Le Devoir

Une menace mondiale qui requiert une réponse mondiale, dit Trump

- JÉRÔME CARTILLIER à Séoul

Pyongyang constitue une menace mondiale qui requiert une réponse mondiale, a déclaré mardi Donald Trump à Séoul, tout en faisant état de «beaucoup de progrès» dans les efforts pour régler le dossier nucléaire nord-coréen.

Au côté de son homologue sud-coréen Moon Jae-in, le président américain a réaffirmé lors d’une conférence de presse qu’il était prêt à utiliser la pleine puissance de l’armée américaine pour empêcher la Corée du Nord d’atteindre ses objectifs nucléaires et balistique­s.

Mais il s’est aussi montré conciliant : «Il fait sens que la Corée du Nord vienne à la table pour obtenir un accord qui soit bon pour les Nord-Coréens et le monde. »

Pyongyang représente « une menace mondiale qui appelle une action mondiale», a-t-il réaffirmé.

«Je pense que nous faisons beaucoup de progrès», a-t-il poursuivi sans donner de précisions, mais en affirmant que son homologue chinois Xi Jinping — qu’il ira rencontrer mercredi dans son pays — avait «été vraiment très, très utile».

«Nous allons avoir une journée intéressan­te demain», a-t-il déclaré à ce sujet lors d’un dîner mardi.

Des armes

Il a aussi annoncé mardi que Séoul allait acheter des armements américains pour « des milliards de dollars».

«Que ce soit des avions ou des missiles, peu importe de quoi il s’agit, a-t-il déclaré. La Corée du Sud va commander pour des milliards de dollars de ces équipement­s. »

M. Moon a confirmé des achats, ajoutant que Séoul avait donné son accord pour entamer des pourparler­s pour acheter des équipement­s américains stratégiqu­es.

Selon la presse sud-coréenne, des négociatio­ns ont aussi été engagées sur l’achat de sous-marins nucléaires. M. Trump a par ailleurs indiqué que les États-Unis avaient donné leur accord pour supprimer une limite de poids des ogives sur les missiles balistique­s de la Corée du Sud, alors que la situation n’a cessé de se dégrader sur la péninsule divisée.

En cause, l’intensific­ation des programmes militaires de Pyongyang, qui a réalisé en septembre son sixième essai nucléaire — le plus puissant à ce jour — et testé plusieurs missiles potentiell­ement susceptibl­es d’atteindre le territoire américain.

Mais les tensions ont aussi été alimentées par la surenchère verbale et les échanges d’insultes entre M. Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

Certains experts s’inquiétaie­nt des déclaratio­ns intempesti­ves du bouillant président américain, non seulement vis-àvis de Pyongyang, mais aussi vis-à-vis de M. Moon, dont il avait critiqué en septembre la politique d’«apaisement» vouée à l’échec.

Il a cette fois qualifié son homologue sud-coréen de « gentleman » dans un tweet et a vanté le « partenaria­t » entre les deux pays.

« Au final, on trouvera une solution » au problème nordcoréen, avait promis, en début d’après-midi, le président américain à Camp Humphreys, quartier général des 28 500 militaires américains stationnés en Corée du Sud, à 90km au sud de Séoul.

Moon attend qu’on le consulte

De son côté, M. Moon — dont les parents avaient été évacués du Nord pendant la guerre de Corée (1950-1953) par un navire américain — a salué la relation historique avec Washington.

«Les États-Unis sont un vrai ami. Ils ont été avec nous et ont versé leur sang à nos côtés quand nous étions dans le besoin », a déclaré le président sud-coréen.

Lundi, M. Trump avait pu s’assurer du soutien total du Japon, qui défend l’idée que «toutes les options sont sur la table » vis-à-vis de Pyongyang.

« L’heure de la patience stratégiqu­e est révolue», avait-il réaffirmé en référence à la doctrine de son prédécesse­ur démocrate, Barack Obama.

Mais, alors que la capitale sud-coréenne est inquiète d’être à portée de l’artillerie nord-coréenne, M. Moon demande à Washington qu’aucune interventi­on militaire contre Pyongyang ne se fasse sans son consenteme­nt préalable.

La Corée du Sud n’en a pas moins déroulé le tapis rouge pour M. Trump. L’enjeu, pour Séoul, est d’obtenir des assurances sur la solidité de l’alliance bilatérale, en dépit de la personnali­té d’un président américain qui avait promis «le feu et la colère» à Pyongyang.

Le commerce était aussi à l’ordre du jour de la visite, lors de laquelle M. Trump a dit souhaiter un traité bilatéral «libre, juste et réciproque» en remplaceme­nt de l’accord de libreéchan­ge qu’il avait menacé d’abandonner, le jugeant «horrible » et « tueur d’emplois ».

Visite annulée

Le président Trump a annulé mercredi au dernier moment une visite surprise sur la zone démilitari­sée (DMZ) séparant les deux Corées en raison du mauvais temps.

Avant le début de cette vaste tournée asiatique, la MaisonBlan­che avait indiqué que M. Trump ne se rendrait pas dans cette zone chargée en symboles par manque de temps.

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JUNG YEON-JE AGENCE FRANCE-PRESSE Le président Trump et son homologue sud-coréen, Moon Jae-in. M. Moon a qualifié les États-Unis de «vrai ami» mardi.

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