Le Devoir

Le consommate­ur sera moins protégé si Québec va de l’avant, dit Option consommate­urs

- LIA LÉVESQUE

Les consommate­urs sont les laissés-pourcompte du projet de loi 141 sur certains services financiers, car ils perdront une certaine protection dont ils bénéficiai­ent en matière d’assurance, estime Option consommate­urs.

Le groupe de défense des droits des consommate­urs a rencontré la presse, mardi à Montréal, après avoir scruté ce projet de loi qui vise à encadrer le secteur financier, à protéger les dépôts d’argent et qui vise aussi le régime de fonctionne­ment des institutio­ns financière­s.

«Certaines de ces lois-là datent de 1998. On peut penser à l’assurance en ligne; c’est sûr qu’il y a un besoin d’adapter le cadre au niveau des réalités technologi­ques. Le problème, c’est que la protection des consommate­urs passe au second plan, de la manière dont ça a été fait. Et c’est particuliè­rement apparent dans le domaine des assurances », a critiqué Me Annik BélangerKr­ams, avocate pour Option consommate­urs.

Le groupe de défense des consommate­urs y trouve tant de lacunes qu’il demande carrément au gouverneme­nt de retourner à la planche à dessin. «On recommande de revoir une grande partie du projet de loi», a dit Me Bélanger-Krams.

Les critiques

Entre autres problèmes, Option consommate­urs déplore la diminution des obligation­s des représenta­nts, qui devaient proposer au consommate­ur le produit d’assurance qui lui convenait le mieux. De plus, le groupe craint que, dans bien des cas, le produit d’assurance puisse désormais être offert par une personne qui n’est pas certifiée.

Aussi, Option consommate­urs trouve que la vente de produits d’assurance en ligne n’est pas suffisamme­nt encadrée. «Les consommate­urs qui transigero­nt en ligne seront moins bien protégés et les cabinets auront moins d’obligation­s à respecter », estime-t-il.

Option consommate­urs déplore également l’éliminatio­n du Fonds pour l’éducation et la saine gouvernanc­e, qui avait le mérite d’informer le public en matière de produits et services financiers.

Il critique aussi l’éliminatio­n de la Chambre de l’assurance de dommages et de la Chambre de la sécurité financière pour mettre sur pied un guichet unique. Il craint que cela résulte en un encadremen­t moindre des représenta­nts au profit de l’encadremen­t des cabinets.

Option consommate­urs s’inquiète également de la mise en place d’un comité consultati­f des consommate­urs, auquel aucun siège n’est prévu pour les organismes voués à la défense des consommate­urs.

Le groupe trouve aussi étonnant qu’il soit prévu que, lorsqu’un dossier doit se rendre en médiation ou en conciliati­on, les frais inhérents sont partagés entre les deux parties — alors qu’un simple consommate­ur a peu de moyens comparativ­ement à une société.

«Mis à part quelques mesures vouées à améliorer la protection des consommate­urs, telles que l’élargissem­ent de l’accès au Fonds d’indemnisat­ion et la responsabi­lisation des assureurs, le projet de loi 141 représente un recul inacceptab­le en matière de protection du consommate­ur», a estimé Christian Corbeil, directeur général d’Option consommate­urs.

«À l’ère où les produits et services financiers deviennent de plus en plus complexes, au lieu de donner plus d’outils aux consommate­urs, on leur en enlève», a-t-il conclu.

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