Les Jeannois ont choisi le pouvoir
Les partis d’opposition ont minimisé l’échec de leur chef
Décevant, mais pas notre faute, ont répliqué en coeur les partis d’opposition qui sont sortis perdants de l’élection partielle dans LacSaint-Jean. Les électeurs ont simplement succombé à l’attrait du pouvoir, ont martelé tour à tour conservateurs, bloquistes et néodémocrates, dont les nouveaux chefs ont chacun échoué à leur premier test électoral au Québec.
Les libéraux, eux, étaient ravis d’avoir récupéré cette circonscription qu’ils n’avaient pas représentée depuis 1980 — sous un autre premier ministre nommé… Pierre Elliott Trudeau. «C’est historique! a scandé le ministre des Transports Marc Garneau. On a gagné un comté au Lac-Saint-Jean qui, historiquement, votait Bloc ou conservateur. Il y a de quoi être très, très heureux du résultat.» En 2015, c’est dans la circonscription de Lac-Saint-Jean que les troupes de Justin Trudeau avaient obtenu leur pire score de la province, avec 18,4%. Lundi soir, leur candidat, Richard Hébert, a gagné le siège avec 38,6% des voix. Le premier ministre Justin Trudeau s’est réjoui «d’avoir une voix de plus dans notre équipe forte pour le Québec».
Les conservateurs n’ont donc pas réussi à conserver la circonscription de l’ancien ministre Denis Lebel, malgré les nombreuses visites du chef Andrew Scheer et d’élus québécois qui étaient allés prêter main-forte au candidat Rémy Leclerc. Malgré tout, le chef a voulu rester optimiste.
«C’est clair que notre message résonne, a-t-il fait valoir au lendemain de sa défaite. Soixantedeux pour cent des gens de Lac-Saint-Jean ont voté contre le plan économique et les politiques du gouvernement.» Le candidat conservateur Rémy Leclerc a récolté 25% des voix lundi, alors que Denis Lebel l’avait emporté avec 33% en 2015 (son résultat le plus faible en dix ans).
Une victoire malgré les déboires
Les conservateurs avaient fait campagne dans Lac-Saint-Jean en critiquant le bilan de mimandat du gouvernement Trudeau, tout comme les bloquistes. Les dernières semaines ont été difficiles pour les libéraux, malmenés par l’impopularité de leur réforme fiscale pour les entreprises et les reproches assénés à leur ministre des Finances, Bill Morneau, pour la gestion de ses avoirs.
Les libéraux ont connu un léger recul dans les intentions de vote pancanadiennes, ces dernières semaines. Le dernier coup de sonde Angus Reid, mi-octobre, les plaçait au coude à coude avec les conservateurs, à 35% chacun. Au Québec, les troupes de M. Trudeau conservaient 40 % d’appuis, tandis que 20 % allaient aux conservateurs, 18% au NPD et 16% au Bloc. Au mois d’août, un sondage Léger accordait 43% aux libéraux, 19% au NPD, 16% au Bloc et 15% aux conservateurs.
«La lune de miel est encore là. Mais elle s’estompe, a assuré le bloquiste Louis Plamondon. En 2019, la lune de miel va être finie. Les gens commencent déjà à être déçus des performances du gouvernement libéral.» Mais cette fois-ci, les Jeannois souhaitaient élire un député qui siégerait au gouvernement, selon la bloquiste Monique Pauzé.
Sa chef, Martine Ouellet, a choisi elle aussi de voir son premier résultat électoral à la tête du Bloc d’un bon oeil. Le parti souverainiste a gagné cinq points de pourcentage par rapport à 2015, avec 23,4% contre 18,4% il y a deux ans, lorsqu’il était arrivé au quatrième rang à égalité avec les libéraux.
Les bloquistes entrevoyaient une victoire, lundi, puisque leur candidat Marc Maltais avait eu l’appui des syndicats du comté et qu’il était fort connu à Alma — la ville la plus importante de la circonscription. Il a même eu l’aide des péquistes d’Alexandre Cloutier pendant sa campagne. Mais M. Maltais est arrivé troisième. « On a augmenté notre pourcentage d’appuis. On le voit, on est en montée », a néanmoins soutenu Mme Ouellet.
Désaveu de Jagmeet Singh?
Le nouveau chef du NPD s’est contenté d’une réaction écrite, reconnaissant que les résultats «ne sont pas à notre avantage». La candidate Gisèle Dallaire a connu une dégringolade lundi, récoltant 11,7% des votes, alors qu’elle était arrivée deuxième en 2015 avec 28,5 %.
Le député Alexandre Boulerice a refusé de rejeter la responsabilité sur son nouveau chef, qui a été élu le 1er octobre. «Ce serait un petit peu injuste de lui faire porter sur les épaules les résultats. » Mme Dallaire a toutefois reconnu, lundi soir en entrevue avec La Presse canadienne, que les signes religieux de M. Singh avaient fait l’objet de discussions lors de son porte-à-porte.
Les conservateurs ont par ailleurs conservé lundi l’ancien siège de Rona Ambrose en Alberta, Sturgeon River–Parkland.