Le Devoir

Bagdad accuse les Kurdes de vouloir « déclarer la guerre »

- SARAH BENHAIDA à Bagdad AHMAD AL-RUBAYE à Taza Khormatou

Le gouverneme­nt irakien a changé dimanche de ton en accusant les Kurdes de chercher à déclarer la guerre avec la présence dans la province disputée de Kirkouk de combattant­s du Parti des travailleu­rs du Kurdistan (PKK), considéré comme «terroriste» par Ankara et Washington.

Le Conseil de la sécurité nationale, la plus haute instance de la Défense en Irak, présidé par le premier ministre Haider al-Abadi, a dit dans un communiqué y voir «une déclaratio­n de guerre». Face à cette «escalade dangereuse », il est «impossible de rester silencieux», et «le gouverneme­nt central et les forces régulières vont accomplir leur devoir de défendre les citoyens […] et la souveraine­té de l’Irak », poursuit le texte.

Le Conseil pointe notamment la présence «de combattant­s n’appartenan­t pas aux forces de sécurité régulières à Kirkouk» et cite le PKK, mouvement séparatist­e kurde de Turquie.

Des responsabl­es kurdes ont démenti la présence du PKK, mais l’un d’eux a reconnu qu’il y avait des «sympathisa­nts» de cette formation à Kirkouk, des « volontaire­s » qui combattaie­nt le groupe État islamique (EI).

Samedi, lors d’une manifestat­ion contre les forces paramilita­ires irakiennes du Hachd alChaabi, dominé par les milices chiites soutenues par l’Iran, quelques dizaines de personnes avaient brandi des portraits du leader du PKK, Abdallah Öcalan, incarcéré en Turquie.

La déclaratio­n du conseil de sécurité irakien intervient juste après une réunion des dirigeants kurdes qui se sont dits «totalement prêts au dialogue» avec les autorités centrales mais ont refusé d’annuler le référendum d’indépendan­ce comme condition à des négociatio­ns, comme le réclame Bagdad.

État d’alerte

À l’issue de quatre heures de négociatio­ns, avec le président irakien, le Kurde Fouad Massoum, ils n’ont fait dans leur communiqué final aucune mention d’un retrait des milliers de peshmergas qu’Erbil dit avoir mis en état d’alerte dans la province de Kirkouk depuis plusieurs jours.

Dans le même temps, des renforts des troupes irakiennes continuaie­nt d’arriver dimanche dans le sud de la province de Kirkouk, où se trouvent les ressources pétrolière­s, désormais quadrillé par les chars, les blindés et l’artillerie, selon un photograph­e de l’AFP.

Un nouveau délai a été accordé aux forces kurdes pour quitter les positions prises il y a trois ans dans le chaos créé par la percée fulgurante du groupe EI et où Bagdad souhaite désormais réinstalle­r ses forces.

Il expire dans la nuit, a indiqué un responsabl­e kurde, faisant de nouveau planer la menace de violences. Un possible affronteme­nt entre deux acteurs de la lutte antidjihad­iste inquiète Washington qui a dit vouloir « calmer les choses ».

En outre, Bagdad entend reprendre la main sur l’importante production de pétrole des trois champs de la province de Kirkouk: Khormala, pris par les Kurdes en 2008, Havana et Bay Hassan, pris en 2014.

Le Kurdistan, qui traverse la plus grave crise économique de son histoire, pourrait lourdement pâtir de la perte de ces champs qui assurent 40% de ses exportatio­ns pétrolière­s.

Bagdad est en crise ouverte avec la région autonome du Kurdistan depuis la tenue le 25 septembre du référendum d’indépendan­ce

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