Les négociations pour un Partenariat transpacifique sans les États-Unis avancent à grands pas
Le Canada semble moins pressé que d’autres de conclure une entente
Les onze pays membres du Partenariat transpacifique (PTP) restants se sont rapprochés de la conclusion d’une nouvelle entente de principe sans les États-Unis, mais le Canada pourrait bien ne pas être encore prêt, contrairement à d’autres, à apposer sa signature.
Une étape importante vers une entente a été franchie mercredi au terme de trois jours de négociations à Urayasu, au Japon, a rapporté l’agence Reuters. La Nouvelle-Zélande a accepté de modifier l’une de ses nouvelles lois sur le contrôle des prix immobiliers afin qu’elle ne force pas réouverture du texte principal du traité convenu alors qu’on était encore à 12 pays. Une telle réouverture faisait craindre la remise en cause du fragile équilibre trouvé après des années de discussions entre les intérêts des uns et des autres.
Cette nouvelle avancée fait dire à certains qu’une entente de principe pourrait bien être envisageable pour la réunion ministérielle des pays de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) la semaine prochaine à Danang, au Vietnam. « L’élan vers [une entente] à la réunion de Danang a considérablement augmenté», a déclaré le négociateur en chef du Japon, Kazuyoshi Umemoto.
Une source proche du gouvernement canadien citée par Reuters est venue tempérer cet optimiste. «Nous avançons rapidement, mais nous aurons probablement encore besoin de temps», a-t-il estimé, qualifiant l’idée d’une entente dès la semaine prochaine de « grandement optimiste».
Retour d’entre les morts
On tenait le PTP pour mort depuis que Donald Trump en avait signifié le retrait des ÉtatsUnis aussitôt entré à la Maison-Blanche en janvier. Déçus, le Canada et le Japon ont exploré la possibilité d’une entente commerciale bilatérale. Il est toutefois apparu que Tokyo préférait une approche à plusieurs pays. La Nouvelle-Zélande et l’Australie ont aussi été rapides à vouloir ranimer le projet, où l’on retrouve également le Brunei, le Chili, la Malaisie, le Mexique, le Pérou, Singapour et le Vietnam. Un PTP à 11 apparaît à tous à la fois comme une réponse et une défense contre la poussée de fièvre protectionniste américaine.
Représentant soudainement la deuxième plus grande économie du groupe après le Japon, le Canada aimerait bien profiter de la renégociation pour faire des gains sur des enjeux qui lui tiennent à coeur notamment en matière d’environnement, de culture, de propriété intellectuelle et de protection de son système de gestion de l’offre en agriculture, sans toutefois rouvrir le traité initial, mais en passant par des ententes parallèles. Ottawa ne veut rien faire non plus qui pourrait compromettre une autre renégociation déjà excessivement difficile, soit celle en cours avec les États-Unis et le Mexique dans l’espoir de sauver l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
«Le Canada est un ardent défenseur du libreéchange progressiste et l’Asie-Pacifique demeure une importante région et un marché prioritaire pour notre gouvernement», a déclaré mercredi par courriel au Devoir Pierre-Olivier Herbert, attaché de presse du ministre canadien du Commerce international, François-Philippe Champagne. « C’est pourquoi notre gouvernement étudie à son rythme les bénéfices potentiels d’un accord avec les membres restants du Partenariat transpacifique.»
Traité de nouvelle génération, le PTP ne vise pas seulement le commerce des biens. Il porte aussi sur les services, la coopération réglementaire, les contrats publics et le commerce électronique.