Bon pétrole, bad oil
L’abandon du pipeline Énergie Est servirait-il l’hypocrisie, l’opportunisme politique et le déficit stratégique du secteur? Alors que notre consommation d’hydrocarbures croît, nous importons à raison de 9 milliards par année, un montant équivalant à la péréquation fédérale générée en partie par le pétrole et le gaz de l’Ouest canadien. Et pour comble d’insulte, nous préférons bannir le brut albertain, bien que le pétrole de schiste américain, encore plus sale et volatil, franchisse toujours par rails le Québec et les zones populeuses de Montréal, sans compter les pétroliers étrangers qui remontent le SaintLaurent, un écosystème fragile. De même, nous fermons les yeux sur l’inversion du pipeline de Portland dans le Maine, qui achemine le pétrole albertain via Montréal et les Cantons-del’Est, et qui est moins coûteux que celui importé. Et ce n’est pas la seule aberration énergétique, nous exportons au rabais notre électricité vers la NouvelleAngleterre alors que nous pourrions la vendre à l’Ontario, qui lui coûte de deux à trois fois plus cher. Ce qui réduirait sa dépendance au nucléaire et assurerait une plus grande compétitivité de nos industries intégrées de l’aéronautique et de l’automobile. Y aurait-il une duplicité chez ces élus qui insistent pour bloquer le passage du brut albertain vers l’est et l’électricité du Labrador vers l’ouest ? Sans compter le potentiel de l’ALENA qui serait désormais compromis et notre avenir commercial et économique devenant tributaire d’un renforcement des marchés communs étrangers et pancanadiens. Pierre G. Blanchard Outremont, le 11 octobre 2017