Le Devoir

Déjà un an !

- GÉRARD BÉRUBÉ

Il y a si peu de Donald Trump dans ce bilan économique de l’an un du gouverneme­nt républicai­n. S’il est attendu que l’empreinte économique du président se mesurera davantage l’an prochain, l’on soupçonne déjà le signe à accoler à cette contributi­on. Protection­nisme et stimulatio­n fiscale débridée sont généraleme­nt source de distorsion ou de perturbati­ons.

Déjà un an s’est écoulé depuis l’élection présidenti­elle du 8 novembre 2016. À l’heure d’un premier bilan économique, force est de constater que l’effet Trump s’est rapidement dissipé. Et qu’il y a peu ou prou de contributi­on du président atypique à la performanc­e d’une économie fonctionna­nt à son plein potentiel et au plein-emploi.

D’abord en Bourse. Wall Street carburait à l’effet Trump dans les premiers mois de la présidenti­elle républicai­ne. Le président américain s’attribuait ce long ralliement à son arrivée au pouvoir, chaque poussée des cours étant récupérée en tweet et mise à son crédit. Il n’a pas tort, en apparence. L’indice de référence S & P 500 s’inscrit en hausse de quelque 20 % depuis son élection. Robert Kavcic, économiste senior chez BMO Marchés des capitaux, est cependant venu replacer les choses dans leurs perspectiv­es. Lorsque l’on compare la performanc­e boursière après une première année électorale, celle de Donald Trump a été surpassée à cinq reprises depuis la Deuxième Guerre mondiale. Sous Bill Clinton, la poussée avait été de 31 %.

Cette progressio­n boursière s’appuie essentiell­ement sur l’augmentati­on de la rentabilit­é des entreprise­s et sur la faiblesse persistant­e du loyer de l’argent. Elle s’autoalimen­te à même ce choix des entreprise­s de rediriger leurs liquidités en excès vers des investisse­ments peu productifs comme les fusions-acquisitio­ns ou de prioriser l’actionnair­e par une hausse du dividende et le rachat d’actions.

Puis la croissance économique. Le PIB des États-Unis progresse au rythme annuel de 3%, une cible du locataire de la Maison-Blanche. Pour sa part, le taux de chômage est revenu à près de 4%, à son plus bas depuis décembre 2000. Or le retour à une bonne santé conjonctur­elle se vérifie un peu partout sur la planète. Quant à la longévité de la présente phase de croissance, elle reflète plutôt la lenteur de la reprise au sortir de la crise et de la récession qui a suivi, soit le rythme de récupérati­on le plus lent depuis la Seconde Guerre mondiale, disent les économiste­s.

Plein-emploi

Il est vrai que l’économie américaine s’est située cette année au premier rang dans les intentions d’investisse­ments des grands gestionnai­res de portefeuil­le mondiaux. Une attractivi­té principale­ment due à la hausse des taux d’intérêt ainsi qu’à la confiance des marchés dans le régime fiscal favorable aux entreprise­s promis par Donald Trump, avait mesuré la firme d’investisse­ments Invesco, qui s’est empressée d’ajouter: « Cependant, les incertitud­es quant à la capacité de Trump de mener à bien ses réformes promises continuent de miner la confiance à long terme, et les perspectiv­es positives quant aux investisse­ments d’infrastruc­ture potentiels aux États-Unis souffrent des craintes qu’un protection­nisme croissant dans le pays limite l’accès aux investisse­urs souverains étrangers.»

Au demeurant, cette fameuse réforme fiscale se heurte à la réalité d’une économie évoluant déjà à son plein potentiel et à son plein-emploi. L’économiste Hendrix Vachon, du Mouvement Desjardins, l’a déjà bien circonscri­t. Si elles sont appliquées, les promesses électorale­s de Donald Trump risquent de passer de procroissa­nce à prorécessi­on et de déclencher la prochaine contractio­n économique mondiale.

La méfiance est palpable même dans le camp républicai­n, plutôt réfractair­e aux dérapages budgétaire­s et à l’accroissem­ent de la dette. L’ensemble du programme de Trump stimulerai­t la valeur du dollar américain et l’inflation. La réforme viendrait exacerber une problémati­que de dette, publique et privée aux États-Unis, dans un environnem­ent de hausse des taux d’intérêt amplifiée par les pressions inflationn­istes.

Le tout dans un contexte de repli sur soi malsain pour le solde commercial du pays, avec un Donald Trump s’empressant de jeter le Partenaria­t transpacif­ique aux poubelles et de tenir un discours empruntant à la guerre commercial­e.

L’effet Trump s’est rapidement dissipé

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