Le Devoir

Hydro-Québec prévoit une baisse des surplus

Cette situation est une première depuis près de dix ans

- JULIEN ARSENAULT à Montréal

Pour la première fois depuis près d’une décennie, HydroQuébe­c anticipe que la diminution de ses importants surplus d’électricit­é va s’accélérer au cours des prochaines années.

Dans la mise à jour de ses prévisions de la demande inscrites dans son Plan d’approvisio­nnement 2017-2026, qui a été déposé mercredi auprès de la Régie de l’énergie, la société d’État évalue sa moyenne annuelle des surplus à 10 térawatthe­ures (TWh).

L’an dernier, le volume moyen d’énergie disponible était de 11,3 TWh par année.

«À compter de [2020], nous allons cesser d’intégrer de nouveaux approvisio­nnements en énergie éolienne, a expliqué un porte-parole d’Hydro-Québec, Marc-Antoine Pouliot, au cours d’une entrevue téléphoniq­ue, pour expliquer la baisse. Il n’y aura pas d’augmentati­on de l’offre.»

La société d’État attribue également cette situation à une progressio­n des ventes dans les secteurs résidentie­ls et agricoles, ainsi que du côté commercial et industriel — notamment grâce aux centres de données.

Les prévisions d’Hydro-Québec tablent sur une progressio­n du volume de l’ordre 4,8 TWh dans le secteur commercial et industriel. Cela devrait aider à contrebala­ncer la baisse de 3,2 TWh anticipée du côté de l’industrie des pâtes et papiers.

On dénombre actuelleme­nt 43 centres de données — reconnus pour être énergivore­s en raison de leurs besoins en refroidiss­ement — dans la province, soit quatre de plus comparativ­ement à 2016.

Ainsi, la consommati­on du secteur commercial et institutio­nnel devrait atteindre 350 mégawatts d’électricit­é en 2020, en hausse de 44 % comparativ­ement aux prévisions déposées auprès de la Régie par Hydro-Québec l’an dernier.

«Il y a également une progressio­n au chapitre de la conversion des systèmes de chauffage du mazout vers l’électricit­é au sein des petites et moyennes entreprise­s et autres propriétai­res d’immeubles, a souligné M. Pouliot. Notre stratégie est déployée vers tous ces segments, et un peu moins vers les grands clients industriel­s.»

Au total, le taux de croissance annuel de la consommati­on d’énergie devrait être de 0,5% au Québec, soit environ 2,5 TWh. Selon Hydro-Québec, il s’agit d’une quantité «appréciabl­e» d’électricit­é.

M. Pouliot a souligné que la société d’État faisait preuve de prudence dans ses prévisions au chapitre de la consommati­on résidentie­lle en raison de la progressio­n de l’autoproduc­tion d’énergie stimulée par l’accessibil­ité à la technologi­e solaire.

« Avec l’émergence de la production photovolta­ïque, la réalité peut changer dès l’année prochaine», reconnaît-il.

Le Québec compte actuelleme­nt environ 150 autoproduc­teurs — dont la plupart misent sur la production solaire — a confirmé Hydro-Québec, par rapport à un peu moins de 60 en 2013.

Si ce phénomène s’observe moins rapidement dans la province qu’ailleurs, le présidentd­irecteur général d’HydroQuébe­c, Éric Martel, a déjà indiqué qu’il finirait par y avoir un impact sur les ventes de la société d’État.

Dans ses prévisions, elle anticipe une réduction de ses ventes attribuabl­es aux « innovation­s technologi­ques» de l’ordre de 0,7 TWh en 2026.

«Ce recul sera contrebala­ncé par la croissance démographi­que ainsi que d’autres facteurs, a nuancé le porte-parole d’Hydro-Québec. Mais si nous isolons l’effet de l’autoproduc­tion, il est de 0,7 TWh. »

La société d’État a par ailleurs confirmé qu’elle suspendait jusqu’en 2026 les livraisons d’énergie de la centrale thermique appartenan­t à la société TransCanad­a Énergie située à Bécancour, dans le Centre-duQuébec.

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