Plaintes: l’exemple de Philadelphie
C’est le nom qui revient dans toutes les conversations avec des experts au sujet du traitement des plaintes d’agression sexuelle : Philadelphie.
«Si on cherche un modèle, c’est vers celui-là qu’il faut se tourner», dit Rachel Chagnon, professeure de droit à l’UQAM.
En 1999, un scandale — le tiers des plaintes pour viol étaient reléguées par la police dans des catégories d’actes non criminels, et très peu d’enquêtes avaient lieu — a forcé les services policiers de Philadelphie à revoir toutes les plaintes mal classées depuis cinq ans. Résultat ? Des centaines de cas de viol ont finalement été identifiés. Et les policiers ont complètement changé leur approche du traitement des plaintes.
Ainsi, l’organisme Women’s Law Project participe désormais à la révision des plaintes reçues pour détecter les influences négatives de préjugés ou de techniques d’interrogation policière sur le résultat des enquêtes. Le succès fut immédiat.
À Montréal
Le commandant des crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Vincent Rozon, dit au Devoir que le SPVM «travaille déjà un peu de cette façon-là, avec le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels [CAVAC] qui est présent dans nos centres d’enquête ».
Dans les faits, le CAVAC ne révise pas les plaintes jugées non fondées par le SPVM, indique sa directrice générale, Jenny Charest. « Nous sommes vraiment là en soutien aux victimes, et très rapidement. » Mais M. Rozon note « que les intervenantes peuvent revenir nous dire que la victime a fait part de telle ou telle chose qu’on ne savait peut-être pas».
Selon lui, le modèle montréalais est «adéquat, quoique toujours améliorable ». Une équipe de 33 enquêteurs (dont 25 femmes) se consacre aux cas d’agressions sexuelles, et les dossiers de plaintes jugées non fondées sont révisés par deux superviseurs d’enquête. L’an dernier, 12 % des quelque 1600 plaintes reçues ont été jugées non fondées.