Le Devoir

La région de l’Alentejo: plongée dans l’époque médiévale

Moins fréquentée par les touristes que Lisbonne et Porto, la région occupe la partie centrale du pays

- YVES DESAUTELS Collaborat­ion spéciale

Le Portugal, ce pays attachant, est tout petit géographiq­uement mais très grand par la richesse de sa culture et de son histoire. Un soleil quasi permanent attire des touristes de toute l’Europe, notamment des Anglais et des Allemands. Les deux grandes villes, la capitale, Lisbonne, et la capitale du vin, Porto, attirent des milliers de visiteurs. Dans le sud du pays, le long de la mer, l’Algarve n’a rien à envier à la Côte d’Azur française ou à la Costa del Sol espagnole. Enfin, moins fréquentée par les touristes, il y a l’Alentejo, la partie centrale du pays.

En portugais, Alentejo veut dire «audelà du Tage», le grand fleuve qui traverse tout le pays pour se jeter dans l’Atlantique à la hauteur de Lisbonne.

Grenier à blé, cette région est aussi celle des oliviers et des chênes-liège. Il faut dire que le Portugal fournit la majeure partie de la production de liège dans le monde. On y retrouve une foule de petits villages construits à flanc de montagne et surmontés de châteaux impression­nants dont l’histoire remonte à l’époque médiévale, et même au temps des Romains et des Maures venus d’Afrique.

Les Maures ont occupé le sud du Portugal et de l’Espagne pendant des siècles, entre les années 700 et 1200. C’était de grands bâtisseurs et plusieurs monuments ont été très bien conservés. Ces constructi­ons sont les témoins de la richesse de la culture et des traditions maures, qu’on peut admirer encore aujourd’hui.

Deux de ces villages typiques de l’époque médiévale sont à voir absolument: Castelo de Vide et Marvao. Ils sont situés à une dizaine de kilomètres l’un de l’autre, près de la frontière espagnole, dans un parc national appelé Serra de Sao Mamede, très populaire auprès des randonneur­s.

Une forteresse

On tombe rapidement sous le charme de Castelo de Vide, ce bourg en montagne. Les maisonnett­es, toujours habitées, sont situées à l’intérieur des fortificat­ions du château qui trône au sommet. Imposant, celui-ci peut être aperçu des kilomètres

à la ronde. Sa situation géographiq­ue faisait en sorte qu’on pouvait apercevoir de loin des envahisseu­rs potentiels. La constructi­on des remparts à même le roc en faisait une forteresse inexpugnab­le. Du sommet du château, la vue panoramiqu­e est spectacula­ire.

L’un des quartiers du village, La Judaria, démontre bien la présence d’une colonie juive au Portugal dès le XIVe siècle, une des plus vieilles d’Europe. À l’époque, plusieurs juifs se sont réfugiés à Castelo de Vide pour fuir l’Inquisitio­n espagnole de 1492. Soit dit en passant, c’est l’année où Christophe Colomb a découvert l’Amérique.

En marchant dans les petites rues du quartier, on a l’occasion d’admirer, entre autres, la Fonte da Vila, une fontaine-lavoir datant du XVIe siècle, dont le toit pyramidal repose sur six colonnes de style Renaissanc­e.

Un peuple attachant

On dit que l’eau de la fontaine, riche en minéraux, aurait des vertus curatives. L’ancienne synagogue de La Judaria a été transformé­e en musée où on raconte l’histoire de la présence juive au pays.

À part les attraits touristiqu­es à Castelo de Vide, le plaisir est tout simplement de se promener dans les rues et ruelles escarpées du village, de s’attabler à l’une des terrasses qui longent la rue principale et de découvrir un peuple attachant qui va tout faire pour rendre votre séjour inoubliabl­e. Le portugais étant une langue très difficile à comprendre, on arrive à se débrouille­r en anglais ou en français.

Mon autre coup de coeur est Marvao. Situés non loin de Castelo de Vide, le village et

son château sont visibles de loin. La cité médiévale a été construite à même un piton rocheux impression­nant qui s’élève à 800 mètres d’altitude. Petit conseil: gardez les deux mains sur le volant sur la petite route qui grimpe en serpentant jusqu’en haut du village.

Par sa valeur militaire stratégiqu­e, l’endroit a été habité tour à tour par les Romains, les Maures et ensuite les catholique­s qui ont reconquis la cité au Moyen Âge.

Le chemin de ronde, le long d’immenses remparts, offre des points de vue spectacula­ires sur la vallée environnan­te. Par temps clair, on peut voir jusqu’en Espagne! Marvao est situé dans le parc naturel de Sao Mamede. De nombreux sentiers pour randonneur­s y ont été aménagés. Mais attention, il ne faut pas oublier sa bouteille d’eau: en juin, la températur­e frisait les 40 °C.

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 ?? PHOTOS YVES DESAUTELS ?? Le village de Marvao et son château sont visibles de loin. La cité médiévale a été construite à même un piton rocheux qui s’élève à 800 mètres d’altitude. Ci-dessous: l’entrée du village de Castelo de Vide.
PHOTOS YVES DESAUTELS Le village de Marvao et son château sont visibles de loin. La cité médiévale a été construite à même un piton rocheux qui s’élève à 800 mètres d’altitude. Ci-dessous: l’entrée du village de Castelo de Vide.
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