Alain Trudel et le Métropolitain : le bonheur pur et simple
IMAGINER L’ESPAGNE De Falla: La vie brève: Danse espagnole. Evangelista: Concerto pour marimba et orchestre (création mondiale). Rimski-Korsakov: Capriccio espagnol. De Falla: Le tricorne (ballet intégral). Julien Bélanger (marimba), Marjorie Maltais (mezzo-soprano). Première Église évangélique arménienne d’Ahuntsic, mercredi 18 octobre. Reprise le 20 octobre à la Maison symphonique de Montréal, à 19h30, et le 22 octobre à l’auditorium de la Maison de la culture de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, à 14h30.
Voulez-vous vivre un concert qui donne envie de crier «Olé!» après le dernier accord? Un concert qui rend heureux, tout simplement, grâce à l’enthousiasme collectif, à la compétence et au bon usage de ce qu’on peut appeler le «coeur à l’ouvrage»? Alors, une chance unique s’offre à vous: il a lieu ce vendredi soir à la Maison symphonique de Montréal, et Le Devoir est allé l’écouter pour vous, dès mercredi, à Ahuntsic.
Ce concert m’a fait plaisir pour beaucoup de raisons: l’absence totale de prétention, de complications, l’approche juste des univers sonores et l’énergie viscérale allant de la scène vers le public. Vraiment, Alain Trudel, nouvellement nommé directeur du Toledo Symphony Orchestra en Ohio, et qui enregistrera avec Marie-Josée Lord en concert mercredi prochain son second CD avec l’Orchestre symphonique de Laval, me surprend de plus en plus.
Je trouve fréquemment dans sa vision des éléments vraiment pertinents même dans des oeuvres très connues, que ce soit dans la Sérénade pour cordes de Tchaïkovski à Laval, le Concerto de Québec de Mathieu au Festival Classica (CD Atma) ou, cette semaine, dans sa manière quasi instinctive d’oser les timbres crus et les arêtes vives qui caractérisent la musique espagnole ou hispanisante.
Partout, lors du concert Imaginer l’Espagne, j’ai pensé à Charles Mackerras: ce chef de la limpidité, de la simplicité, qui, après avoir défriché le texte en répétition, laissait s’exprimer la musique. Trudel, c’est ça: il débroussaille, clarifie et «lâche les chevaux». Son mot d’ordre n’est pas «Et si c’était trop fort ici ou là?» mais «Amusez-vous; faites-vous plaisir!». Le chef a compris que, si les musiciens ont du plaisir et de la fierté sur scène, le bonheur passera dans la salle.
Ce que j’écris là a l’air très bête. Mais, sur le fond, c’est une attitude, une ouverture, et ceux qui étaient à un certain autre concert, mardi, compareront avec grand intérêt la musique contrite qu’ils y ont entendue avec cette narration baignée d’une joie solaire.
Le programme comporte une nouvelle oeuvre de José Evangelista, compositeur à l’honneur de la Société de musique contemporaine cette année. Son Concerto pour marimba et orchestre, d’une quinzaine de minutes en trois volets, est très accessible. Le compositeur est peu disert sur son oeuvre dans la notice. Le 1er mouvement, qui débute dans un univers harmonique presque balte (Pärt n’est pas loin), qu’il quitte pour un idiome très simple, adopte une structure en miroir. L’orchestre suit le soliste, qui, par variation, double la cadence, puis revient à sa pulsation. Le second volet nous fait entrer dans une forêt profonde. Le matériau musical n’est pas très riche, mais les atmosphères sont réussies. Le finale prend des teintes plus asiatiques, parfois un peu gamelan, lorsque le marimba dédouble le rythme. Une fausse fin débouche sur une cadence du soliste (l’excellent jeune percussionniste Julien Bélanger) avant un accélérando final.
Ajout réussi à un programme de classiques populaires enthousiasmants qui donnent l’occasion rare d’entendre l’intégrale du ballet Le tricorne, avec la participation vocale réussie de la mezzo Marjorie Maltais. La critique de Mélanie Carpentier de deux spectacles de danse japonaise du microfestival à l’Agora de la danse, sur les plateformes numériques du Devoir.
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