MADRID-BARCELONE, L’AFFRONTEMENT DÉCISIF
Carles Puigdemont et Mariano Rajoy Le premier, président de la Catalogne, a fait adopter vendredi la déclaration d’indépendance pour sa région. Le second, président d’Espagne, a destitué le gouvernement sécessionniste et convoqué des élections régionales qui se tiendront le 21 décembre.
Le premier ministre canadien s’est rangé dans le camp de l’Espagne, et de ses alliés, en ne reconnaissant pas la déclaration d’indépendance de la Catalogne. «Le Canada reconnaît une Espagne unie. Et c’est notre position», a tranché Justin Trudeau vendredi.
«Je comprends qu’il y a beaucoup de questions internes à l’Espagne maintenant, sur cette question de la Catalogne. Et nous espérons que ça se déroulera dans le respect de la loi, le respect de la Constitution espagnole, le respect des principes de droits internationaux et surtout dans la non-violence», a déclaré le premier ministre, qui était de passage à Saint-Bruno.
Quelques heures plus tôt, le Parlement catalan votait une déclaration d’indépendance de la Catalogne, avant d’être mis sous tutelle par le gouvernement espagnol.
Que pense le gouvernement canadien de cette destitution d’un Parlement régional par un gouvernement national? Et du rejet de Madrid du vote d’indépendance tenu début octobre en Catalogne?
«On reconnaît une Espagne unie. C’est notre point final », a statué à Ottawa le secrétaire parlementaire de la ministre des Affaires étrangères, Andrew Leslie, en refusant de dire quoi que ce soit d’autre.
Réactions à Ottawa
Si le gouvernement Trudeau partage la position des ÉtatsUnis, de la France et de l’Union européenne, notamment, il faisait bande à part à Ottawa.
Le Bloc québécois, qui avait sommé le gouvernement Trudeau de reconnaître l’indépendance de la Catalogne, a dénoncé un «déni de démocratie».
«Constitution ou pas, c’est le peuple qui décide, ce n’est pas la Constitution. […] Respectez le droit des peuples à s’autodéterminer!» a lancé le député Simon Marcil à l’endroit des libéraux.
En s’abstenant aussi de dénoncer la répression espagnole contre les Catalans, les troupes de Justin Trudeau «sont complices de cette violence», a lancé M. Marcil, qui aurait souhaité voir Ottawa inviter la communauté internationale à organiser une médiation.
Les néodémocrates ne sont pas allés jusqu’à réclamer qu’Ottawa reconnaisse l’indépendance catalane. «Le droit à l’autodétermination, c’est quelque chose de fondamental », a cependant martelé le député Matthew Dubé.
«Le Canada se dit être une voix pour la paix, pour la démocratie sur la scène mondiale. De laisser passer ce genre de violences — comme on en a vu pendant la campagne référendaire et le jour du vote —, c’est complètement inacceptable, a-t-il déploré. Le Canada a la responsabilité de dire à l’Espagne d’ouvrir le dialogue. »
Du côté conservateur, on s’est montré beaucoup plus discret. Le député Alain Rayes n’a pas voulu trop s’avancer sur «un sujet qui est extrêmement complexe ». Il a préféré renvoyer la balle au gouvernement. «C’est un enjeu pour le gouvernement présentement».
Du côté de Québec, le premier ministre Philippe Couillard a déclaré vendredi dans un communiqué que «ce n’est pas au Québec de s’ingérer dans ce débat de politique ou de dicter la marche à suivre », lançant un nouvel appel au dialogue politique pour dénouer l’impasse.
En matinée, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a écrit sur Twitter que sa formation «reconnaît» et «appuie » cette déclaration d’indépendance unilatérale, qui a fait descendre des milliers de personnes dans les rues de Barcelone.
Avec La Presse canadienne