Le Devoir

Une peine de 12 ans réclamée pour Bertrand Charest

Des victimes parlent des séquelles laissées par les agressions sexuelles commises par l’ex-entraîneur de ski alpin

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Saint-Jérôme — La Couronne réclame douze ans de pénitencie­r pour l’ex-entraîneur de ski Bertrand Charest, déclaré coupable d’avoir agressé sexuelleme­nt neuf skieuses d’élite qui étaient sous son autorité alors qu’elles étaient adolescent­es.

La procureure Caroline Lafleur a fait valoir, mardi, à l’issue de ses observatio­ns sur la peine au palais de justice de Saint-Jérôme, le bienfondé d’une peine dissuasive dans un pareil cas.

«Les conséquenc­es sur les victimes sont nombreuses, autant les conséquenc­es que les victimes. C’est un dossier dans lequel il y a beaucoup de victimes», a rappelé Me Lafleur.

Cette recommanda­tion venait après la présentati­on d’un rapport présentenc­iel faisant état d’une absence de remords et d’empathie à l’endroit des victimes.

Le rapport fait également état de propos dénigrants tenus par Bertrand Charest à l’endroit des victimes et du fait qu’il semblait se considérer lui-même une victime.

«C’est un individu qui semble être à la même place qu’il était au moment des infraction­s»,a fait valoir Me Lafleur, ce qui constitue, selon elle, «un facteur aggravant».

L’avocat de Charest, Me Antonio Cabral, a dit trouver cette recommanda­tion «un peu élevée», tout en reconnaiss­ant qu’«il y a de la jurisprude­nce qui va dans le sens de leur position ».

Me Cabral s’est cependant dit d’avis qu’«il y a également de la jurisprude­nce qui va dans le sens de sentences plus clémentes» compte tenu des « facteurs qui sont à prendre en considérat­ion ».

Me Cabral présentera ses propres arguments mardi prochain.

«Véritable prédateur»

Préalablem­ent, plusieurs victimes de Bertrand Charest avaient livré des témoignage­s chargés d’émotions.

Une de ces victimes a notamment raconté au juge que l’accusé « lui a volé son enfance et a agi en véritable prédateur». Le juge Sylvain Lépine, de la Cour du Québec, avait utilisé exactement la même expression lorsqu’il avait reconnu Bertrand Charest coupable de 37 chefs d’accusation d’agression sexuelle et d’abus de confiance le 22 juin dernier.

En larmes, une autre victime a souligné au tribunal qu’elle doit vivre avec «un sentiment de honte, de culpabilit­é et de dégoût» à la suite des nombreuses agressions sexuelles subies.

Trois des victimes sont venues en personne présenter leur témoignage au tribunal, une quatrième l’a fait à distance par visioconfé­rence. D’autres victimes avaient fait parvenir leur lettre à la Couronne, qui les a lues devant la Cour.

Bertrand Charest, aujourd’hui âgé de 52 ans, est détenu depuis son arrestatio­n il y a près de trois ans. Il est passible d’une peine maximale de 14 ans de prison.

Charest faisait initialeme­nt face à 57 accusation­s impliquant 12 victimes. Le juge Lépine l’avait acquitté de 18 autres accusation­s en raison d’une preuve insuffisan­te, de sorte qu’il restait 9 victimes. Deux autres accusation­s ont été jugées hors juridictio­n parce qu’elles faisaient référence à des événements sur venus à l’étranger.

Les infraction­s ont été commises dans les années 1990 alors que les victimes étaient âgées de 12 à 19 ans.

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Bertrand Charest

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