Le Devoir

Les oubliés du pont Jacques-Cartier

- PIERRE ROGUÉ Fondateur et porte-parole de l’organisati­on «Une porte une Vie» MARIO GRENIER Résidant de Ville de Longueuil MIKE MUCHNIK Associatio­n des piétons et cyclistes du pont Jacques-Cartier (APC-PJC) FRANÇOIS DÉMONTAGNE Fondateur du groupe Vélo d

Près d’un million d’électeurs sont directemen­t concernés par la question cycliste dans la campagne municipale 2017 à Montréal. Les programmes et autres plans vélo de Valérie Plante et Denis Coderre sont maintenant bien connus. Or, un enjeu vélo essentiel a été oublié dans le débat municipal: celui des liens cyclables entre Montréal et la Rive-Sud.

Plusieurs discussion­s et projets sont en cours pour rendre la traversée hivernale du pont Jacques-Cartier possible aux piétons et cyclistes avec Pont Jacques-Cartier et Champlain inc. (PJCCI). Mais à l’heure actuelle, la piste multifonct­ionnelle du pont est fermée durant l’hiver. À partir de la mi-décembre, plusieurs milliers d’usagers à vélo ou à pied ne peuvent plus traverser entre les deux rives, parfois jusqu’au mois d’avril.

Actuelleme­nt, les cyclistes pour lesquels ce moyen de transport est le plus optimal, été comme hiver, n’ont d’autres choix que d’utiliser deux véhicules (un vélo est un véhicule). L’un à Longueuil, et l’autre au métro Berri (ou celui du parc Jean-Drapeau). Imaginez d’imposer une telle solution aux automobili­stes!

Les futurs maires ou mairesses de Montréal et de Longueuil peuvent trouver une solution temporaire qui permettra à ces navetteurs de continuer à circuler à vélo en hiver. Des gains de plusieurs dizaines de minutes dans leur transit sont en jeu pour ces usagers.

Les élus peuvent négocier l’ouverture du métro aux heures de pointe avec la STM (avant 10 h et entre 15 h et 19 h). Le but : permettre aux usagers cyclistes de la ligne jaune de transporte­r leur vélo aux trois stations de la ligne (Longueuil-Université-de-Sherbrooke, parc Jean-Drapeau et Berri-UQAM) en hiver.

C’est une mesure simple à réaliser. Il suffirait de réserver l’espace de tête du train, d’ajouter une voiture ou de multiplier les départs en prolongean­t la période de pointe sur ce tronçon.

Cet accommodem­ent évitera aux cyclistes de laisser leur véhicule dans des endroits non sécurisés, comme la station Berri ou celle de Longueuil, où les vols de vélo sont problémati­ques.

Rétablir un lien permanent pour les cyclistes avec cette mesure va servir l’objectif d’encourager la pratique du vélo en hiver. Mais elle va aussi valider le déplacemen­t à vélo comme véritable solution de rechange à l’automobile à Montréal et sur la Rive-Sud.

Bien sûr, ces usagers seront de facto clients de la STM. Cela permettra à cette société d’atteindre réellement certains de ses objectifs de multimodal­ité.

Une solution complément­aire serait de demander au Réseau de Transports de Longueuil (RTL) d’installer des supports à vélo sur les autobus de la ligne 170 qui traverse le pont. Cela relève du mandat de la future mairesse de Ville de Longueuil.

Un accommodem­ent est donc possible, en attendant l’ouverture complète de la piste cyclable du pont Jacques-Cartier. Les élus doivent s’engager à le mettre en place dès maintenant. Cette complément­arité des choix devra rester en place dans tous les cas, puisque les municipali­tés concernées se targuent de favoriser le transport actif de leurs administré­s.

Est-ce qu’un citoyen qui se déplace à vélo ou à pied entre les deux rives a la même valeur qu’un automobili­ste? La réponse, faut-il le préciser, est oui. Le choix du moyen de transport ne devrait pas être imposé.

Négocier avec la STM et le RTL, entre dans le mandat des maires de Montréal et Longueuil. On s’attend à ce que les candidats en lice s’engagent à trouver une solution dès cet hiver pour les oubliés de la mobilité. Mettre en oeuvre le droit à ville par son accessibil­ité, c’est aussi le mandat des élus.

Newspapers in French

Newspapers from Canada