Le Devoir

V sans Salvail & Co

La maison de production est vendue. Le réseau se fait rassurant.

- STÉPHANE BAILLARGEO­N

La compagnie de production Salvail & Co est vendue. Par contre, le réseau de télévision V, lui, n’est pas à vendre et ne se retrouve pas en posture critique depuis la chute de son animateur et producteur vedette Éric Salvail, assure la direction de l’entreprise.

«Toutes sortes de rumeurs farfelues ont circulé ces derniers jours voulant que nous sommes à vendre: ce n’est pas le cas», a dit au Devoir Dimitri Gourdin, vice-président stratégie et communicat­ion du Groupe V Média, qui comprend la chaîne V, mais aussi MusiMax et Musique Plus.

Le Journal de Montréal publiait mardi que la famille Rémillard, propriétai­re du Groupe V, voulait se départir de son entreprise médiatique. L’affaire Salvail n’aurait fait qu’accentuer ce désir.

«Nous sommes au contraire à l’affût d’opportunit­és de croissance, dit encore M. Gourdin. Nous sommes en mode expansion et nous négocions des acquisitio­ns. Je démens donc absolument les rumeurs de vente du Groupe V Média.»

Reste qu’Éric Salvail, roi déchu, en menait large dans le groupe. Il a perdu son aura, ses animations et sa maison de production tout d’un coup la semaine dernière à la suite de dénonciati­ons d’agressions et de harcèlemen­ts de la part de plusieurs personnes, hommes et femmes.

Media Ranch vient d’acheter sa maison de production Salvail & Co. La nouvelle propriétai­re acquiert en fait les concepts des émissions créées et produites par Salvail & Co.

Le mariage dévoilé mardi semble aller de soi. Media Ranch se spécialise dans le docufeuill­eton et la téléréalit­é. On lui doit notamment À table avec l’ennemi et Parcomètre blues. Le montant de la transactio­n n’a pas été dévoilé.

ICI Radio-Canada a aussitôt confirmé le retour de l’émission Les échangiste­s l’été prochain. «Nous, nous avions annoncé que nous ne collaborer­ions plus avec Éric Salvail et sa compagnie, dit M. Gourdin. Nous restons sur cette ligne. Maintenant, Média Ranch fait partie de nos éventuels partenaire­s. On regardera leurs propositio­ns.»

Sauve qui peut!

La réaction des annonceurs à la crise a été aussi rapide que fulgurante. Toutes les

marques qui employaien­t Éric Salvail l’ont largué illico, dont McDonald’s et Metro.

«Salvail est devenu toxique, dit Arnaud Granata, éditeur d’Infopresse, spécialisé en marketing, publicité et médias. Il fallait aller vite pour s’en dissocier. Il fallait s’éloigner du contenu lié à Éric Salvail. Maintenant, il faut trouver le moyen de replacer ces commandita­ires dans la grille. L’enjeu principal, je crois, est de créer un créneau aussi fort que celui occupé le soir par En mode Salvail.»

Le réseau s’y attelle. « Nous considéron­s plusieurs options, explique M. Gourdin. On étudie des propositio­ns pour renouveler notre offre de fin de soirée. Il n’y a pas d’urgence. Notre groupe ne repose pas sur un seul animateur ou un seul producteur.»

La quotidienn­e En mode Salvail ne faisait pas partie du palmarès des 30 émissions les plus écoutées du Québec. Seulement, à 22h, elle réussissai­t à concurrenc­er honorablem­ent les deux téléjourna­ux des généralist­es TVA et ICI RC Télé.

«Éric Salvail incarnait V, dans un créneau de fin de soirée, en attirant du public relativeme­nt jeune, ce qui demeure précieux pour une marque, dit encore M. Granata. Il a remporté des prix et il apportait aussi un succès d’estime à la chaîne. Il va falloir recréer ça.»

La pub se déploie maintenant de plusieurs manières. Sur différente­s plateforme­s, mais aussi à l’intérieur des émissions par l’entremise de placements publicitai­res. Toutes ces exploitati­ons publicitai­res doivent donc trouver des solutions de remplaceme­nt

«Salvail

est devenu toxique. Il fallait aller vite pour s’en dissocier [...]. Maintenant, il faut trouver le moyen de replacer ces commandita­ires dans la grille. Arnaud Granata, éditeur d’Infopresse

et des compensati­ons.

«C’est sûr, cette propriété avait une place particuliè­re dans notre entreprise, dit encore M. Gourdin. Mais encore une fois, nous faisons affaire avec des dizaines de partenaire­s. Nous avons la confiance totale de nos clients. Nous avons minimisé les impacts pour eux dans un premier temps. Il n’y a pas d’incidence financière importante pour l’instant. Nous avons un budget de programmat­ion très important et nous sommes capables de faire face à cette situation. L’impact du départ de Salvail est donc négligeabl­e de ce point de vue.»

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