Le Bangladesh craint l’arrivée de centaines de Rohingyas d’Inde
Dacca — Le Bangladesh, déjà confronté à l’arrivée massive de réfugiés en provenance du Myanmar, a renforcé la sécurité à sa frontière occidentale en raison de l’arrivée possible de centaines de Rohingyas d’Inde, ont annoncé dimanche des responsables locaux.
Les patrouilles ont été renforcées le long de la frontière avec l’État indien du Bengale occidental, où les gardes-frontières ont reçu pour consigne de repousser vers le Bangladesh les membres de la minorité rohingya.
Tariqul Hakim, un commandant local des gardesfrontières du Bangladesh en poste à la localité de Putkhali, a affirmé que des Rohingyas se rassemblaient de l’autre côté du fleuve qui sépare les deux pays.
«Nous avons renforcé la surveillance et les patrouilles afin qu’aucun Rohingya ne soit renvoyé sur notre territoire», a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Hakim.
Officiellement établi à 16 000, on estime cependant à 40 000 le nombre de réfugiés rohingyas en Inde. New Delhi avait déclaré en août qu’elle comptait déporter les Rohingyas se trouvant sur son territoire, même ceux dûment enregistrés comme réfugiés auprès des Nations unies, en invoquant des raisons de sécurité.
Cette annonce avait déclenché une pluie de critiques parmi les défenseurs des droits de la personne.
M. Hakim a estimé que les Rohingyas basés en Inde pourraient être tentés d’aller retrouver leurs familles dans le sudest du Bangladesh, où plus d’un demi-million de membres de cette minorité musulmane sont arrivés depuis la fin août, fuyant les persécutions dont ils étaient victimes au Myanmar.
Un garde-frontière indien en poste dans le Bengale occidental a affirmé à l’AFP qu’auparavant, les patrouilles livraient à la police les Rohingyas interceptés. «Mais désormais, nos consignes sont claires, elles sont de repousser les Rohingyas au Bangladesh », a-t-il assuré sous couvert d’anonymat.
Côté bangladais, Abdul Hossain, un responsable des gardesfrontières, a précisé que les villages étaient en état d’alerte, alors que des réfugiés arrivés d’Inde disaient être encouragés à franchir la frontière par les autorités locales.
« Nous patrouillons le long de la frontière jour et nuit pour les empêcher de passer. Les villageois le font avec nous», a dit M. Hossain à l’AFP.
Le Bangladesh, qui abrite déjà 800 000 Rohingyas arrivés lors de vagues d’émigration successives, est réticent à en accueillir davantage en raison du défi humanitaire que cela pose.
Histoire d’horreur
Des éléphants sauvages ont tué samedi quatre réfugiés rohingyas, une femme et trois enfants, alors qu’ils se construisaient un abri dans la forêt du camp de Balukhali, au Bangladesh, a annoncé la police locale.
« Ils ont été piétinés par sept ou huit éléphants sauvages », qui ont également blessé deux personnes, a précisé à l’AFP Afrozul Haq Tutul, chef adjoint de la police de Cox’s Bazar.
Les victimes avaient entrepris de se construire un abri dans une partie de la forêt où les éléphants sauvages viennent souvent chercher de la nourriture ou s’abriter, a-t-il ajouté.
C’est la deuxième fois que des réfugiés rohingyas sont attaqués par des éléphants sauvages. La première fois, deux personnes, un vieillard et un enfant, avaient été tuées par des éléphants qui les avaient piétinées alors qu’ils dormaient dans un abri de fortune.
On estime à 536 000 le nombre de Rohingyas arrivés au Bangladesh depuis la reprise des violences le 25 août dans l’État de Rakhine, au Myanmar.
Il n’y a quasiment plus de place disponible dans les camps établis à la frontière, et les nouveaux arrivants abattent des arbres ou arbustes pour se construire de quoi s’abriter des pluies de la mousson.
Beaucoup campent simplement en plein air ou le long des routes, où ils se précipitent sur les camions apportant de l’aide.
Le gouvernement du Bangladesh a alloué 1200 hectares de forêt pour permettre de construire des abris pour les réfugiés, mais beaucoup se sont déjà installés avant que la construction officielle commence.
Le risque de heurts avec les éléphants, très présents dans la région, est « inévitable », a expliqué à l’AFP sous couvert d’anonymat un responsable local des forêts. «C’est une forêt protégée, fréquentée en permanence par des éléphants sauvages. »
«Nous patrouillons le long de la frontière jour et nuit pour les empêcher de passer. Les villageois le font avec nous.»