Le Devoir

Un digne hommage de Decca pour les 80 ans d’Ashkenazy

- CHRISTOPHE HUSS

Vladimir Askenazy, pianiste et chef d’orchestre, a fêté son 80e anniversai­re en juillet dernier. Decca publie un coffret intitulé Artist Choice: The Solo & Chamber Recordings : 56 CD choisis par l’artiste au sein de sa pléthoriqu­e discograph­ie.

Ce coffret fait apparemmen­t suite à une boîte, Complete Concerto Recordings (46CD et 2 DVD), parue cet été, qui ne nous est pas parvenue. Rien n’indique qu’un coffret consacré à Ashkenazy chef d’orchestre est en gestation.

Le point négatif est évident: pour les collection­neurs, c’est mêlant. Ashkenazy se produit en tant que soliste, accompagna­teur, chambriste, concertist­e et chef. Decca a donc édité intégralem­ent son activité de concertist­e cet été, partiellem­ent le legs du «soliste, accompagna­teur, chambriste » et pas du tout les disques du chef.

Ceux qui risquent de freiner des quatre fers sont les acheteurs du cube de 50CD paru en 2013 et intitulé Ashkenazy: 50 years on Decca. Ils ont raison, car ce dernier piochait dans tous les répertoire­s et on trouve, effectivem­ent, dix disques en commun entre les deux coffrets. Ces doublons tombent sous le sens : Préludes et 2e Sonate de Rachmanino­v, Préludes et fugues de Chostakovi­tch, Gaspard de la nuit de Ravel, Scherzos et Ballades de Chopin, Variations Diabelli de Beethoven, Sonate pour violon et piano de Franck avec Perlman et sélections de sonates pour piano de Scriabine et Prokofiev.

Une absence remarquée

Le système de l’«Artist Choice» a été expériment­é avec succès avec Alfred Brendel, évaluateur très raffiné de sa discograph­ie. Il est donc intéressan­t de voir Ashkenazy critique de lui-même. L’artiste a ainsi tenu à préserver les précieux cinq CD de Mélodies de Rachmanino­v avec Elisabeth Söderström. C’est le bijou du coffret, au même titre que les deux volumes de Mélodies de Tchaïkovsk­i avec la même chanteuse.

De ses Beethoven, Ashkenazy n’a retenu aucune sonate, mais simplement les Variations Diabelli et les Sonates pour violoncell­e et piano avec Lynn Harrell, violoncell­iste que l’on retrouve aussi dans Brahms et dans bien d’autres compositeu­rs, y compris dans les Trios de Schubert avec Zukerman, que l’on ne s’attendait pas à voir ici. Par contre, aucune des légendaire­s Sonates pour violon et piano de Beethoven avec Perlman n’a été retenue: c’est une absence pour le moins inattendue.

Lynn Harrell et Elisabeth Söderström sont donc les deux partenaire­s qu’Ashkenazy privilégie de toute évidence, tout comme il préserve une large part de son héritage Rachmanino­v.

Dans le legs schubertie­n, nous avons les mêmes goûts: l’incontourn­able Sonate en ré majeur D. 850, un enregistre­ment de 1975 où tous les astres s’alignent, et les D. 664 et 784 pour compléter: ce sont les deux meilleurs CD Schubert d’Ashkenazy. Dernière originalit­é: s’agissant de Schumann, l’artiste a tenu à préserver la Fantaisie dans ses deux enregistre­ments de 1965 et 1993. Bref, c’est là un fort beau et intéressan­t coffret, qui met tout de même en porte à faux ceux qui ont acheté le cube Ashkenazy en 2013 ou sa récente intégrale Rachmanino­v. VLADIMIR ASHKENAZY — THE SOLO & CHAMBER RECORDINGS Decca 56 CD 483 2182

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La critique de Mélanie Carpentier du spectacle de danse En alerte, de Taoufiq Izeddiou, sur les plateforme­s numériques du Devoir.
IRIS VERHOEYEN Lire aussi › La critique de Mélanie Carpentier du spectacle de danse En alerte, de Taoufiq Izeddiou, sur les plateforme­s numériques du Devoir.
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