La Réserve fédérale laisse les taux inchangés
L’institution a souligné la solide activité économique du pays, malgré les ouragans
La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu ses taux d’intérêt inchangés mercredi en signalant le rythme solide de l’activité à l’issue d’une réunion un peu occultée par l’attente de la décision de Donald Trump sur le futur dirigeant de la banque centrale.
La Fed a laissé ses taux d’intérêt au jour le jour inchangés, dans la fourchette de 1% à 1,25% qui est la leur depuis juin. Son Comité monétaire signale que l’économie a progressé à un rythme solide malgré les ouragans, mais que l’inflation, hors prix de l’énergie, reste contenue.
Cette décision confirme les attentes des marchés, qui ne misaient pas sur un relèvement des taux mercredi mais guettaient des indications sur un éventuel tour de vis lors de la réunion des 12 et 13 décembre, comme le prévoient les projections médianes de la banque centrale qui datent de septembre.
Sur ce point, la Fed reste circonspecte. Mais elle fait référence à l’accélération de l’activité, signalant le rythme soutenu de la croissance qui a affiché 3% au troisième trimestre. Elle souligne aussi que malgré les effets négatifs des ouragans sur l’économie, le taux de chômage a encore reculé en septembre (4,2%). La Fed est très attentive à l’étroitesse du marché de l’emploi, car cela peut engendrer des hausses de salaire et une résurgence de l’inflation.
Elle se garde d’évoquer les projets de réductions d’impôts massives, notamment aux entreprises, que préparent la Maison-Blanche et le Congrès et qui pourraient constituer un important stimulus même si cela creuse le déficit à long terme.
Dans le même temps, les membres du Comité monétaire, qui sont divisés sur la vitesse d’évolution de l’inflation, continuent d’observer que celle-ci, sans les prix volatils de l’alimentation et de l’énergie qui réagissent aux impacts des ouragans, reste faible. La Fed relève que les prix de l’essence ont augmenté après les ouragans, ce qui a « dopé l’inflation en septembre ». Celle-ci s’est établie à 1,6 % selon l’indice PCE, contre 1,4% en août, mais la banque centrale note expressément que l’évolution des prix reste en dessous de la cible de 2% qu’elle juge optimale pour l’économie.
Les conséquences des ouragans, notamment les efforts de reconstruction, vont continuer «d’avoir un impact sur l’activité économique, l’emploi et l’inflation à court terme, mais les expériences passées suggèrent que les ouragans ne vont matériellement pas peser sur le cours de l’économie nationale à moyen terme».
La Fed ajoute que les consommateurs continuent de dépenser de manière modérée et que l’investissement des entreprises s’est accéléré.
Fin de mandat
Le communiqué ne dit pas un mot sur la fin du mandat de la présidente Janet Yellen, qui s’achève en février. Le président Donald Trump doit annoncer jeudi son choix pour celui ou celle qui dirigera la banque centrale. Le nom de Jerome Powell, un républicain modéré déjà gouverneur de la Fed, semble le favori, selon la presse, mais M. Trump a redit mercredi qu’il trouvait Mme Yellen «excellente». «J’ai quelqu’un de très précis en tête et je pense que tout le monde sera très impressionné», a aussi récemment déclaré le président américain.
Si Mme Yellen, 71 ans, n’est pas reconduite, elle doit encore présider deux réunions monétaires à la Fed, celle des 12 et 13 décembre, assortie d’une conférence de presse, et celle des 30 et 31 janvier.
Vendredi, le gouvernement doit publier les chiffres officiels de l’emploi pour octobre. Ils pourraient faire apparaître un nombre aberrant de créations d’emplois, à plus de 300 000, selon les analystes, du fait d’un rebond technique après les ouragans. L’enquête ADP sur le secteur privé seul a montré une vive reprise des embauches à 235 000 en octobre.
La décision de laisser les taux en l’état a été prise à l’unanimité, un nouveau gouverneur, Randal Quarles, nommé par Donald Trump, ayant pour la première fois participé au vote du Comité dont le nombre de participants est tombé à neuf dans l’attente d’autres nominations et après le départ de Stanley Fischer, qui était vice-président de la banque centrale.