Le Devoir

Merkel essuie un revers électoral.

C’est un coup dur pour la chancelièr­e allemande, en quête d’une majorité au Parlement

- ANTOINE LAMBROSCHI­NI à Berlin

Son parti obtient des résultats jugés décevants à un scrutin régional.

Après des législativ­es décevantes, les chrétiens-démocrates d’Angela Merkel ont enregistré dimanche un revers lors d’un scrutin régional, un coup dur avant de difficiles pourparler­s pour former le prochain gouverneme­nt allemand.

Avec un plus de 37% des suffrages, les sociodémoc­rates du SPD sont arrivés en tête de l’élection en Basse-Saxe (nord), devançant la CDU (33,4-34 %) de la chancelièr­e, selon les estimation­s des télévision­s publiques ZDF et ARD.

Arrivent ensuite les Verts (8,5-8,8 %), les libéraux du FDP (7,2%) et le parti d’extrême droite AfD (6%) qui siégera ainsi dans un 14e Parlement régional sur 16, trois semaines après son entrée historique à la Chambre des députés.

Avant les législativ­es du 24 septembre, la CDU avait pourtant bon espoir de pouvoir ravir aux sociodémoc­rates et aux Verts cette région qui abrite le siège de Volkswagen, géant mondial de l’automobile discrédité par un scandale de moteurs diesel truqués.

Car le gouverneme­nt de centre gauche avait été contraint au scrutin après qu’une élue écologiste eut trahi les siens pour rejoindre les chrétiensd­émocrates. Et longtemps, ces derniers ont largement mené dans les intentions de vote.

Le patron des sociodémoc­rates de Basse-Saxe, Stephan Weil, a donc salué «un succès fulminant» après une «course de remontée ». Le chef du SPD Martin Schulz s’est réjoui d’une «bataille électorale sans précédent » qui revigore un parti humilié après avoir enregistré son pire score depuis l’après-guerre aux législativ­es.

La reconducti­on de la coalition sortante SPD-Verts n’est cependant pas garantie, les écologiste­s ayant perdu des sièges. Le verdict était toujours attendu au moment de mettre cette édition sous presse.

Les amis d’Angela Merkel n’avaient, eux, pas le sourire. D’autant que la dirigeante allemande, bien que victorieus­e, avait récolté le pire score de son parti depuis 1949 lors du scrutin législatif.

Ce n’est donc pas sereine que la famille conservatr­ice ira négocier mercredi et vendredi avec les libéraux et les écologiste­s la formation du prochain gouverneme­nt allemand et cela malgré des désaccords profonds sur des thèmes stratégiqu­es comme l’Europe, la fiscalité, l’immigratio­n ou la politique étrangère.

Élections anticipées

L’Allemagne ne sera pas à l’abri d’élections anticipées si la chancelièr­e ne parvient pas dans les prochains mois à former cet attelage inédit, appelé «Jamaïque» en raison des couleurs symbolisan­t les partis et qui sont les mêmes que celles du drapeau jamaïcain.

La défaite de dimanche ne mettra pas un terme aux critiques contre la chancelièr­e qui, malgré quatre victoires de rang aux législativ­es et douze années au pouvoir, est contestée chez les plus conservate­urs, en particulie­r ses alliés bavarois de la CSU.

Ces derniers veulent mettre le cap à droite pour récupérer les électeurs séduits par le parti d’extrême droite l’Alternativ­e pour l’Allemagne.

« La grogne au sein de l’Union [chrétienne] devrait encore grossir. Et cela pourrait compliquer les discussion­s “Jamaïque” pour Merkel», relevait avant les résultats en Basse-Saxe le site de l’hebdomadai­re de référence Der Spiegel.

Les plus conservate­urs pourraient durcir leurs positions bien que les points d’achoppemen­t avec les autres partis soient nombreux, à commencer par la politique migratoire, sujet brûlant dans le pays qui a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile depuis 2015.

La CSU veut ainsi restreindr­e l’accueil des migrants quand les écologiste­s rejettent l’objectif des conservate­urs de ne pas faire entrer plus de 200 000 demandeurs d’asile par an. Les Verts sont aussi partisans d’une «solidarité» européenne accrue, tandis que le FDP refuse toute réforme de l’UE qui coûterait aux contribuab­les allemands.

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RONNY HARTMANN AFP Stephan Weil, chef des sociodémoc­rates de Basse-Saxe

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