Les collégiens souhaitent participer davantage aux décisions
Des cégeps au financement plus stable et mieux adapté aux besoins, qui donnent plus de place aux étudiants dans les processus décisionnels et qui ne s’arriment pas à outrance aux besoins du marché du travail au détriment de leur mission éducative : voilà
Après avoir formé plus de deux millions de jeunes en 50 ans, les cégeps restent des plus pertinents pour le Québec, croit la fédération représentant 65 000 collégiens. «Ils contribuent encore aujourd’hui grandement à la réussite et à l’accès à l’enseignement supérieur », souligne Jason St-Amour, son président. Certains enjeux doivent cependant être étudiés et adaptés à la société actuelle et future pour que la pérennité et la viabilité des cégeps soient assurées.
Un financement adéquat
«La formule de financement des cégeps date des années 1990, on se doit de la revoir», fait d’abord valoir Jason StAmour. Actuellement, les fonds alloués aux cégeps fluctuent d’une élection à l’autre, selon les volontés gouvernementales et les réorientations ministérielles. «C’est très difficile
de bâtir des projets à long terme ainsi », affirme le président de la FECQ.
«Les sommes présentement allouées aux cégeps sont plus petites que les besoins», continuet-il. On estime à 155 millions les compressions qu’ont subies les cégeps au cours des dernières années. «Cela affecte les services, l’accessibilité et la qualité de l’offre de formation sur l’ensemble du territoire », dit-il. Le système actuel crée aussi des iniquités importantes entre les petits et les gros cégeps, poursuit le jeune homme. «Lorsque le ministère décide de couper à la grandeur du réseau en enlevant le même montant à tous, l’impact est beaucoup plus
grand pour les petits», renchérit Jason St-Amour, faisant valoir par exemple qu’il est plus cher d’offrir des cours en région que dans les grands centres. Les coûts pour les infrastructures sont en effet les mêmes partout, mais il y a moins d’étudiants par classe en Abitibi qu’à Montréal. Une asymétrie dans l’offre de programmes se crée alors à travers la province.
«Il faut que le gouvernement comprenne que l’éducation est un facteur de réussite primordial dans la société, estime pour sa part Gabriel Boivin, président de l’Association étudiante du cégep de Sainte-Foy, l’une des 23 associations membres de la FECQ. Si son financement n’est pas adéquat, elle tend à perdre sa vitalité. »
Une plus grande place aux jeunes
La FECQ souhaite aussi voir les étudiants plus au premier plan. «Il faut sortir de la pensée clientéliste et utilisatrice du cégep et mettre l’étudiant au coeur de l’institution et de sa mission », affirme Jason St-Amour. S’il sent que les étudiants réussissent à faire entendre leur voix, il déplore qu’ils n’aient que très peu de place dans les instances à l’intérieur des établissements, ainsi que sur le plan local et national. «Lors des tables de concertations sur l’enseignement ou la refonte du système, par exemple, les représentants syndicaux et la communauté du marché du travail ont une place acquise, mais pas les étudiants, déplore-t-il. Et lorsqu’un siège leur est offert, le rôle des étudiants est souvent restreint à celui d’observateur. On les accueille, mais ce sont tous les autres acteurs qui votent et décident.»
«Durant la présente campagne électorale municipale, on demande aux candidats de faire de la place aux étudiants pour qu’ils puissent déposer un mémoire, mais aussi donner leur opinion au sein de comités, renchérit Gabriel Boivin. Plus les instances seront ouvertes, plus les jeunes se lèveront pour parler. Plus ils se lèveront, plus on leur accordera de place. »
La mission éducative au coeur des cégeps
Les deux responsables étudiants soulignent aussi les risques de trop s’arrimer aux besoins du marché du travail dans l’offre de programmes de formation. «Les cégeps ont une mission de démocratisation de l’enseignement depuis leur création, rappelle le président de l’association étudiante du cégep de SainteFoy. L’éducation rend les jeunes plus curieux, plus critiques dans la société. Il ne faut pas oublier ça au détriment d’une entrée plus rapide sur le marché du travail. »
S’ils reconnaissent qu’elles répondent à un besoin réel de certaines personnes et du marché de l’emploi, les attestations d’études collégiales (AEC), qui se multiplient et qui permettent d’être diplômé très rapidement sur un sujet précis, ne doivent pas devenir la norme, préviennent-ils. « Les cours sont tellement précis et techniques que la formation devient vite obsolète, affirme Jason St-Amour. La formation plus générale du DEC développe pour sa part les aptitudes et les connaissances générales des étudiants pour leur permettre de s’adapter de façon plus naturelle aux exigences du marché. »
«La formule de financement des cégeps date des années 1990, on se doit de la revoir»