Le Devoir

Des organisati­ons catholique­s craignent pour la sécurité de leurs membres

- MÉLANIE MARQUIS à Ottawa

Les membres des communauté­s religieuse­s doivent être protégés par toute la force de la loi, plaide la Conférence des évêques catholique­s du Canada (CECC). L’organisati­on s’inquiète d’une propositio­n de réforme du Code criminel qui mettrait selon elle ces communauté­s à risque.

L’organisati­on doit témoigner lundi après-midi devant le comité parlementa­ire de la justice et des droits de la personne, qui se penche sur le projet de loi C-51, dont l’objectif principal est de retirer des dispositio­ns du Code criminel jugées obsolètes par les libéraux.

Dans un mémoire soumis au comité en prévision de sa comparutio­n, le président de la CECC, Mgr Lionel Gendron, soutient que cette velléité est malavisée «alors que l’intoléranc­e à l’endroit des groupes religieux au Canada suscite une inquiétude croissante».

Les membres des communauté­s religieuse­s sont « profondéme­nt inquiets» face à la propositio­n de retirer l’article 176 du Code criminel du Canada, qui offre des protection­s particuliè­res à ces communauté­s, fait-il valoir dans le mémoire.

En vertu de l’article, quiconque menace ou «tente de gêner un membre du clergé ou un ministre du culte dans la célébratio­n du service divin ou l’accompliss­ement d’une autre fonction se rattachant à son état » s’expose à des accusation­s et une peine de prison maximale de deux ans.

Peu invoqué

Lorsqu’elle est venue présenter C-51 aux députés du comité, la ministre fédérale de la Justice, Jody WilsonRayb­ould, avait notamment justifié l’approche en plaidant que l’article était rarement invoqué devant les tribunaux, et que d’autres dispositio­ns pouvaient être invoquées pour de tels actes.

Le président de la CECC s’inscrit en faux contre ces arguments et redoute que «la suppressio­n de l’article 176 envoie un message erroné dans le contexte actuel et puisse finir par mettre en danger la liberté religieuse », tranche Mgr Gendron dans son mémoire daté du 23 octobre.

«Une agression contre un imam qui se rend pour animer la prière du vendredi est une infraction fondamenta­lement différente d’une agression sur une patinoire de hockey entre deux partisans d’équipes rivales», argue-t-il dans le mémoire.

«On peut y voir une attaque non seulement contre la personne, contre sa congrégati­on, […] mais également une agression qui dénigre toute foi religieuse et par conséquent tout ce que l’humanité révère et tient pour sacré», écrit l’évêque de Saint-Jean-Longueuil.

Le comité de la justice et des droits de la personne doit également entendre lundi les témoignage­s du Conseil canadien des Églises et de l’Alliance évangéliqu­e du Canada, entre autres invités à cette rencontre qui se tiendra en après-midi.

Lors de la comparutio­n de la ministre Wilson-Raybould devant ce même comité, le 18 octobre dernier, le député conservate­ur et ancien ministre de la Justice Rob Nicholson avait critiqué la propositio­n de retirer l’article 176 du Code criminel.

« D’après moi, la majorité des Canadiens sont d’accord avec moi que déranger, menacer ou interrompr­e un service religieux, peu importe lequel, est un acte grave qui mérite un article spécifique dans le Code criminel », a-t-il exprimé.

Élagage

Le projet de loi C-51 propose l’abrogation de 20 infraction­s jugées redondante­s ou désuètes, comme le fait de défier une personne à un duel, ou encore d’« accompli[r] un acte dans l’intention d’alarmer Sa Majesté » ou « un acte destiné ou de nature à causer des lésions corporelle­s à Sa Majesté».

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