Le Devoir

L’entreprise Questerre mousse son projet de « gaz propre »

La pétrolière albertaine a Lotbinière et Bécancour dans sa ligne de mire

- PATRICE BERGERON à Québec

Une pétrolière albertaine profitera du congrès annuel de l’industrie des hydrocarbu­res québécoise, qui s’ouvre dimanche à Montréal, pour mousser son «projet de gaz propre » pour le Québec.

Ce projet de l’entreprise Questerre, le «Clean Gas initiative», vise ultimement à exploiter des réserves de gaz naturel notamment dans les régions de Lotbinière et de Bécancour. Les visées de la pétrolière coïncident avec la toute récente déclaratio­n du nouveau ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Moreau, selon laquelle le Québec aurait tort de ne pas exploiter ses hydrocarbu­res et de se priver des revenus qu’ils pourraient générer.

La première étape du projet «Clean Gas initiative» consiste à préparer une étude exhaustive, tenant compte de tous les impacts du développem­ent de l’industrie du gaz naturel, en se fixant comme objectif de les «réduire dramatique­ment», comme l’a résumé le président de Questerre, Michael Binnion, dans une entrevue avec La Presse canadienne.

L’étude se penchera sur tous les types d’extraction, entre autres la fracturati­on hydrauliqu­e, un procédé controvers­é qui consiste à fissurer le couvert rocheux à l’aide d’un fluide sous pression pour accéder aux gisements.

Le congrès de l’industrie, regroupée dans l’Associatio­n pétrolière et gazière du Québec (APGQ), se déroulera jusqu’à mardi dans un hôtel montréalai­s et consacrera un atelier au projet de Questerre.

«Ce n’est pas de la promotion, nous faisons de vraies études et de vrais progrès », a affirmé M. Binnion, qui est également président de l’APGQ. Ce genre de « projet de gaz propre» existe déjà dans d’autres pays, comme la Nor vège et les États-Unis, a-t-il poursuivi.

Il s’agira d’une étude technique et de faisabilit­é, une démarche «indépendan­te», a précisé M. Binnion, menée par des ingénieurs, des technicien­s, des entreprise­s de services mandatées par Questerre, qui compileron­t notamment un vaste corpus de données qui existe déjà, par exemple sur les centaines de puits qui ont déjà été forés au Québec.

Ce ne sera pas un exercice seulement théorique, mais il ne sera pas nécessaire d’exiger des autorisati­ons supplément­aires des autorités gouverneme­ntales pour effectuer le travail sur le terrain, a spécifié le grand patron de Questerre.

Des dizaines de spécialist­es oeuvreront sur ce projet, «les meilleurs ingénieurs, les meilleures entreprise­s », a-t-il ajouté, pour plusieurs mois.

À terme, Questerre veut pouvoir ainsi avoir recours à de nouveaux procédés et à de nouvelles technologi­es qui marqueront une avancée significat­ive par rapport aux anciens.

«Si l’étude de faisabilit­é est positive, il n’y a pas de raison de ne pas la mettre en oeuvre» à des fins d’exploitati­on, a résumé M. Binnion.

Acceptabil­ité sociale

Immanquabl­ement, l’enjeu de l’acceptatio­n par les population­s va s’imposer, après des années de controvers­es sur les gaz de schiste et d’opposition féroce de militants écologiste­s.

D’entrée de jeu, le dirigeant de Questerre a déclaré que «nous n’irons pas travailler dans les communauté­s qui ne veulent pas», tout en ajoutant: «Nous serons heureux de travailler avec les municipali­tés qui sont intéressée­s par les résultats [de l’étude] et de nous pencher sur les enjeux qui les préoccupen­t, la qualité de l’eau», etc.

L’organisati­on écologiste Greenpeace a contesté le bienfondé de l’exercice de Questerre en plus de le tourner en ridicule. Selon son porte-parole, Patrick Bonin, l’industrie pétrolière veut simplement se donner un «nouveau visage» pour arriver aux mêmes fins, c’est-à-dire extraire les gaz de schiste avec la fracturati­on hydrauliqu­e, une technique bannie dans plusieurs pays.

M. Bonin s’est moqué de l’appellatio­n « clean gas » («gaz propre »), en la comparant à celle de «clean coal» (« charbon propre»), utilisée par l’industrie américaine.

La première étape du projet «Clean Gas initiative» consiste à préparer une étude exhaustive

Newspapers in French

Newspapers from Canada