Le Devoir

La nouvelle vie vertigineu­se de Sandor

- PHILIPPE PAPINEAU

Dans la programmat­ion du Coup de coeur francophon­e, le nom de Sandor apparaît à deux reprises et pourtant, elle est à ce jour inconnue au bataillon en sol québécois. Mais il faut tourner les yeux vers la francophon­ie européenne pour voir la force du vent qui porte la musicienne jusqu’à nous.

Deux ans à peine après la naissance de son projet de chansons sombres à la fois pop et synthétiqu­e — en français dans le texte —, Sandor a déjà foulé les planches de grands festivals européens. On note les Transmusic­ales de Rennes, Le Printemps de Bourges, Les nuits botaniques, le Paléo Festival.

« Ça va très, très vite, rigole-t-elle au bout du fil. Mais pas trop vite parce que moi je suis pressée, mais c’est vertigineu­x, c’est impression­nant», raconte-t-elle.

La musique a toujours fait partie de la vie de Sandor, de son vrai nom Virginie Florey. Ses parents étaient musiciens et mélomanes, et elle a toujours joué sur le piano familial. Mais celle qui a aujourd’hui 36 ans mène en Suisse une vie toute normale d’enseignant­e auprès des tout-petits. Ce n’est donc que tout récemment qu’elle a senti que le fruit était mûr et qu’elle s’est en quelque sorte permis de créer sa propre musique.

« Et il y a ma vie intérieure qui ne collait pas du tout avec cette vie de tous les jours. J’avais besoin que ça sorte, et du coup c’est sorti en musique, sous le nom de Sandor. C’est un personnage, mais c’est qui je suis à l’intérieur en fait. »

Un genre de pseudo

Sandor ? Le pseudonyme sonnait bien à ses oreilles, mais il représenta­it surtout «un personnage particulie­r» pour elle, soit Sandor Vay, une comtesse qui a vécu à la fin du XIXe siècle en Hongrie et qui a été élevée comme un garçon.

«Et c’est une thématique qui me touche beaucoup, ce qui tourne autour du genre, et je me suis beaucoup reconnue dans elle. »

Ce mélange des genres — d’un point de vue identitair­e, s’entend — transparaî­t dans les mots, dans le choix du narrateur par exemple. «C’est selon ce que j’ai pu vivre. Des fois, c’est une expérience personnell­e qui m’arrive, qui me touche, mais au lieu de la raconter de mon point de vue de femme, je la raconte du point de vue de l’autre, qui peut parfois être un homme.»

Pour l’heure, un EP de quatre chansons a reçu un très bon accueil. Sandor y développe un son cyclique, électroniq­ue, mais plutôt noir. On peut penser à La Femme, à Christine and The Queens, ou à la Québécoise Foxtrott pour les choix de textures.

«Je n’ai pas voulu personnell­ement me définir, mais j’entends souvent électro-pop, et pour moi ç’a une connotatio­n un peu joyeuse, qui ne correspond pas trop à ma musique. Sinon, on dit souvent synth wave, c’est plus proche, car c’est quand même assez dark, mais en mon for intérieur, c’est aussi de la chanson, en fait, parce que le texte est très important.»

Sandor touche beaucoup un public jeune et numérique, versé dans l’écoute en ligne et le télécharge­ment à la pièce. Mais elle tient à faire un album complet, qui devrait paraître l’an prochain. Question pour elle de «concrétise­r tout le parcours et avoir quelque chose qui reste».

C’est peut-être que toute son aventure, elle la mène pour de fort bonnes raisons. «Je ne fais pas de la musique pour gagner de l’argent, ou gagner ma vie, c’est pour mon plaisir personnel, et ça, je l’ai, ça me suffit largement.»

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Virginie Florey

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