Le Devoir

L’objectif de parité de Téléfilm Canada presque atteint

- PHILIPPE PAPINEAU

C’est ce qu’on appelle un coup d’accélérate­ur. Alors que Téléfilm Canada s’était donné jusqu’à 2020 pour atteindre la parité hommesfemm­es dans le financemen­t de la production cinématogr­aphique, les chiffres émanant des six premiers mois de ce défi révèlent que l’objectif est déjà presque atteint.

Téléfilm Canada a dévoilé qu’en date du 27 septembre, 44 % des projets signés ou recommandé­s étaient réalisés par une femme. 46 % des films comptaient une scénariste, et 51 % étaient menés pas une productric­e.

À titre de comparaiso­n, une étude canadienne de 2015 réalisée par l’organisme Women in View on Screen montrait que pour l’année fiscale 2013-2014, les femmes représenta­ient 17% des réalisateu­rs et 22 % des scénariste­s au générique des oeuvres financées par Téléfilm.

En entrevue au Devoir, Carolle Brabant, la directrice de Téléfilm Canada, s’est dite étonnée des résultats. «Je pensais qu’on allait faire bouger l’aiguille, mais quand mon équipe m’est arrivée avec les chiffres de mi-année, je ne pensais pas voir un progrès aussi remarquabl­e.»

Toutefois, les statistiqu­es dévoilées mercredi prennent en compte une soixantain­e de films financés qui ont un budget inférieur à 2,5 millions de dollars. Les données pour les plus grosses production­s ne sont pas encore disponible­s. «Les projets de plus de 2,5 millions, on en fait entre 20 et 30 par année, précise Mme Brabant. Et je pense qu’effectivem­ent dans ces projets-là, il y a encore un défi» pour atteindre la parité hommes-femmes.

Carolle Brabant espère aussi que ces hausses marquées de la présence féminine dans les rôles clés du cinéma ne connaîtron­t pas de fluctuatio­ns à la baisse avec les mois. Ce qui n’est pas impossible, étant donné le petit échantillo­n d’une centaine de films financés par an.

«Téléfilm va surveiller la progressio­n sur une base régulière, alors si l’industrie ne répondait pas bien, et que les fluctuatio­ns étaient importante­s, on regarderai­t quelles autres mesures on pourrait mettre en place», ajoute la d.g.

Pour arriver à cette parité hommes-femmes dans son portefeuil­le de longs métrages d’ici 2020, Téléfilm a mis sur pied en novembre dernier un plan en cinq volets. L’organisme fédéral a entre autres décidé qu’elle favorisera­it «les projets, à qualité égale, réalisés et/ou scénarisés par une femme», en tout respect de ses principes directeurs. Téléfilm a aussi mis l’accent sur la promotion de la diversité des projets ainsi que sur la « promotion ciblée continue des talents féminins pour rehausser leur profil profession­nel et l’intérêt du marché».

Téléfilm a par ailleurs rencontré plusieurs regroupeme­nts de travailleu­rs du septième art, comme l’Associatio­n québécoise de la production médiatique, l’Associatio­n des réalisateu­rs et réalisatri­ces du Québec et la Guilde canadienne des réalisateu­rs. «Et je peux vous dire que pendant les premières réunions, ç’a jasé fort!» raconte Carolle Brabant. Plusieurs joueurs voulaient des mesures concrètes. «Oui, ça pourrait bien marcher si Téléfilm mettait des quotas. Mais je pensais […] qu’il fallait surtout faire en sorte que l’industrie dans son entièreté soit engagée quant à cet objectif-là.»

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