Un digne hommage de Decca pour les 80 ans d’Ashkenazy
Vladimir Askenazy, pianiste et chef d’orchestre, a fêté son 80e anniversaire en juillet dernier. Decca publie un coffret intitulé Artist Choice: The Solo & Chamber Recordings : 56 CD choisis par l’artiste au sein de sa pléthorique discographie.
Ce coffret fait apparemment suite à une boîte, Complete Concerto Recordings (46CD et 2 DVD), parue cet été, qui ne nous est pas parvenue. Rien n’indique qu’un coffret consacré à Ashkenazy chef d’orchestre est en gestation.
Le point négatif est évident: pour les collectionneurs, c’est mêlant. Ashkenazy se produit en tant que soliste, accompagnateur, chambriste, concertiste et chef. Decca a donc édité intégralement son activité de concertiste cet été, partiellement le legs du «soliste, accompagnateur, chambriste » et pas du tout les disques du chef.
Ceux qui risquent de freiner des quatre fers sont les acheteurs du cube de 50CD paru en 2013 et intitulé Ashkenazy: 50 years on Decca. Ils ont raison, car ce dernier piochait dans tous les répertoires et on trouve, effectivement, dix disques en commun entre les deux coffrets. Ces doublons tombent sous le sens : Préludes et 2e Sonate de Rachmaninov, Préludes et fugues de Chostakovitch, Gaspard de la nuit de Ravel, Scherzos et Ballades de Chopin, Variations Diabelli de Beethoven, Sonate pour violon et piano de Franck avec Perlman et sélections de sonates pour piano de Scriabine et Prokofiev.
Une absence remarquée
Le système de l’«Artist Choice» a été expérimenté avec succès avec Alfred Brendel, évaluateur très raffiné de sa discographie. Il est donc intéressant de voir Ashkenazy critique de lui-même. L’artiste a ainsi tenu à préserver les précieux cinq CD de Mélodies de Rachmaninov avec Elisabeth Söderström. C’est le bijou du coffret, au même titre que les deux volumes de Mélodies de Tchaïkovski avec la même chanteuse.
De ses Beethoven, Ashkenazy n’a retenu aucune sonate, mais simplement les Variations Diabelli et les Sonates pour violoncelle et piano avec Lynn Harrell, violoncelliste que l’on retrouve aussi dans Brahms et dans bien d’autres compositeurs, y compris dans les Trios de Schubert avec Zukerman, que l’on ne s’attendait pas à voir ici. Par contre, aucune des légendaires Sonates pour violon et piano de Beethoven avec Perlman n’a été retenue: c’est une absence pour le moins inattendue.
Lynn Harrell et Elisabeth Söderström sont donc les deux partenaires qu’Ashkenazy privilégie de toute évidence, tout comme il préserve une large part de son héritage Rachmaninov.
Dans le legs schubertien, nous avons les mêmes goûts: l’incontournable Sonate en ré majeur D. 850, un enregistrement de 1975 où tous les astres s’alignent, et les D. 664 et 784 pour compléter: ce sont les deux meilleurs CD Schubert d’Ashkenazy. Dernière originalité: s’agissant de Schumann, l’artiste a tenu à préserver la Fantaisie dans ses deux enregistrements de 1965 et 1993. Bref, c’est là un fort beau et intéressant coffret, qui met tout de même en porte à faux ceux qui ont acheté le cube Ashkenazy en 2013 ou sa récente intégrale Rachmaninov. VLADIMIR ASHKENAZY — THE SOLO & CHAMBER RECORDINGS Decca 56 CD 483 2182