Anne Guérette songe à une nouvelle taxe sur Airbnb
La candidate à la mairie de Québec Anne Guérette songe à imposer une taxe supplémentaire aux gens qui louent leur appartement via la plateforme Airbnb et entend négocier directement avec la multinationale pour s’assurer que la loi est respectée.
«Admettons que je fais 350$ par mois parce que je loue ma maison. […] Au lieu d’avoir 350$, disons que j’en ai 250 et que j’en redonne 100 à la municipalité, je n’ai pas de problème avec ça. Moi, je m’enrichis et la ville s’enrichit», a déclaré la candidate à la mairie en entrevue éditoriale avec Le Devoir.
Mme Guérette a évoqué une telle taxe quand Le Devoir lui a demandé de dire où elle irait chercher de nouveaux revenus pour la Ville pour financer ses projets. «On va couper dans les dépenses, puis on va regarder aussi du côté des revenus. Je pense par exemple à tout l’hébergement illégal: il va falloir qu’on règle ça, ce dossier-là. Il y a toute l’économie collaborative où on peut aller chercher des choses.»
La chef de Démocratie Québec ajoute qu’il faut négocier «directement avec les plateformes numériques». «Il faut négocier avec Airbnb, Home Away, il faut négocier avec ces joueurs-là directement. C’est eux qui seront responsables de s’assurer que chaque personne qui fait affaire avec leur plateforme respecte le cadre que la Ville aura mis.»
Une telle taxe, a-t-elle précisé, s’ajouterait à la taxe d’hébergement qui est collectée par le gouvernement du Québec. La chef de Démocratie Québec n’était toutefois pas en mesure de dire combien la Ville pourrait ainsi récolter. Reste également à savoir si la Ville peut le faire en vertu des lois en vigueur qui limitent la capacité des municipalités à imposer de nouvelles taxes.
Flou concernant les taxes foncières
Au chapitre des finances de la Ville, la candidate a semblé confuse lorsque Le Devoir lui a demandé si elle entendait geler les taxes foncières des particuliers ou les baisser. « Oui, on a annoncé une… Qu’est-ce qu’on a annoncé donc… un gel ou une baisse? Heu… […] J’ai comme un blanc. C’est un gel ou une baisse», a-t-elle hésité avant de rappeler qu’il n’y aurait «pas d’augmentation».
Sur la question des transports, Mme Guérette plaide que son plan est «très clair», même si sa position sur le troisième lien reste à définir.
«Le troisième lien, si un jour il y a un troisième lien à Québec, ce ne sera certainement pas avant 10 ans, voire 15, et peut-être jamais », dit la politicienne qui milite pour le lancement à court terme d’un projet de tramway. «Nous sommes prêts pour ce projet-là», a-t-elle dit à propos de la ligne qu’elle souhaite implanter entre Sainte-Foy et le Vieux-Québec.
Avec un exemplaire du livre Pour des villes à échelle humaine de Jan Gehl, posé devant elle, la chef de Démocratie Québec a défendu l’idée d’un «projet de société», de «créer des milieux de vie pour tous».
Priée de dire si elle était «dans la mauvaise ville » pour défendre de telles idées, la candidate a eu un moment d’émotion. «Je ne suis pas dans la mauvaise ville. Je suis dans la ville où je suis née, où j’ai grandi, la ville que j’aime par-dessus tout. […] Québec, c’est ma maison. C’est ici que je veux contribuer à prendre de bonnes décisions pour la faire grandir, cette ville-là, pour la développer puis la léguer à mes enfants», a-t-elle laissé tomber.
Ikea sous terre
Tout au long de l’entrevue, Mme Guérette a répété qu’elle était «proche des gens», « proche de son monde» et «connectée sur la population». Lorsqu’on lui a fait remarquer qu’une récente sortie contre le très populaire Ikea pouvait donner l’impression contraire, elle s’est défendue d’en vouloir à la compagnie elle-même. « Pensez-vous vraiment que je ne veux rien savoir d’Ikea? […] Le problème, ce n’est pas Ikea, c’est le centropolis », a-telle dit en parlant de l’aménagement prévu autour du magasin et de la logique des « power centers ».
Québec, dit-elle, aurait pu s’inspirer par exemple de la ville d’Utrecht, aux Pays-Bas, où on a construit un Ikea « en souterrain » avec, au-dessus, des terrains de soccer.