Le Devoir

Rex Tillerson en mission pour tenter de minimiser « l’influence négative » de l’Iran

- FRANCESCO FONTEMAGGI à Doha

Le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, a exigé dimanche le départ d’Irak des «milices iraniennes», au cours d’une visite dans le Golfe destinée à mettre en avant les efforts des États-Unis pour endiguer l’influence de Téhéran au Moyen-Orient.

En Arabie saoudite et au Qatar où il s’est rendu successive­ment, il n’a en revanche obtenu aucune percée dans la grave crise du Golfe qui oppose notamment ces deux pays. «Il n’y a pas de signe fort indiquant que les parties sont prêtes à dialoguer», a-t-il déploré dans la soirée à Doha, semblant viser en particulie­r Riyad et ses alliés.

Dans la matinée, le chef de la diplomatie américaine avait assisté dans la capitale saoudienne à la première réunion de la Commission de coordinati­on saoudo-irakienne, lancée solennelle­ment par le roi Salmane d’Arabie saoudite et le premier ministre irakien, Haider al-Abadi.

Un Irak « indépendan­t et fort» va «permettre d’une certaine manière de contrecarr­er les influences négatives de l’Iran », a-t-il dit. «Les milices iraniennes qui sont en Irak, maintenant que le combat contre l’État islamique touche à sa fin», « doivent rentrer chez elles, tous les combattant­s étrangers doivent rentrer chez eux», a-t-il insisté.

Il faisait référence au Hachd al-Chaabi, des unités paramilita­ires qui regroupent plus de 60 000 hommes, pour beaucoup issus de milices chiites soutenues par l’Iran, formées en 2014 pour suppléer les forces gouverneme­ntales irakiennes face aux djihadiste­s du groupe armé État islamique (EI). «Soit ils partent, soit ils intègrent les forces de sécurité irakiennes », une grande partie de ces miliciens étant irakiens, a précisé un haut responsabl­e américain.

Rex Tillerson a toutefois ensuite affirmé que le premier ministre irakien contrôlait «totalement son pays».

Il a aussi appelé l’Irak et l’Arabie saoudite à renforcer encore leur «relation vitale pour la stabilité» et la « sécurité» de la région.

«Malheureus­ement par le passé, les Irakiens ont eu des gouverneme­nts […] pas très amicaux à l’égard de l’Arabie saoudite», a dit pour sa part le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, saluant la nouvelle dynamique.

Face à son rival iranien, le royaume sunnite a entrepris de se rapprocher de Bagdad, après avoir longtemps eu des relations difficiles avec les gouverneme­nts irakiens à dominante chiite et proches de Téhéran qui se sont succédé depuis 2003.

La visite de Rex Tillerson intervient moins de dix jours après la présentati­on par Donald Trump de sa stratégie face à l’Iran chiite, une de ses bêtes noires, accusé de «semer la mort, la destructio­n et le chaos».

 ?? ALEX BRANDON AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Rex Tillerson a rencontré le prince saoudien Mohammed bin Salman, à Riyad, dimanche.
ALEX BRANDON AGENCE FRANCE-PRESSE Rex Tillerson a rencontré le prince saoudien Mohammed bin Salman, à Riyad, dimanche.

Newspapers in French

Newspapers from Canada