Le Devoir

La famille d’une femme micmaque disparue parle de la douleur des recherches

- MICHAEL TUTTON à Membertou, N.-É.

Robert James Pictou, un aîné micmac de 78 ans, a fait laminer une vieille photo de sa fille en guise de rappel de son espoir de la retrouver un jour. La photo est en noir et blanc, mais les yeux de Virginia Sue Pictou y brillent. Son père y a ajouté l’inscriptio­n «Toujours dans mon coeur».

L’autochtone originaire de la Nouvelle-Écosse avait été transporté­e vers un hôpital du Maine, le 24 avril 1993, après s’être fait rouer de coups par son mari et son beau-frère.

Lorsque les médecins ont tourné leur attention vers un autre patient, elle a discrèteme­nt quitté l’hôpital. On ne l’a plus jamais revue, racontent ses proches.

« Pour moi, en tant que père, chaque fois que le sujet fait surface, c’est comme si c’était arrivé hier », a raconté Robert James Pictou, alors qu’il assistait mercredi, à Cap-Breton, à une audience de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtone­s disparues et assassinée­s.

«Comment va-t-elle reposer en paix, est-ce que quelqu’un pourrait m’expliquer ça?» a-t-il ajouté en entrevue.

La famille Pictou a livré son témoignage mercredi matin, dans le cadre des audiences de la Première Nation Membertou. Elle croit que Virginia a connu une mort violente et espère que la police découvrira un jour ses restes et procédera à des arrestatio­ns.

Retrouver ses enfants

Francis Pictou est convaincu que sa soeur a quitté l’hôpital pour retrouver ses cinq enfants, ne voulant pas les laisser seuls avec son mari violent.

Comme les autres familles ayant pris part à l’Enquête, les Pictou se disent déterminés à poursuivre leurs recherches.

«Nous avons suivi toutes les pistes possibles. Nous avons fouillé des champs. Nous avons fouillé des marais. Nous avons parlé à des proches. Nous avons fait des enquêtes. Nous avons embauché des détectives privés. Ça n’a mené à rien», raconte Robert John Pictou, un autre frère de la disparue.

Les recherches entreprise­s par des familles autochtone­s qui s’étirent sur des décennies — et qui traversent parfois les frontières — constituen­t un thème récurrent de l’Enquête nationale.

M. Pictou estime que la mise sur pied d’une escouade policière nationale pour les cas de femmes autochtone­s disparues, comme le recommande­nt les commissair­es, permettrai­t une meilleure collaborat­ion avec les autorités américaine­s.

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