Le Devoir

Bombe à retardemen­t ou pétard mouillé ?

Les documents nouvelleme­nt rendus publics ne remettent pas en question la version officielle à propos de l’assassinat de John F. Kennedy

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Washington — Bombe à retardemen­t ou pétard mouillé? Le gouverneme­nt Trump a publié des millions de documents jusqu’ici secrets sur l’assassinat du président américain John F. Kennedy, des dossiers qui offrent quelques nouveaux détails sur l’événement qui bouleversa le monde, sans remettre en question la version officielle.

Plus d’un demi-siècle après la mort de «JFK» le 22 novembre 1963 à Dallas, au Texas, Washington a mis en ligne jeudi 2891 dossiers sur le site des Archives nationales américaine­s. Donald Trump a toutefois repoussé de six mois la divulgatio­n de certains documents jugés trop «sensibles».

Un report qui risque d’alimenter encore le flot intarissab­le des théories du complot, même si les spécialist­es du dossier ne s’attendent pas à dénicher de grandes révélation­s dans les plus de cinq millions de documents, qui prendront probableme­nt des mois à être épluchés.

«Les dossiers JFK sont publiés avec attention. Au bout du compte, il y aura une grande transparen­ce. J’ai espoir de porter quasiment tout à la connaissan­ce du public!» a encore tweeté le président Trump vendredi matin.

Certains des documents remontent jusqu’en 1962, soit un an avant l’assassinat du 35e président américain imputé à Lee Harvey Oswald, un ancien marine qui aurait agi seul.

Les documents offrent une plongée dans les intrigues de l’époque, mettant en lumière par exemple un étrange complot ourdi par la CIA pour recruter des membres de la mafia afin d’éliminer Fidel Castro, le fait que la police fédérale (FBI) était au courant d’un plan pour assassiner le tueur de Kennedy, ou encore les soupçons de Moscou sur une conspirati­on fomentée par l’extrême droite américaine contre JFK.

Si plusieurs théories ont à ce jour fait état de liens entre Lee Harvey Oswald, Cuba et l’URSS, une note interne du FBI datant de 1963 va à contresens de cette idée. Ainsi, une source explique que « les responsabl­es du Parti communiste de l’Union soviétique pensaient qu’il y avait un complot bien organisé de la part de “l’ultra droite” aux États-Unis pour commettre un “coup d’État”».

D’ailleurs, les Soviétique­s craignaien­t que cet assassinat, l’un des plus retentissa­nts de l’histoire contempora­ine, puisse servir de prétexte pour «arrêter les négociatio­ns avec l’Union soviétique, attaquer Cuba et par la suite répandre la guerre».

Donald Trump a donné six mois aux services de renseignem­ent, soit jusqu’au 26 avril 2018, pour passer au crible les documents jugés sensibles et en censurer les parties les plus délicates.

« Le président a autorisé à retenir temporaire­ment certaines informatio­ns qui pourraient porter atteinte à la sécurité nationale, au maintien de l’ordre ou aux affaires étrangères», ont précisé les Archives nationales.

Il s’agit également de protéger les informateu­rs du renseignem­ent et de la police, ainsi que les «activités menées avec le soutien d’organisati­ons étrangères », précise une source sous couvert d’anonymat.

« Quiconque pense qu’un document est intitulé “Membres de la conspirati­on pour tuer le président Kennedy” va attendre longtemps », a ironisé Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l’Université de Virginie et auteur de The Kennedy Half-Century.

 ?? JIM ALTGENS ASSOCIATED PRESS ?? John F. Kennedy et son épouse Jacqueline, le 22 novembre 1963 à Dallas. Washington a mis en ligne jeudi 2891 dossiers sur le site des Archives nationales américaine­s au sujet de l’assassinat du président ce jour-là.
JIM ALTGENS ASSOCIATED PRESS John F. Kennedy et son épouse Jacqueline, le 22 novembre 1963 à Dallas. Washington a mis en ligne jeudi 2891 dossiers sur le site des Archives nationales américaine­s au sujet de l’assassinat du président ce jour-là.

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