Le Devoir

Élections américaine­s

Une première inculpatio­n dans l’affaire russe

- IVAN COURONNE à Washington

Adversaire­s et alliés du président américain, Donald Trump, attendaien­t avec fébrilité dimanche la confirmati­on officielle de la première inculpatio­n dans l’affaire russe par le procureur spécial Robert Mueller, dont on ignore encore quelles sont les cibles.

Le président républicai­n, dans une série de tweets, a une nouvelle fois dénoncé une «chasse aux sorcières» et réfuté la moindre «collusion» avec la Russie durant la campagne présidenti­elle de l’an dernier.

«Toutes ces histoires “russes” juste quand les républicai­ns s’attaquent à une baisse et à une réforme historique­s des impôts. Est-ce une coïncidenc­e? NON!» a-t-il tweeté.

L’avocat du président, Ty Cobb, a dans un message à CNN et Fox News indiqué que ces tweets n’avaient toutefois «rien à voir avec les activités du procureur spécial, avec qui il continue de coopérer ».

La chaîne CNN, suivie ensuite par d’autres médias, a révélé que l’équipe de Robert Mueller avait inculpé au moins une personne vendredi et pourrait procéder à une interpella­tion dès lundi. Depuis, aucun responsabl­e n’a confirmé ou infirmé l’informatio­n, et on ignorait si cette personne était proche ou non de M. Trump.

L’équipe Mueller restant muette, le ou les chefs d’inculpatio­n restent également mystérieux.

L’élu démocrate Adam Schiff, membre de la commission du Renseignem­ent de la Chambre des représenta­nts, a cité deux noms qui reviennent souvent dans la presse: l’ancien directeur de campagne Paul Manafort et l’éphémère conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn, tous deux ayant eu des activités de lobbying étranger non déclarées.

L’allié du dirigeant, le gouverneur républicai­n du New Jersey, Chris Christie, a quant à lui déclaré, sur CBS, que «le président ne fait pas l’objet d’une enquête». «Personne ne lui a dit qu’il l’était ».

M. Mueller, lui-même ancien patron du FBI, n’a jamais dit sur qui il enquêtait.

«Quoi qu’il arrive, ce n’est que le début », a estimé le sénateur indépendan­t Angus King, apparenté au groupe démocrate, sur CNN. Robert Mueller, a-t-il dit, est «un pro» qui «remontera les faits où qu’ils mènent ».

Nouvelle étape

Là où les inculpatio­ns de lundi marqueront une nouvelle étape de l’enquête de Robert Mueller, nommé en mai dernier pour reprendre en main l’enquête sur l’ingérence russe dans la campagne de 2016, et établir l’existence ou non d’une collusion avec l’équipe du candidat républicai­n. Ces investigat­ions sont distinctes de celles menées par plusieurs commission­s du Congrès.

Le dirigeant américain, aidé par plusieurs élus républicai­ns et une partie du monde conservate­ur, tente de déplacer l’affaire du terrain judiciaire au terrain politique.

Il a allumé des contre-feux visant les démocrates et Hillary Clinton, accusée elle-même de collusion avec la Russie lors de la vente de la société canadienne Uranium One, détenant des mines américaine­s, au groupe public russe Rosatom en 2010.

La révélation que le camp Clinton et le parti démocrate avaient financé une enquête privée sur Donald Trump, et compilée dans un «dossier» sulfureux, a aussi fait couler beaucoup d’encre dans le camp conservate­ur.

«Jamais vu autant de colère et d’unité républicai­ne concernant l’absence d’enquête sur le faux dossier fabriqué par Clinton […], sur la vente d’uranium à la Russie, sur les 33 000 courriels supprimés, sur l’affaire Comey, et tant d’autres choses…» a écrit Donald Trump sur Twitter, énumérant les diverses « affaires » Clinton.

D’autres personnes estiment que la fuite d’informatio­ns à CNN vendredi sur l’imminence d’une inculpatio­n mérite des poursuites.

Et quelques républicai­ns, pour l’instant isolés, ont même appelé à la démission de Robert Mueller, accusé d’être trop proche de James Comey.

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ALEX WONG AGENCE FRANCE-PRESSE Le procureur spécial Robert Mueller a été nommé en mai dernier pour reprendre l’enquête en main.

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