Le Devoir

Les négociatio­ns pour un Partenaria­t transpacif­ique sans les États-Unis avancent à grands pas

Le Canada semble moins pressé que d’autres de conclure une entente

- ÉRIC DESROSIERS

Les onze pays membres du Partenaria­t transpacif­ique (PTP) restants se sont rapprochés de la conclusion d’une nouvelle entente de principe sans les États-Unis, mais le Canada pourrait bien ne pas être encore prêt, contrairem­ent à d’autres, à apposer sa signature.

Une étape importante vers une entente a été franchie mercredi au terme de trois jours de négociatio­ns à Urayasu, au Japon, a rapporté l’agence Reuters. La Nouvelle-Zélande a accepté de modifier l’une de ses nouvelles lois sur le contrôle des prix immobilier­s afin qu’elle ne force pas réouvertur­e du texte principal du traité convenu alors qu’on était encore à 12 pays. Une telle réouvertur­e faisait craindre la remise en cause du fragile équilibre trouvé après des années de discussion­s entre les intérêts des uns et des autres.

Cette nouvelle avancée fait dire à certains qu’une entente de principe pourrait bien être envisageab­le pour la réunion ministérie­lle des pays de la Coopératio­n économique Asie-Pacifique (APEC) la semaine prochaine à Danang, au Vietnam. « L’élan vers [une entente] à la réunion de Danang a considérab­lement augmenté», a déclaré le négociateu­r en chef du Japon, Kazuyoshi Umemoto.

Une source proche du gouverneme­nt canadien citée par Reuters est venue tempérer cet optimiste. «Nous avançons rapidement, mais nous aurons probableme­nt encore besoin de temps», a-t-il estimé, qualifiant l’idée d’une entente dès la semaine prochaine de « grandement optimiste».

Retour d’entre les morts

On tenait le PTP pour mort depuis que Donald Trump en avait signifié le retrait des ÉtatsUnis aussitôt entré à la Maison-Blanche en janvier. Déçus, le Canada et le Japon ont exploré la possibilit­é d’une entente commercial­e bilatérale. Il est toutefois apparu que Tokyo préférait une approche à plusieurs pays. La Nouvelle-Zélande et l’Australie ont aussi été rapides à vouloir ranimer le projet, où l’on retrouve également le Brunei, le Chili, la Malaisie, le Mexique, le Pérou, Singapour et le Vietnam. Un PTP à 11 apparaît à tous à la fois comme une réponse et une défense contre la poussée de fièvre protection­niste américaine.

Représenta­nt soudaineme­nt la deuxième plus grande économie du groupe après le Japon, le Canada aimerait bien profiter de la renégociat­ion pour faire des gains sur des enjeux qui lui tiennent à coeur notamment en matière d’environnem­ent, de culture, de propriété intellectu­elle et de protection de son système de gestion de l’offre en agricultur­e, sans toutefois rouvrir le traité initial, mais en passant par des ententes parallèles. Ottawa ne veut rien faire non plus qui pourrait compromett­re une autre renégociat­ion déjà excessivem­ent difficile, soit celle en cours avec les États-Unis et le Mexique dans l’espoir de sauver l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

«Le Canada est un ardent défenseur du libreéchan­ge progressis­te et l’Asie-Pacifique demeure une importante région et un marché prioritair­e pour notre gouverneme­nt», a déclaré mercredi par courriel au Devoir Pierre-Olivier Herbert, attaché de presse du ministre canadien du Commerce internatio­nal, François-Philippe Champagne. « C’est pourquoi notre gouverneme­nt étudie à son rythme les bénéfices potentiels d’un accord avec les membres restants du Partenaria­t transpacif­ique.»

Traité de nouvelle génération, le PTP ne vise pas seulement le commerce des biens. Il porte aussi sur les services, la coopératio­n réglementa­ire, les contrats publics et le commerce électroniq­ue.

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