Le niveau monte-t-il ou descend-il?
Se basant sur un sondage, la FIQ estime que la qualité des soins n’a pas connu d’amélioration durant les années Barrette
L’éprouvette est-elle aux deux tiers pleine ou à 90 % vide ? À chacun de juger. La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) lit les résultats d’un sondage qu’elle a commandé en affirmant qu’une majorité écrasante de Québécois (89%) jugent que le réseau de la santé du Québec est dans la même situation (49%) ou dans une situation pire (40%) qu’il y a trois ans. Près de trois personnes sur quatre (72%) considèrent d’ailleurs que le gouvernement Couillard y a effectué trop de compressions.
Cette flèche fait réagir la cible. «Un sondage, ça se lit du milieu vers le haut, réplique le ministre la Santé, Gaétan Barrette, en poste depuis trois ans. Le sondage dit que, quand les syndicats se promènent partout et véhiculent l’idée que le système se détériore, leur propre sondage montre exactement le contraire: 61% des répondants considèrent que le système est stable ou amélioré. »
Le ministre arrive à cette donnée en combinant les 49% qui jugent le réseau dans une situation «pareille actuellement» par rapport à celle d’il y a trois ans et les 12 % qui la décrivent comme «meilleure».
Le Dr Barrette souligne aussi que les Québécois se disent largement satisfaits des soins reçus par un médecin (94%) ou une infirmière (95%).
Plus d’infirmières
Le sondage Léger dévoilé dimanche révèle aussi que 94% de la population affirme être mal à l’aise de recevoir des soins d’une professionnelle qui aurait travaillé plus de 16 heures consécutives. D’ailleurs, pour quatre Québécois sur cinq (80%), les professionnelles du réseau sont surchargées, et un patient sur trois (37%) dit avoir été témoin de situations «où elles semblaient ne pas avoir le temps de faire leur travail correctement».
Pour la FIQ, la solution à ces problèmes et à ce constat d’échec passe notamment par l’établissement de nouveaux ratios professionnels/patients. En clair, il faut plus d’infirmières à temps plein.
«Des solutions, il y en a», a dit la présidente de la Fédération, Régine Laurent, en conférence de presse. Nous en avons présenté, par exemple l’établissement de [ces] ratios qui apportent des améliorations significatives, et ça a été observé ailleurs, notamment en Californie.»
Elle cite des études montrant que les taux de mortalité des patients ou d’infection contractées à l’hôpital augmentent quand le nombre d’infirmières par patients diminue. Pour l’instant, une infirmière sur deux travaille à temps complet. Les conventions collectives signées en juillet 2016 prévoient d’augmenter ce seuil à 62 %.
Et le Dr Barrette?
Mme Laurent précise ne pas blâmer le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, qui se dit favorable à l’embauche de plus d’infirmières à temps complet, mais les gestionnaires des établissements du réseau. « Le ministre s’est octroyé des superpouvoirs, dit-elle. On lui demande de les utiliser pour obliger les gestionnaires à augmenter les postes à temps complet.»
Le ministre reconnaît l’objectif tout en demandant de la patience. « Une convention collective, ça exige certaines procédures, dont une est en marche, pour la négociation d’ententes locales dans chaque établissement, dit-il au Devoir. C’est en train de se faire. Par la suite, on aura comme convenu des projets pilotes. »
Des résultats
Le sondage Web de la firme Léger a été réalisé du 26 juillet au 5 août auprès de 1960 adultes québécois. Une surreprésentation a été établie pour sept grandes régions afin d’obtenir des résultats fiables dans chacun des cas. La marge d’erreur est de 2,2%, 19 fois sur 20.
Les questions de l’enquête se regroupent autour de trois axes:
Les soins. Deux répondants sur trois (66%) ont reçu des soins d’une institution de santé (CLSC, hôpital, CHSLD, clinique, à domicile, etc.) au cours de la dernière année.
Le travail. Neuf personnes sur dix (89%) se disent favorables à la limitation des heures de travail des infirmières et huit sur dix (83 %) à l’idée d’établir un nombre maximum de patients par infirmière.
La perception. La sauvegarde du système de santé public inquiète un Québécois sur deux (49 %). Le vieillissement de la population est cité comme principal enjeu (51%), suivi de loin par les maladies chroniques (15 %) et l’obésité (10 %).