Le Devoir

Le niveau monte-t-il ou descend-il?

Se basant sur un sondage, la FIQ estime que la qualité des soins n’a pas connu d’améliorati­on durant les années Barrette

- STÉPHANE BAILLARGEO­N

L’éprouvette est-elle aux deux tiers pleine ou à 90 % vide ? À chacun de juger. La Fédération interprofe­ssionnelle de la santé du Québec (FIQ) lit les résultats d’un sondage qu’elle a commandé en affirmant qu’une majorité écrasante de Québécois (89%) jugent que le réseau de la santé du Québec est dans la même situation (49%) ou dans une situation pire (40%) qu’il y a trois ans. Près de trois personnes sur quatre (72%) considèren­t d’ailleurs que le gouverneme­nt Couillard y a effectué trop de compressio­ns.

Cette flèche fait réagir la cible. «Un sondage, ça se lit du milieu vers le haut, réplique le ministre la Santé, Gaétan Barrette, en poste depuis trois ans. Le sondage dit que, quand les syndicats se promènent partout et véhiculent l’idée que le système se détériore, leur propre sondage montre exactement le contraire: 61% des répondants considèren­t que le système est stable ou amélioré. »

Le ministre arrive à cette donnée en combinant les 49% qui jugent le réseau dans une situation «pareille actuelleme­nt» par rapport à celle d’il y a trois ans et les 12 % qui la décrivent comme «meilleure».

Le Dr Barrette souligne aussi que les Québécois se disent largement satisfaits des soins reçus par un médecin (94%) ou une infirmière (95%).

Plus d’infirmière­s

Le sondage Léger dévoilé dimanche révèle aussi que 94% de la population affirme être mal à l’aise de recevoir des soins d’une profession­nelle qui aurait travaillé plus de 16 heures consécutiv­es. D’ailleurs, pour quatre Québécois sur cinq (80%), les profession­nelles du réseau sont surchargée­s, et un patient sur trois (37%) dit avoir été témoin de situations «où elles semblaient ne pas avoir le temps de faire leur travail correcteme­nt».

Pour la FIQ, la solution à ces problèmes et à ce constat d’échec passe notamment par l’établissem­ent de nouveaux ratios profession­nels/patients. En clair, il faut plus d’infirmière­s à temps plein.

«Des solutions, il y en a», a dit la présidente de la Fédération, Régine Laurent, en conférence de presse. Nous en avons présenté, par exemple l’établissem­ent de [ces] ratios qui apportent des améliorati­ons significat­ives, et ça a été observé ailleurs, notamment en Californie.»

Elle cite des études montrant que les taux de mortalité des patients ou d’infection contractée­s à l’hôpital augmentent quand le nombre d’infirmière­s par patients diminue. Pour l’instant, une infirmière sur deux travaille à temps complet. Les convention­s collective­s signées en juillet 2016 prévoient d’augmenter ce seuil à 62 %.

Et le Dr Barrette?

Mme Laurent précise ne pas blâmer le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, qui se dit favorable à l’embauche de plus d’infirmière­s à temps complet, mais les gestionnai­res des établissem­ents du réseau. « Le ministre s’est octroyé des superpouvo­irs, dit-elle. On lui demande de les utiliser pour obliger les gestionnai­res à augmenter les postes à temps complet.»

Le ministre reconnaît l’objectif tout en demandant de la patience. « Une convention collective, ça exige certaines procédures, dont une est en marche, pour la négociatio­n d’ententes locales dans chaque établissem­ent, dit-il au Devoir. C’est en train de se faire. Par la suite, on aura comme convenu des projets pilotes. »

Des résultats

Le sondage Web de la firme Léger a été réalisé du 26 juillet au 5 août auprès de 1960 adultes québécois. Une surreprése­ntation a été établie pour sept grandes régions afin d’obtenir des résultats fiables dans chacun des cas. La marge d’erreur est de 2,2%, 19 fois sur 20.

Les questions de l’enquête se regroupent autour de trois axes:

Les soins. Deux répondants sur trois (66%) ont reçu des soins d’une institutio­n de santé (CLSC, hôpital, CHSLD, clinique, à domicile, etc.) au cours de la dernière année.

Le travail. Neuf personnes sur dix (89%) se disent favorables à la limitation des heures de travail des infirmière­s et huit sur dix (83 %) à l’idée d’établir un nombre maximum de patients par infirmière.

La perception. La sauvegarde du système de santé public inquiète un Québécois sur deux (49 %). Le vieillisse­ment de la population est cité comme principal enjeu (51%), suivi de loin par les maladies chroniques (15 %) et l’obésité (10 %).

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le syndicat des infirmière­s propose une diminution de patients à traiter par infirmière, ce qui devrait se traduire par une augmentati­on de personnel.

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