Stranger Things
Une deuxième saison riche en frissons et en émotions
Il y a quelque chose de pourri à Hawkins… Et il n’y a pas que les citrouilles qui flétrissent mystérieusement! La porte du Monde à l’envers étant demeurée ouverte depuis le sauvetage de Will (Noah Schnapp) dans la première saison, Matt et Ross Duffer réservent encore de sombres aventures à leurs attachants héros dans la deuxième saison de Stranger Things (disponible sur Netflix depuis vendredi).
Un an après les événements ayant ébranlé Hawkins, Eleven (Millie Bobby Brown) se cache chez le chef de police Hopper (David Harbour). La croyant dans le Monde à l’envers, Mike (Finn Wolfhard) tente de la contacter chaque jour. Avec son petit ami (Joe Keery), Nancy, soeur aînée de Mike, poursuit des recherches afin de connaître la vérité sur la disparition de Barb (Shannon Purser).
Une nouvelle venue, Maxine (Sadie Sink), tape dans l’oeil de Lucas (Caleb McLaughlin) et de Dustin (Gaten Matarazzo). Bien que Gremlins, de Joe Dante, sorti à l’été 1984, année où se déroule l’action de la saison 2 de Stranger Things, ait démontré qu’il fallait se méfier des gentilles créatures, Dustin (qui a enfin des dents!) en héberge une chez lui.
Quant à Will, il vit des épisodes traumatisants le ramenant dans le Monde à l’envers. Veillent sur lui son grand frère (Charlie Heaton), sa mère (Winona Ryder, plus intense que jamais) et le nouvel amoureux de cette dernière (Sean Astin, le Mikey de Goonies, 1985, de Richard Donner, d’après le scénario de Steven Spielberg).
Nouvelles héroïnes et nouveaux vilains
Outre la skateuse Maxine, surnommée Mad Max (George Miller, 1979), qui bat le record de Dustin au jeu vidéo Dig Dug, on découvre dès la spectaculaire scène d’ouverture un personnage féminin qui pique la curiosité. À l’instar d’Eleven, Kali (Linnea Berthelsen) a des superpouvoirs et un numéro tatoué sur l’avant-bras.
Eleven, partie à la recherche de sa mère, croisera l’énigmatique Kali lors d’un épisode lui étant entièrement consacré. Il est difficile de dire lequel des neuf épisodes est le meilleur tant chacun tient en haleine et se termine par une finale qui fait paraître interminables les dix secondes s’écoulant entre les épisodes. Toutefois, cet épisode s’avère particulièrement captivant.
Du côté des méchants, Max a pour beau-frère l’immonde Billy (Dacre Montgomery), qui n’aime pas la voir en compagnie de nos nerds préférés ; d’ailleurs, la petite bande sera par moments appelée à se séparer et à former des alliances inattendues. S’il n’est pas terrifiant comme Brenner (Matthew Modine), père d’Eleven, le Dr Owens (Paul Reiser) se révèle peu avenant.
Nostalgie des années 1980
Le charme de la première saison de Strangers Things reposait dans les innombrables références au cinéma de genre des années 1980, ainsi que dans sa reconstitution d’époque et sa direction artistique crédibles. Bien que la mise en scène des Duffer, de Shawn Levy, d’Andrew Stanton et de Rebecca Thomas soit plus subtile, plus intimiste, plus au service du récit et des personnages plutôt que dans l’esbroufe et dans l’ostentatoire, la deuxième saison de Stranger Things grouille de clins d’oeil ludiques au temps où le fixatif ravageait la couche d’ozone, et les synthés, les tympans.
Ainsi, pour l’Halloween, les quatre amis, qui ont délaissé Donjon et Dragons pour les arcades, se déguisent en personnages d’un grand succès de l’été 1984, S.O.S. Fantômes, d’Ivan Reitman. Ce qui leur vaudra des quolibets de la part de leurs pairs et de la petite soeur de Lucas, Erica (Priah Fergusson, hilarante). Pour sa part, Max choisit Michael Myers, le tueur d’Halloween (John Carpenter, 1978), pour la récolte de bonbons.
Action, horreur, émotion
Pour cette deuxième saison, Matt et Ross Duffer ont misé sur l’émotion et sur les tourments des personnages, les rendant ainsi plus étoffés, plus nuancés. Hormis les aventures extraordinaires qu’ils vivent, Will, Mike, Lucas et Dustin, de même qu’Eleven et Max, apparaissent comme de véritables ados aux prises avec de véritables préoccupations d’ados: éveil de la sexualité, intimidation, peur du rejet, quête identitaire. Outre un protecteur, Eleven trouve en Hopper un père de substitution ; les scènes intimistes que se partagent Millie Bobby Brown et David Harbour s’avèrent certainement les plus touchantes.
Cela dit, les Duffer n’ont pas lésiné sur l’action ni sur l’horreur. Les passages les plus palpitants et terrifiants évoquent tour à tour Indiana Jones et le temple maudit, grand succès de Spielberg sorti au printemps 1984, Charlie (Firestarter), de Mark L. Lester, d’après un roman de Stephen King, sorti également au printemps 1984, The Thing (1982), de John Carpenter, Alien (1979), de Ridley Scott et L’exorciste (1973), de William Friedkin.
Sans aller jusqu’à dire qu’ils se sont surpassés, force est d’admettre que les Duffer ont réussi l’exploit de respecter l’essence de la série tout en lui insufflant une dimension plus émotionnelle — le dernier épisode vous fera peut-être verser une larme! Jusqu’où nous emmènerontils dans les troisième et quatrième saisons? D’ici à ce qu’on le découvre, tous deux iront certainement récolter d’autres prix Emmy.
Voir aussi › La deuxième saison de Stranger Things, chef-d’oeuvre ou navet ? L’avis de Manon Dumais sur toutes les plateformes numériques du Devoir.