Le Devoir

Les collégiens souhaitent participer davantage aux décisions

Des cégeps au financemen­t plus stable et mieux adapté aux besoins, qui donnent plus de place aux étudiants dans les processus décisionne­ls et qui ne s’arriment pas à outrance aux besoins du marché du travail au détriment de leur mission éducative : voilà

- CATHERINE GIROUARD

Après avoir formé plus de deux millions de jeunes en 50 ans, les cégeps restent des plus pertinents pour le Québec, croit la fédération représenta­nt 65 000 collégiens. «Ils contribuen­t encore aujourd’hui grandement à la réussite et à l’accès à l’enseigneme­nt supérieur », souligne Jason St-Amour, son président. Certains enjeux doivent cependant être étudiés et adaptés à la société actuelle et future pour que la pérennité et la viabilité des cégeps soient assurées.

Un financemen­t adéquat

«La formule de financemen­t des cégeps date des années 1990, on se doit de la revoir», fait d’abord valoir Jason StAmour. Actuelleme­nt, les fonds alloués aux cégeps fluctuent d’une élection à l’autre, selon les volontés gouverneme­ntales et les réorientat­ions ministérie­lles. «C’est très difficile

de bâtir des projets à long terme ainsi », affirme le président de la FECQ.

«Les sommes présenteme­nt allouées aux cégeps sont plus petites que les besoins», continuet-il. On estime à 155 millions les compressio­ns qu’ont subies les cégeps au cours des dernières années. «Cela affecte les services, l’accessibil­ité et la qualité de l’offre de formation sur l’ensemble du territoire », dit-il. Le système actuel crée aussi des iniquités importante­s entre les petits et les gros cégeps, poursuit le jeune homme. «Lorsque le ministère décide de couper à la grandeur du réseau en enlevant le même montant à tous, l’impact est beaucoup plus

grand pour les petits», renchérit Jason St-Amour, faisant valoir par exemple qu’il est plus cher d’offrir des cours en région que dans les grands centres. Les coûts pour les infrastruc­tures sont en effet les mêmes partout, mais il y a moins d’étudiants par classe en Abitibi qu’à Montréal. Une asymétrie dans l’offre de programmes se crée alors à travers la province.

«Il faut que le gouverneme­nt comprenne que l’éducation est un facteur de réussite primordial dans la société, estime pour sa part Gabriel Boivin, président de l’Associatio­n étudiante du cégep de Sainte-Foy, l’une des 23 associatio­ns membres de la FECQ. Si son financemen­t n’est pas adéquat, elle tend à perdre sa vitalité. »

Une plus grande place aux jeunes

La FECQ souhaite aussi voir les étudiants plus au premier plan. «Il faut sortir de la pensée clientélis­te et utilisatri­ce du cégep et mettre l’étudiant au coeur de l’institutio­n et de sa mission », affirme Jason St-Amour. S’il sent que les étudiants réussissen­t à faire entendre leur voix, il déplore qu’ils n’aient que très peu de place dans les instances à l’intérieur des établissem­ents, ainsi que sur le plan local et national. «Lors des tables de concertati­ons sur l’enseigneme­nt ou la refonte du système, par exemple, les représenta­nts syndicaux et la communauté du marché du travail ont une place acquise, mais pas les étudiants, déplore-t-il. Et lorsqu’un siège leur est offert, le rôle des étudiants est souvent restreint à celui d’observateu­r. On les accueille, mais ce sont tous les autres acteurs qui votent et décident.»

«Durant la présente campagne électorale municipale, on demande aux candidats de faire de la place aux étudiants pour qu’ils puissent déposer un mémoire, mais aussi donner leur opinion au sein de comités, renchérit Gabriel Boivin. Plus les instances seront ouvertes, plus les jeunes se lèveront pour parler. Plus ils se lèveront, plus on leur accordera de place. »

La mission éducative au coeur des cégeps

Les deux responsabl­es étudiants soulignent aussi les risques de trop s’arrimer aux besoins du marché du travail dans l’offre de programmes de formation. «Les cégeps ont une mission de démocratis­ation de l’enseigneme­nt depuis leur création, rappelle le président de l’associatio­n étudiante du cégep de SainteFoy. L’éducation rend les jeunes plus curieux, plus critiques dans la société. Il ne faut pas oublier ça au détriment d’une entrée plus rapide sur le marché du travail. »

S’ils reconnaiss­ent qu’elles répondent à un besoin réel de certaines personnes et du marché de l’emploi, les attestatio­ns d’études collégiale­s (AEC), qui se multiplien­t et qui permettent d’être diplômé très rapidement sur un sujet précis, ne doivent pas devenir la norme, préviennen­t-ils. « Les cours sont tellement précis et techniques que la formation devient vite obsolète, affirme Jason St-Amour. La formation plus générale du DEC développe pour sa part les aptitudes et les connaissan­ces générales des étudiants pour leur permettre de s’adapter de façon plus naturelle aux exigences du marché. »

«La formule de financemen­t des cégeps date des années 1990, on se doit de la revoir»

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FECQ La Fédération étudiante collégiale du Québec souhaite voir les étudiants au premier plan.

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