qui autoriseraient les forages pétroliers près des secteurs résidentiels, des garderies et des aires protégées.
«Nous allons demander au ministre Pierre Moreau de retirer les projets de règlement sur les forages, qui ont fait l’unanimité contre eux. Nous voulons être consultés et nous voulons pouvoir consulter nos citoyens», a souligné le premier vice-président de l’Union des municipalités du Québec, Alexandre Cusson.
Même son de cloche du côté de la Fédération québécoise des municipalités (FQM). Son président, Richard Lehoux, a toutefois salué l’arrivée de Pierre Moreau à la tête du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles. «M. Moreau connaît très bien les réalités du monde municipal. Sa désignation aux Ressources naturelles constitue un bon présage pour revoir en profondeur les projets de règlements sur les hydrocarbures déposés à la fin septembre. Il doit y avoir une meilleure concertation entre les municipalités et ce ministère.»
Or, selon les délais de consultation prévus par le gouvernement Couillard, ces règles de mise en oeuvre de la Loi sur les hydrocarbures pourraient entrer en vigueur dans moins d’un mois. Quant aux consultations, elles se déroulent pendant les élections municipales.
Pour les municipalités, l’enjeu est de taille. Les projets élaborés par Québec prévoient une distance minimale de 175 mètres entre les forages et les zones habitées, et de 275 mètres par rapport aux écoles, aux garderies et aux hôpitaux.
Eau potable
La nouvelle ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Isabelle Melançon, devra elle aussi faire face aux critiques des municipalités par rapport aux projets d’hydrocarbures.
Pas moins de 307 municipalités ont demandé à l’ancien ministre David Heurtel le droit d’imposer des règles plus strictes pour la protection de leur eau potable, dans le cadre des forages. Or, celui-ci a refusé catégoriquement d’accéder à cette demande. Le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP) est toutefois toujours en cours de révision.
Interpellée mercredi pour la première fois avec son nouveau «chapeau» de ministre de l’Environnement, Mme Melançon n’a pas voulu s’avancer sur le «message» envoyé aux entreprises pétrolières et gazières actives sur le territoire québécois. «Il va y avoir des discussions, mais je suis là pour veiller au grain, et c’est ce que je vais faire», a-t-elle dit au cours d’un bref point de presse.
Pour Équiterre, la nouvelle ministre Isabelle Melançon devra aussi s’attaquer en priorité au dossier de la lutte contre les changements climatiques, notamment en élaborant le plus d’action pour la période 2021-2030.
Mme Melançon sera également celle qui devra mettre en oeuvre l’entente intervenue récemment avec le gouvernement fédéral en vue de l’implantation d’un réseau d’aires marines protégées dans la portion québécoise du Saint-Laurent. À peine 1,3 % de l’estuaire et du golfe est actuellement protégé, alors que l’objectif pour 2020 est de 10 %.
En tant que responsable du Plan Nord, le ministre Pierre Moreau a lui aussi des efforts à faire pour respecter les engagements en matière de protection du territoire. Les aires protégées en territoire nordique représentent actuellement 11,8 %, alors que l’objectif pour 2020 est de 20 %.