Le Devoir

La Californie se tourne vers l’Europe

Le partenaire du Québec et de l’Ontario va travailler avec l’Union européenne, dont le marché est le plus grand au monde

- FRANÇOIS DESJARDINS

Après s’être unie au Québec et à l’Ontario, la Californie va passer les prochains mois à explorer avec l’Europe les façons d’établir un marché du carbone transatlan­tique.

Le gouverneur de l’État a profité de la conférence climatique COP23, qui se déroule à Bonn jusqu’à la semaine prochaine, pour annoncer ce nouveau chantier tout en incitant l’Europe, plus grand marché du carbone au monde, à consacrer plus d’efforts à la décarbonis­ation de l’économie.

«Nous sommes déjà liés au Québec, nous le serons bientôt à l’Ontario. D’autres États songent à se joindre à nous», a indiqué mardi le gouverneur californie­n, Jerry Brown, au deuxième jour de la conférence. « Cela constituer­ait un investisse­ment concret dont pourrait faire partie la Californie, d’autres États et d’autres provinces. »

Le marché du carbone mis sur pied par l’Union européenne compte 31 pays participan­ts et couvre environ 45% des émissions de gaz à effet de serre (GES). Selon les autorités européenne­s, il compte pour plus des trois quarts des échanges de droits d’émission dans le monde.

Celui du Québec, créé en 2013, couvre environ 85% des émissions de GES de la province et devrait rapporter 3,3 milliards sur sept ans. Cet argent est versé au Fonds vert. Depuis 2014, il est uni à celui de la Californie, avec laquelle il organise des enchères conjointes sur les droits d’émission. Compte tenu de l’arrivée récente de l’Ontario, ce marché tripartite sera le deuxième en importance au monde.

Un système de plafonneme­nt et d’échange de droits d’émission (SPEDE) décerne un certain nombre d’unités aux émetteurs, mais ceux-ci sont assujettis à un plafond qui diminue de façon graduelle au fil des ans. Ceux qui dépassent le plafond autorisé doivent se procurer des droits supplément­aires, alors que les autres peuvent revendre les leurs.

Les SPEDE sont au coeur de la stratégie des États visant à réduire la pollution. Le gouverneme­nt Trudeau, dont l’objectif est de diminuer les émissions canadienne­s de 30% d’ici 2030 par rapport à 2005, a récemment avisé toutes les provinces qu’elles devaient avoir en place une stratégie de tarificati­on du carbone d’ici 2018, qu’il s’agisse d’un SPEDE ou d’une taxe sur le carbone.

Main tendue à la Chine

La Californie n’en est pas à ses premières extra frontalièr­es en matière de lutte contre les changement­s climatique­s, d’autant plus que le gouverneme­nt Trump fait bande à part depuis son élection. Par exemple, la Californie est entrée en contact avec la Chine plus tôt cette année pour mettre en commun leurs efforts dans le fonctionne­ment des marchés du carbone. Une attachée de presse de l’ex-ministre de l’Environnem­ent, David Heurtel, avait alors indiqué au Devoir en juillet que «nous sommes toujours à la recherche de nouveaux partenaire­s pour notre marché du carbone». Il a été impossible d’obtenir des commentair­es mercredi.

«L’Union européenne doit en faire plus, a dit M. Brown mardi. La Californie doit en faire plus. Le monde doit en faire plus.» Le commissair­e européen au climat, Miguel Arias Cañete, a dit que la Californie et l’Union européenne sont des «partenaire­s naturels».

Selon la Banque mondiale, une quarantain­e de pays et une vingtaine de gouverneme­nts régionaux ont jusqu’ici adopté des systèmes de tarificati­on du carbone.

Dans la mesure où une part substantie­lle des émissions est attribuabl­e au transport automobile, l’Union européenne a indiqué mercredi qu’elle souhaite une réduction de 15% des émissions de CO2 d’ici 2025, par rapport au niveau de 2021. D’ici 2030, l’UE vise une diminution de 30 %.

 ??  ??
 ?? MARK RALSTON AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Une femme à la plage Playa Del Rey, à Los Angeles, en Californie. La Californie n’en est pas à ses premières exploratio­ns extrafront­alières en matière de lutte contre les changement­s climatique­s.
MARK RALSTON AGENCE FRANCE-PRESSE Une femme à la plage Playa Del Rey, à Los Angeles, en Californie. La Californie n’en est pas à ses premières exploratio­ns extrafront­alières en matière de lutte contre les changement­s climatique­s.

Newspapers in French

Newspapers from Canada