Le Devoir

Une ligne de dénonciati­on pour les ouvrières de la constructi­on

- AMÉLI PINEDA

Après avoir reçu quelques dizaines de plaintes concernant des inconduite­s sexuelles sur des chantiers, la Commission de la constructi­on du Québec (CCQ) a lancé vendredi une ligne de dénonciati­on.

«Je crois que, dans le contexte actuel, c’était sage de prendre cette décision. De ne pas attendre d’avoir 22 articles dans les journaux pour commencer à s’organiser, mais plutôt de prendre les devants», explique Diane Lemieux, présidente-directrice générale de la CCQ.

Le mouvement #MoiAussi a encouragé plusieurs travailleu­ses de la constructi­on à briser le silence sur le comporteme­nt déplacé de certains collègues, mentionne Mme Lemieux.

«L’industrie de la constructi­on est sur la même planète que le reste du Québec. Sur les chantiers, il y a des jokes plates qui finissent par taper sur les nerfs et qui contaminen­t le quotidien de femmes […] Il y a quelques années, on avait identifié des facteurs qui expliquent pourquoi les femmes quittent plus rapidement leur métier que les hommes et une des raisons évoquées était souvent le climat de travail », souligne-t-elle.

Actuelleme­nt, sur les 153 700 travailleu­rs de la constructi­on, on compte environ 2500 femmes.

«Cette ligne est un premier pas, qui sera suivi par d’autres. Par exemple, l’industrie de la constructi­on s’est donné l’objectif d’atteindre une proportion de 3% de femmes sur les chantiers de constructi­on en 2018. Le climat de travail ne doit pas être un frein pour les femmes qui voudraient poursuivre une carrière dans la constructi­on », dit Mme Lemieux.

Pour mettre en place cette ligne, baptisée «Ligne relais-constructi­on», les associatio­ns d’employeurs et les associatio­ns syndicales ont uni leurs forces pour s’assurer de diriger les plaignante­s vers les bonnes ressources.

Mme Lemieux rappelle que cette ligne spéciale ne se substitue aucunement au travail des forces de l’ordre.

«Nous encourageo­ns fortement toutes les victimes à porter plainte à la police. Les coupables doivent être punis, et les services de police possèdent toute l’expertise pour mener les enquêtes et protéger les victimes […] nous recommande­rons à toutes les personnes qui signaleron­t des incidents qui s’apparenten­t à des actes criminels à les dénoncer », ajoute la présidente.

La ligne de dénonciati­on (1 844 374-4149) est une mesure temporaire. «On va la garder le temps qu’elle sera nécessaire », assure Mme Lemieux.

 ?? ISTOCK ?? Le mouvement #MoiAussi a encouragé plusieurs travailleu­ses à briser le silence sur le comporteme­nt déplacé de certains collègues, selon la présidente-directrice générale de la CCQ.
ISTOCK Le mouvement #MoiAussi a encouragé plusieurs travailleu­ses à briser le silence sur le comporteme­nt déplacé de certains collègues, selon la présidente-directrice générale de la CCQ.

Newspapers in French

Newspapers from Canada