Le Devoir

Rattrapage laborieux pour les femmes en politique municipale

- SARAH R. CHAMPAGNE

Le nombre de candidates aux élections municipale­s a augmenté de 2,5 points de pourcentag­e depuis le dernier scrutin. Cette augmentati­on est cependant loin d’enthousias­mer des obser vatrices et des élues.

Les femmes représente­nt 31,3% de toutes les candidatur­es déposées avant la date butoir la semaine dernière, selon la compilatio­n du ministère des Affaires municipale­s et de l’Occupation du territoire (MAMOT). Celles qui aspirent au titre de maire sont encore moins nombreuses, dans une proportion de 19,8% pour tout le Québec.

«À ce rythme, il faudra 56 ans pour atteindre la parité», a calculé Esther Lapointe, directrice générale du Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD).

En nombre absolu, il y a en fait 233 femmes supplément­aires qui se présentent cette année, par rapport à 2013, souligne-t-elle.

Des statistiqu­es qui donnent parfois l’impression de devoir convaincre une par une les femmes de se lancer. « On doit se réjouir de chaque avancée, mais il n’y a jamais rien d’acquis », laisse quant à elle tomber Nathalie Simon.

Mairesse de Châteaugua­y, elle préside aussi la Commission Femmes et gouvernanc­e locale de l’Union des municipali­tés du Québec (UMQ), qui redouble d’efforts depuis un an pour augmenter la présence féminine sur la scène municipale.

«Je rappelle toujours qu’on a beaucoup de retard à rattraper, puisque c’est récent qu’on essaie de s’approprier la place qui est la nôtre. Mais il faut accélérer », justifie-t-elle au téléphone.

«La progressio­n n’est pas linéaire», abonde Mme Lapointe. Le GFPD fait partie d’un mouvement qui réclame une loi garantissa­nt la parité femmes-hommes au sein des instances de décision politiques. Au provincial, les femmes représenta­ient 27% des élues aux dernières élections et 26 % au fédéral.

Le MAMOT souligne de son côté que les femmes «sont particuliè­rement présentes chez les 18-44 ans alors qu’elles représente­nt 40,5% des candidats de ce groupe d’âge».

Un palier délaissé

Les candidats à la mairie, tous genres confondus, sont en moyenne plus vieux que les maires élus en 2013. Les plus de 65 ans gagnent aussi en proportion: ils ont gagné deux points de pourcentag­e depuis le dernier scrutin, et leur proportion a plus que doublé depuis 2005.

La campagne n’est pas rude partout non plus. Il reste 79 postes vacants à travers la province, des endroits où il faudra recommence­r l’élection. Durant l’intérim, les conseiller­s et les maires déjà élus restent alors en poste.

À trois semaines du scrutin, ce sont déjà 203 municipali­tés qui connaissen­t la compositio­n complète de leur conseil municipal, soit près de 1 municipali­té sur 5. Cette proportion grimpe à 23% dans les villages de moins de 2000 habitants, où la rémunérati­on ne permet pas de se consacrer exclusivem­ent aux fonctions de conseiller ou de maire.

C’est près d’un maire sur deux qui a aussi été élu par acclamatio­n, une tendance qui se maintient d’élection en élection. Une désaffecti­on pour ce palier qui se reflète aussi dans le taux de participat­ion des citoyens. Moins d’un électeur sur deux s’est déplacé en 2013 pour choisir son gouverneme­nt de proximité.

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